Ce renoncement suprême en vue de Marianne ne lui paraissait pas même mériter le nom de sacrifice : « Je ne sens que de la joie, disait-il, en songeant que je vais, en attendant la mort, mener une vie plus triste qu’elle, et j’aime si fort ma douleur qu’il me semble que c’est encore un moindre malheur de la souffrir que de la perdre ; si ma chère Marianne la peut voir, elle lui fait plaisir. » Il haïssait les biens, les grandeurs, tout ce qu’il ne pouvait plus partager ; il n’aimait que cette douleur, la seule chose qui lui restât de son amie ; il en parlait, d’ailleurs, comme d’une peine poignante, qui le tenait cruellement éveillé durant les nuits et qui prolongeait ses insomnies jusqu’au matin, où il ne s’assoupissait qu’à la fin et par excès de fatigue : « Mais j’ai beau faire, je ne saurais perdre de vue l’objet de mon tourment.
Laissez faire le temps : ce sera aussi sur des faits que s’appuieront bientôt ceux dont l’opinion s’est modifiée en sens inverse.
Ce sont là de ces coïncidences uniques, de ces harmonies sociales qui ne se rencontrent qu’à de longues distances : Fontanes, au début de son article, en résumait l’accord merveilleux et en traduisait le sens divin, avec autant d’élévation que d’élégance.
» Et il y a des gens qui lui disputent ce mot, dans le sens élevé où il est si naturel qu’il l’ait proféré.
L’amiral d’Annebaut, consulté ensuite, opine dans le même sens, et ainsi tous les autres.
Il y en a pourtant qui, pour n’être pas si polies, ne laissent pas d’imprimer du respect et de la révérence. » Ce jugement de l’abbé de Rancé est celui d’un homme de sens et de goût ; il fait les deux parts et reconnaît, même aux vieilles hymnes dont le langage rebute parfois, ce caractère qui imprime de la révérence.