/ 2845
719. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

L’étendue des cieux, la profondeur des forêts, l’immensité des mers, la richesse et la variété des campagnes, cette multitude innombrable d’êtres en mouvement, destinés à servir d’ornement au globe qu’il habite, tout ce vaste assemblage dut porter à son esprit une impression de grandeur. […] Ô Dieu qui verses tous les dons, Dieu à qui les orages et la foudre obéissent, écarte de l’homme cette erreur insensée ; daigne éclairer son âme ; attire-la jusqu’à cette raison éternelle qui te sert de guide et d’appui dans le gouvernement du monde, afin qu’honorés nous-mêmes, nous puissions t’honorer à ton tour, célébrant tes ouvrages par une hymne non interrompue, comme il convient à l’être faible et mortel ; car, ni l’habitant de la terre, ni l’habitant des cieux n’a rien de plus grand que de célébrer dans la justice, la raison sublime qui préside à la nature. » Il est difficile sans doute de parler de Dieu avec plus de grandeur.

720. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Voltaire vainement nous répète vingt fois Que, sur ses douze chants, on peut en lire trois ; Que le reste est absurde et plein d’extravagances, Grossier, bizarre, obscur, chargé d’invraisemblances ; C’est par là qu’il nous plaît \ l’ombre sert aux tableaux ; Verrait-on ses beautés, s’il n’avait des défauts ? […] Que me sert d’enrichir l’éditeur de mes œuvres, Si j’ai toute ma vie avalé des couleuvres ?

721. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Elles sont utiles ; c’est pour cela qu’elles ont beaucoup servi. Elles serviront encore. […] Seulement, le génie fut mal servi et l’activité mal secondée. […] Le critique est un homme de goût et de savoir à qui son savoir sert à avoir du goût. […] Que j’aie de l’esprit, c’est pour m’en servir, et j’aurai soin que les hommes s’en souviennent.

722. (1923) Paul Valéry

Le prétendu mystère de la Joconde vient de toute autre chose que du mystère, « Ce n’est pas d’imprécises observations et de signes arbitraires que se servait Léonard. […] On ne peut pas se servir de leur ensemble, comme on se sert de l’ensemble des nombres, mais de leurs parties seulement. […] Il y schématisait un Moltke par les mêmes lignes dont il se sert, et dont s’était servi Mallarmé, pour esquisser la figure du Poète. […] En droit, et si l’écrou était complètement enlevé, (on reconnaîtra des images que j’emprunte à Matière et Mémoire) n’importe quoi deviendrait l’image de n’importe quoi, tout pourrait servir d’image à tout. […] Mais il faut tenir compte aussi d’une critique beaucoup plus égoïste, d’une critique qui se soucie peu de servir aux écrivains, mais beaucoup de se servir d’eux.

723. (1898) Essai sur Goethe

D’abord, il éprouvait un plaisir de soudard à s’en servir. […] Il est vrai qu’il ne s’en servit pas. […] Ose le servir. […] Le Franc ne saurait nous servir de modèle, et nul esprit de vie ne parle dans son art. […] Il a donc une volonté, dont il se servira au besoin pour appuyer ses caprices : « Quelle chose au monde pouvait résister à ses désirs ? 

724. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Miserey examina les chaînes, les poulies, tout le système ingénieux qui sert à suspendre les chevaux. […] C’est la jalousie qui sert d’étude, cette fois, à M.  […] j’avais été servi par d’honnêtes gens ; et j’en eus comme de la fierté ! […] Nous la servons à notre manière. […] En quoi pourra-t-elle bien servir à l’humanité ?

/ 2845