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2601. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Ils parlent dans ce cœur ; bien mieux ils chantent, et les autres êtres font de même ; chacun avec sa mélodie distincte, courte ou longue, étrange ou simple, seule appropriée à sa nature, capable de la manifester tout entière, comme un son, par son timbre, sa hauteur et sa force, manifeste la structure intérieure du corps qui l’a produit. […] Deux ou trois fois de suite on voit ici le bonheur et quand je dis le bonheur, c’est bien le bonheur profond et entier, non pas la simple volupté, non pas la gaieté grivoise ; nous sommes à cent lieues ici des jolies polissonneries de Dorat et des appétits débridés de Rochester. […] Quoi d’étonnant si la vertu ou la raison humaine, comme la forme vivante ou comme la matière organique, parfois défaille ou se décompose, puisque comme elles, et comme tout être supérieur et complexe, elle a pour soutiens et pour maîtresses des forces inférieures et simples qui, suivant les circonstances, tantôt la maintiennent par leur harmonie, tantôt la défont par leur désaccord ?

2602. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Gandara tout en étant simple, naturel, est un monsieur distingué, qu’on sent en rapport avec les gens du vrai monde. […] Dans ces bustes, de l’exécution toute franche, toute simple, sans partie fruste, sans cangue, pour faire ressortir les parties finies. […] Il entre, disant dans un emportement colère, que la communion chrétienne est une idolâtrie de sauvage, que la manducation et la digestion du Bon Dieu, c’est d’une matérialité dégoûtante, que les Persans avaient une communion autrement spiritualiste, une communion sous la forme de l’essence d’asclepia, une fleur blanche aux corolles roses ; et que lui ne comprend la communion qu’au moyen d’une rose : un baiser, une simple osculation avec cette fleur, dont le rose, dit-il, représente l’amour, et le blanc, l’innocence.

2603. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Cet objet lui-même a beau être abstrait, obscur, déplaisant, contraire à la poésie ; le style répand sur lui sa lumière ; de nobles images, empruntées aux spectacles simples et grands de la nature, viennent l’illuminer et le décorer. […] Il ne l’eût point admirée dans la simple robe grecque ; il ne consentait à la voir qu’avec de la poudre et des rubans.

2604. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

La diplomatie de chaque nation est l’expression de son caractère : Égoïste, superbe, religieuse, humanitaire et philosophique, en Angleterre ; Héroïque, généreuse et versatile, en France ; Immorale, cauteleuse et improbe, en Prusse ; Modeste, honnête et intéressée, en Hollande ; Ombrageuse et amphibie, en Belgique ; Persévérante, longanime, sans scrupule, mais non sans honnêteté, en Autriche ; Vaine, chevaleresque et loyale, en Espagne ; Grecque, habile, à petits manèges et à grandes vues, en Russie ; Consommée, universelle, sachant toutes les langues des cabinets, à Rome, Rome, la grande école de la diplomatie moderne, puissance qui ne vit que de politique sur la terre, d’empire sur les consciences, de ménagements avec les cours, de résistance derrière ce qui résiste, d’abandon de ce qui tombe, d’acquiescement aux faits accomplis ; Dépendante et adulatrice, dans les petites cours d’Allemagne et d’Italie, clientes de la force et de la victoire ; Hardie, inquiète, insatiable, en Piémont ; prompte à tout recevoir, quelle que soit la main qui donne ; prête à tout prendre, quelle que soit la main qui laisse envahir ; Alpestre, rude, pastorale, probe, mais intéressée, en Suisse ; non dépourvue d’une sorte d’habileté villageoise, se faisant appuyer par tout le monde, mais n’appuyant elle-même personne contre la fortune ; Enfin, simple et franche en Turquie, jouissance arriérée dans la voie de la corruption des cabinets européens ; puissance de bonne foi, dont la candeur est à la fois la vertu et la faiblesse ; puissance naïve qui n’a jamais eu de diplomatie que la ligne droite ; puissance qui a toujours cru à toutes les paroles, et qui n’a jamais manqué à la sienne ; puissance, enfin, destinée à être la grande et éternelle dupe de tous les cabinets, dupeurs de son ignorance et de sa loyauté. […] Ceux-là étaient sortis, en simple habit noir, de leur retraite, non pour être remarqués, mais pour se rendre à eux-mêmes le témoignage de la fidélité de leur mémoire et de leur reconnaissance au-delà du tombeau.

2605. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIIIe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (1re partie) » pp. 5-96

Si ces désirs sont désordonnés, les hommes auront recours au crime pour guérir le mal qui les tourmente ; et j’ajoute même qu’ils s’y livreront non-seulement par cette raison, mais aussi par le simple motif, si leurs caprices les y portent, de n’être point troublés dans leurs jouissances. […] Ce n’est point ainsi, du reste, qu’on l’a jusqu’à présent employé : on n’a point considéré le moins du monde dans l’ostracisme l’intérêt véritable de la république, et l’on en a fait une simple affaire de faction.

2606. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je ne puis peindre, quoique je les sente encore, les ravissements que me fit éprouver ce simple et grand conteur d’aventures extraordinaires. […] Il était aisé de rendre difficile l’exécution d’une mesure si simple et si nécessaire.

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