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889. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il a su donner bonne figure jusqu’au pauvre Corbière. […] Or la palme du poète serait à celui qui le plus juste sait dire les vers, au meilleur chantre ; qui le plus vrai sait traduire sa pensée, au meilleur artiste ; qui le plus droit sait mener son âme, au meilleur homme. […] On ne rit plus, on voulut savoir. […] Il nous est le Poète, celui qui sait de toutes choses le Rêve. […] On sait que M. de Heredia est originaire de Cuba.

890. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Ici et là, il y a ouvrage personnel qu’on sait faire quand on l’a appris. […] Il est toujours bon de savoir ce qu’on dit et, une fois par hasard, de répondre. […] Je sais par les textes aimés que le poète est haut et sûr. […] Mais peu de Français savent lire mieux que Tolstoï. […] Un ouvrier dont les mots sont les outils ; il ne saurait vraiment en avoir trop à sa disposition.

891. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

La bienveillance, mais une bienveillance sentie et nuancée, je ne sais quoi de particulier qui s’adressait à chacun, mettait aussitôt à l’aise, et tempérait le premier effet de l’initiation dans ce qui semblait tant soit peu un sanctuaire. […] Même quand elles n’ont rien d’essentiel à cacher, les femmes ne sauraient que perdre en charme au texte d’un récit continu. […] Sachons seulement, puisqu’il le faut, que Jeanne-Françoise-Julie-Adélaïde Bernard était née à Lyon, dans cette patrie de Louise Labé, le 3 décembre 1777. […] Je pourrais ici raconter de souvenir bien des choses, si ma plume savait être assez légère pour passer sur ces fleurs sans les faner. […] Mais il me semble que nous le savons déjà.

892. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

La méthode qu’il emploie dans ses Pensées pour combattre l’incrédule, et surtout pour exciter l’indifférent, pour lui mettre au cœur le désir, est pleine d’originalité et d’imprévu : On sait comment il débute. […] La manière émue dont ce grand esprit souffrant et en prière nous parle de ce qu’il y a de plus particulier dans la religion, de Jésus-Christ en personne, est faite pour gagner tous les cœurs, pour leur inspirer je ne sais quoi de profond et leur imprimer à jamais un respect attendri. […] De tous les corps ensemble, on ne saurait en faire réussir une petite pensée ; cela est impossible et d’un autre ordre. De tous les corps et esprits, on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité ; cela est impossible, et d’un autre ordre, surnaturel. […] Le caractère philosophique et indépendant qu’il a tenu à y laisser n’en saurait altérer le prix, et il y ajoute plutôt à mes yeux.

893. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Rempli au-dedans de la lumière pénétrante de la sagesse, il savait, dit-on, si sûrement discerner les mœurs des personnes de tout sexe et de tout âge, que, lorsqu’il en discourait ensuite, il semblait, en l’écoutant, qu’on se sentait révéler les secrets de son propre cœur. […] Quelques lecteurs seront peut-être curieux de savoir quel était ce fameux argument dont Anselme se croyait l’inventeur, et sur lequel il comptait tant. […] Anselme, qui a de beaux mots et des paroles heureuses pour exprimer sa pensée, disait en écrivant à Baudouin, roi de Jérusalem : « Il n’est rien qui soit plus cher à Dieu en ce monde que la liberté de son Église. » Ç’a été comme la devise et la maxime des seize dernières années de sa vie, et l’opinion catholique universelle lui en a su gré avec une solennelle reconnaissance. Il serait fastidieux de donner ici un abrégé de querelles qui n’ont d’intérêt que par leur développement même, et dont M. de Rémusat a su faire de beaux et instructifs chapitres de l’histoire au Moyen Âge. […] Non ; permettez-moi aussi de vous dire qu’il faut avoir meilleure espérance et d’un pays et d’une littérature où tant de plumes distinguées se remettent à l’œuvre, et où vous-même donnez l’exemple en revenant aux choses que vous savez et que vous exposez si bien.

894. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Ce que je veux, c’est de savoir ce que je dois moi-même penser. […] Je veux savoir comment nous devons nous gouverner aujourd’hui ; ou bien encore : Que m’importent les lois des Romains ou celles du moyen âge ? […] Tout le monde sait quelle révolution s’est opérée en histoire pendant les deux derniers siècles. […] S’il est intéressant de savoir ce qu’a fait Alexandre, qui oserait dire qu’il est insignifiant de savoir ce qu’Aristote a pensé ? […] Il en est à peu près de même du moyen âge : nous commençons à l’épeler ; mais ce que nous savons n’est rien à côté de ce qu’il nous reste à savoir.

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