/ 2188
201. (1926) L’esprit contre la raison

Cette mésentente même pourrait devenir un idéal, car dans le divorce de l’être et de son esprit se trouve la garantie contre la corruption du plus sérieuxz. […] Pour l’esprit, ce n’est point une malédiction, mais une bénédiction (et un peu plus il faudrait parler de grâce), que de ne pas se trouver en accord avec le monde extérieur, car si rien ne le choquait des apparences ou des lois que les hommes se sont données à eux-mêmes, l’esprit, avec ces apparences, ces lois, se confondant, n’aurait point de vie propre. […] La critique de l’imagination se trouve dans le Livre II, mais Crevel peut aussi s’appuyer sur Pascal pour qui « l’imagination est maîtresse d’erreur et de fausseté ». […] Les documents et plaidoiries du procès se trouvent dans L’Affaire Barrès, José Corti, 1987. […] Ce coeur cerf-volant se trouve dans « Dancer », tableau de 1925.

202. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Ces bonnes gens qui se chauffaient en fumant au coin d’un poêle, et ne semblaient propres qu’à faire des éditions savantes, se trouvent tout d’un coup les promoteurs et les chefs de la pensée humaine. […] Il resta triste, comme un homme qui se croit dans la disgrâce de Dieu, et se trouva incapable d’une vie active. […] Ils pullulent comme les volées d’insectes éclos un jour d’été dans la végétation surabondante ; ils bourdonnent et luisent, et l’esprit se trouve perdu parmi leurs bruissements et leurs chatoiements. […] Une banqueroute survint ; à cinquante-cinq ans, il se trouva ruiné et débiteur de cent dix-sept mille livres sterling. […] Ce n’est point ici qu’il avait sa patrie, et de l’Allemagne à l’Angleterre le trajet se trouva bien long.

203. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et le syndicat des ratés, la coalition des snobs se trouvait aux abois, quand elle découvrit Francis Jammes. […] Chacune de ses ballades (et Dieu sait s’il en publie) se trouve dédiée à quelque personnalité littéraire, ce qui lui fait un millier d’amis au bas mot. […] Il est toujours de l’avis de son interlocuteur, et son avis diffère selon qu’il se trouve ici ou là. […] Paul Fort se trouva tout à coup isolé avec Walter : « Ah ! […] On sait où se trouvent le talent, l’élégance et l’esprit.

204. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

on ne sait pas bien ; ce pourrait être deux amis : il se trouve à la fin que le poète a songé à des amants. […] Il y a toujours un degré de vivacité qui ne se trouve point entre les personnes du même sexe ; de plus, les défauts qui désunissent, comme l’envie et la concurrence, de quelque nature que ce soit, ne se trouvent point dans ces sortes de liaisons. […] Meister, je ne craindrai point d’avouer encore qu’il n’est point d’amitié dans le monde sur la constance de laquelle je compterais plus volontiers que celle d’une femme intéressante par son esprit et par son caractère, surtout si ce dernier sentiment se trouve enté sur un autre qu’il remplace, qu’il supplée, dont il a reçu la première sève, dont il conserve encore plus ou moins le charme et les illusions.

205. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il se trouvait à Paris dans la journée du 10 Août et dans les journées suivantes ; il fut témoin des canonnades et des massacres, et paraît surtout sensible à la protection singulière dont le couvrit la Providence en ces journées : il avait des papiers d’affaires à retirer et à envoyer chez son père, et il ne cessa de circuler dans Paris sans qu’il lui arrivât malheur. […] Dans cette disposition où il se trouvait quelquefois de prier le ciel pour que les maux de fortune allassent encore plus loin, il était néanmoins obligé de convenir que la Convention, par certains de ses décrets (notamment par son décret final sur la contribution de guerre), lui laissait bien peu à désirer, et qu’elle agissait exactement comme si elle eût voulu combler ses intentions et ses souhaits d’un dépouillement absolu de chacun54. […] Mais ce qui m’a soutenu, c’est la persuasion que notre Révolution ayant un grand but et un grand mobile, on doit s’estimer heureux toutes les fois qu’on se trouve pour quelque chose dans ce grand mouvement, surtout quand c’est de cette manière-là, où il ne s’agit ni de juger les humains, ni de les tuer. […] Lorsqu’en 1801 parut la nouvelle édition des Séances des Écoles normales, où se trouve l’exposé du débat, on fit des difficultés pour y laisser insérer cette Lettre, et Garat fut des premiers à intervenir pour lever tous obstacles à la publication de l’écrit qui était contre lui55.

206. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Bouchu se trouvait dans la chambre du roi au moment où Louis XIV, dans son cabinet, déclara les nouveaux maréchaux, et les personnes qui étaient dans la chambre, c’est-à-dire dans la pièce voisine, en eurent la première nouvelle : ce fut l’archevêque de Paris, M. de Harlay, qui, sortant du cabinet, le dit à Bouchu, et le pria de mander à Catinat cette circonstance que le roi, en lisant au Père de La Chaise et à lui archevêque la liste des sept nouveaux maréchaux, avait dit, en répétant le nom de Catinat : « C’est bien la vertu couronnée !  […] Catinat ne s’est pas trompé ; il n’y a pas de retour de la part d’un jaloux : « Le parfait silence de M. de Rubentel, écrit-il quelques jours après, ne t’a point surpris ainsi que moi ; je suis bien sûr que ce sera très fort malgré lui s’il se trouve dans quelque endroit où tu seras. » Cherchez vite si vous êtes curieux, lisez dans Saint-Simon le portrait de ce Rubentel, ancien lieutenant colonel du régiment des gardes, ancien lieutenant général, brave homme de guerre, mais difficile à vivre, d’une humeur à faire damner les gens, d’autant plus roide et plus cassant qu’on lui fait plus d’avances, et furieux si on le néglige ; enfin un fagot d’épines. […] Ceux qui se trouvèrent dans l’infanterie furent chargés sans tirer, la baïonnette au bout du fusil, et furent renversés. » Et dans un second rapport : « Je ne crois pas, Sire, qu’il y ait encore eu d’action où l’on ait mieux connu de quoi l’infanterie de Votre Majesté est capable. » Le brave La Hoguette, officier de vertu et de mérite, qui commandait notre centre, fut blessé à mort. […] On raconte que Catinat le soir, s’étant endormi sous une tente improvisée, se trouva au réveil entouré de tous ces drapeaux que les soldats avaient plantés en manière de trophée pour décorer son triomphe.

/ 2188