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480. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Table des chapitres et des paragraphes. Contenus dans ce second Volume. » pp. -

Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport, 370 §.  […] De la science militaire & de celle des fortifications, 370 §. 

481. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

La science militaire est composée de deux choses, de moralité et de géométrie : par l’une on apprend l’art de plier l’homme à une exacte discipline, d’exalter son âme et de lui inspirer un noble orgueil de son état ; par l’autre on combine les moyens les plus prompts d’opérer avec précision différents mouvements. De bonne heure le président de Longueil a donc appliqué son élève Saint-Alban aux mathématiques et aux sciences exactes, en même temps qu’il cherchait à lui donner la connaissance des hommes. […] Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l’histoire de France ; un de mes oncles qui était évêque m’avait, laissé une collection complète des procès-verbaux du Clergé, etc., etc. » ; et il montre que la Révolution qui s’accomplit a déjà mis beaucoup de ces livres à la réforme, et qu’elle va simplifier bien des sciences. […] Ami de la perfectibilité au début, il a fini par douter de l’utilité de la science et des avantages que retire l’homme du progrès des lumières. […] Ce qui doit dégoûter de la science, c’est que jamais elle ne nous apprendra ni l’origine du monde, ni le premier principe des êtres, ni leur destination.

482. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

En industrie comme en science, la part de l’invention, de l’originalité, en un mot de l’individualité est infinitésimale. […] Il emploie donc dès lors, instinctivement et sans cesse, ce type de la taxation : à propos de tout ; donc aussi à propos des productions des arts et des sciences, des penseurs, des savants, des artistes, des hommes d’État, des peuples, des partis et même d’époques tout entières : il s’informe à propos de tout ce qui se crée, de l’offre et de la demande, afin de fixer, pour lui-même, la valeur d’une chose. […] Les différentes valeurs, instruction, science, richesse, culture artistique sont devenues des fins en soi, des entités sociales, objet d’un culte métaphysique et laïque. […] « L’homme d’aujourd’hui reconnaît un certain nombre de valeurs médiales, telles que la richesse, le confort, l’honneur, la puissance, la science, etc., qui exercent sur lui une attraction très considérable. […] La science, estimée jadis comme un moyen de dominer les forces naturelles et considérée à ce titre comme un facteur important de culture est devenue, comme la richesse, une fin en soi.

483. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

La décadence n’a lieu que selon les esprits étroits qui se tiennent obstinément à un même point de vue en littérature, en art, en philosophie, en science. […] J’ai souvent éprouvé que je ne vivais jamais plus énergiquement par l’imagination et la sensibilité que quand je m’appliquais à ce que la science a de plus technique et en apparence de plus aride. […] L’analyse, en effet, n’existe que par la diversité des points de vue, et à condition que la science complète soit épuisée par ses faces diverses ; à chacun sa tâche, à chacun son atome à explorer, telle est sa maxime. […] Alors tous tireront dans le même sens ; alors la science maintenant cultivée par un petit nombre d’hommes obscurs et perdus dans la foule sera poursuivie par des millions d’hommes, cherchant ensemble la solution des problèmes qui se poseront. […] Qu’est-ce qui résistera à la science, quand l’humanité elle-même sera savante et marchera tout d’un corps à l’assaut de la vérité ?

484. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Christian Bartholmèss vient de le faire connaître par le côté philosophique dans un travail approfondi qui a été fort apprécié dans le monde de l’Université et dans celui de l’Académie des sciences morales. […] Huet écrivait cela à la fin du xviie  siècle : que penserait-il donc aujourd’hui, que science et paquebot, tout marche à la vapeur ? […] Il passa donc toute sa jeunesse en savant dégagé et libre, se promenant avec une curiosité infatigable dans le champ du savoir et de l’esprit humain, véritable amateur, au sens antique, parcourant toutes les sciences sans s’attacher à aucune, n’excluant rien, ne méprisant rien, mais se gardant aussi de surfaire. […] Il en exceptait les détails de l’histoire, c’est une matière sans bornes ; mais, à cela près, il y mettait absolument toutes les sciences, tous les beaux-arts. […] Je ne sais si ce n’est point la grande réputation de science où vous êtes qui me donne cette idée, ou si c’est qu’en effet ces hommes illustres étaient faits comme vous.

485. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Arago, des parties fortes et traitées avec cette supériorité qu’il a en matière de science. […] J’ai cru d’abord que c’était une simple faute d’impression ; mais voyant ce nom de d’Arnaud revenir à deux reprises, et reparaître le même dans les différentes éditions de l’Éloge, j’ai été forcé de reconnaître, à ma grande surprise, que celui qu’on appelait, au xviie  siècle, le grand Arnauld, était bien moins connu, au xixe , en pleine Académie des sciences, et que son nom s’y confondait insensiblement, et sans qu’on s’en rendît bien compte, avec celui de d’Arnaud (Baculard). […] Condorcet, né le 17 septembre 1743, en Picardie, d’une famille noble, dont les membres étaient avantageusement placés dans l’armée et dans l’Église, sentit de bonne heure une vocation irrésistible pour les sciences et les lettres. […] S’ils ne faisaient qu’assigner les caractères généraux de la société moderne, la prédominance de la science et de l’industrie sur la guerre, une certaine égalité de culture et de bien-être pour le plus grand nombre, égalité qui doit être désormais le but principal des institutions ; s’ils ne faisaient que recommander enfin à l’humanité, qui est désormais une personne mûre, de prendre en tout l’esprit de son âge, on n’aurait guère à les contredire, et on les louerait sans réserve d’avoir été des précurseurs dans la recherche et l’indication des voies et moyens. […] Arrivé à la célébrité dès l’âge de trente ans, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, bientôt membre de l’Académie française, honoré par toute l’Europe, aucun savant, aucun homme de lettres n’eut certes moins que lui à se plaindre de l’ancienne société, et il en était, avant 89, l’un des plus sérieux ornements.

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