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562. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Il faudrait alors considérer l’hallucination comme un des éléments essentiels de la vie psychique normale, comme la condition presque nécessaire de la pensée la plus humble et de la réflexion scientifique la plus élevée ; un état morbide servirait à définir le fonctionnement sain de notre être. […] C. — Tantôt les images coexistent avec les sensations : appelées par celles-ci, elles servent à les interpréter ; — tantôt elles sont indépendantes des sensations ; elles peuvent même attirer à elles toute l’attention et annihiler la sensation [ch. […] La première division, fondée sur les qualités spécifiques et irréductibles des images, est donc la meilleure ; c’est elle qu’il faut adopter pour distinguer les espèces de la pseudo-sensation ; les autres ne doivent servir que pour subdiviser ces espèces. […] VI], non le phénomène essentiel assurément, mais le plus évident, et comme le tuteur rigide de cette plante fine et délicate ; la pensée s’appuie sur elle, et, l’associant à sa vie, en fait presque une chose vivante, à tel point qu’il faut l’observation la plus attentive pour distinguer dans cette intime association l’élément fondamental, et l’élément emprunté qui lui sert d’auxiliaire, l’âme elle-même, et cette souple armure, à la fois son œuvre et sa force, qui se plie à tous ses mouvements, et, les revêtant de son éclat, les dessine avec netteté sur le champ de la conscience. En résumé, si une cause sensible et facilement observable, le son de la parole audible, suffit pour expliquer la nature spécifique de l’image qui sert de signe intérieur à la pensée, cette même cause ne peut suffire à expliquer l’extension merveilleuse de la parole intérieure, son indépendance, sa vitalité, le caractère impérieux que prend en nous cette habitude ; l’état fort ne rend pas raison de l’état faible, car l’effet dépasse la cause [ch.

563. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Études littéraires, volumes de critique, journal, supplément de journal, brochure, tout sert également à M.  […] Tout le monde s’est servi du « document humain », et chacun en a tiré des choses différentes. […] On ne connaît bien une doctrine philosophique ou sociale que lorsqu’on voit le dernier terme auquel elle a abouti : ainsi l’on ne connaît bien une formule littéraire que lorsqu’on a lu les ouvrages auxquels elle a servi de patron. […] J’imagine qu’on aurait quelque peine à nous montrer le « document humain » dont on s’est servi en ces occasions. […] Ils pourront servir à composer quelque Dictionnaire de la conversation, une nouvelle collection de « manuels Roret », à moins que précisément ils n’aient commencé par sortir de ces dictionnaires et de ces manuels.

564. (1864) Études sur Shakespeare

Quelles traditions, quelles habitudes leur servaient de fondement ? […] Aussi les clartés qu’on y peut entrevoir sur quelques circonstances de sa vie sont-elles si douteuses qu’elles servent plutôt à inquiéter son historien qu’à le conduire. […] Mais les moyens d’illusion auxquels ont recours les artisans comédiens de ce drame ne sont guère inférieurs à ceux dont se servaient les théâtres les plus relevés. […] Il faut le découvrir dans ses ouvrages, examiner de quels moyens il se sert, à quels résultats il aspire. […] Il doit servir d’exemple, non de modèle.

565. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

La littérature nous sert d’interprète universel : ce privilège la rend égale en nécessité aux plus hautes sciences, et supérieure en agrément aux beaux-arts. […] Autant que l’histoire et l’éloquence, elle est fondée sur le besoin des hommes, et ne leur servit pas moins à mesurer l’étendue de leurs facultés. […] Il ne se sert du crédit qu’il tint de la vogue, que pour disputer à tous la réputation. […] Vous étonnerai-je en vous affirmant que leur exposition, rédigée succinctement en quelques notes, serait assez pour l’homme habile à s’en servir ? […] L’envie même de ses rivaux ne servira plus alors qu’à l’éclairer dans sa route.

566. (1930) Le roman français pp. 1-197

Il ne fut plus déshonorant de servir, et en fait tous servaient. […] De même qu’on servait le seigneur, aussi bien, et en même temps, on servait la dame, « la maîtresse ». […] Cela existe même « formidablement », pour se servir d’un des adverbes qu’il a le plus souvent employé. […] Et quand l’Homme-Chiffre a récité, fini de réciter des pages et des pages de manuel, quand il ne sert plus à rien, alors Barbusse le tue. […] Pour qu’il s’aperçoive de ce phénomène de physique culinaire, il faut qu’il se serve de ses yeux.

567. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Jadis, aux premiers temps féodaux, dans la camaraderie et la simplicité du camp et du château fort, les nobles servaient le roi de leurs mains, celui-ci pourvoyant à son logis, celui-là apportant le plat sur sa table, l’un le déshabillant le soir, l’autre veillant à ses faucons et à ses chevaux. […] Il faut cent mille roses, dit-on, pour faire une once de cette essence unique qui sert aux rois de Perse ; tel est ce salon, mince flacon d’or et de cristal ; il contient la substance d’une végétation humaine. […] Mais, tant que la cour reste ce qu’elle est, je veux dire une escorte d’apparat et une parure de salon, le roi est tenu d’être comme elle un décor éclatant qui sert peu ou qui ne sert pas. […] Ayant trouvé à son goût un mets qu’on lui avait servi, elle y revint, et alors elle parcourut des yeux le cercle devant elle… et dit : « M. de Lowendal ?  […] De même pour la boisson  Il faut quatre personnes pour servir au roi un verre d’eau et de vin.

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