Ce qui reste, c’est l’œuvre immense que nos savants ont accomplie. […] Tout est faussé, lorsque les savants confondent les moyens et la fin. Le travail des savants ne doit être que moyens : et, la fin, c’est la vérité. […] Et, l’idée de la Science, les savants y renoncent, tandis que leurs sciences progressent. […] Au fond du pangermanisme le plus savant, subsiste l’ancienne voracité des Germains.
Quand vous avez regardé cette bonne et ouverte face d’honnête savant que porte Rabelais, passez à Calvin : ce profil fin et dur, ces lèvres minces, cette jolie main effilée et nerveuse, qui se lève impérieusement pour enfoncer un argument, vous donnent la sensation de l’homme. […] Mais voici où il se différencie : il reste grave, décent, il ne rit pas, et il reste aussi raisonneur, savant, instructif.
L’apparition d’un ouvrage comme le Cosmos de M. de Humboldt, où un seul savant, renouvelant au XIXe siècle la tentative de Timée ou de Lucrèce, tient sous son regard le Cosmos dans sa totalité, prouve qu’il est encore possible de ressaisir l’unité cosmique perdue sous la multitude infinie des détails. […] Il faudrait donc que l’auteur fût savant en géologie et très versé dans les antiquités de la Chine, de l’Égypte, de l’Inde, des Hébreux, etc.
Tous ces gens des Instituts, dont Saint-Victor n’est pas et qui mériterait d’en être s’il avait le malheur d’être pédant et lourd, tous ces pauvres gens des Instituts, quand ils font un livre savant, l’embrouillent de notes. […] Ce livre d’Édelestand du Méril, écrit particulièrement par le savant qui étouffait en lui l’homme d’imagination et d’esprit, mais qui ne put jamais le tuer, tant il était vivace !
Nonobstant la note très modeste que Barthélemy Saint-Hilaire a placée en tête de son ouvrage, pour nous apprendre que son livre avait paru par articles dans le Journal des Savants, au fur et à mesure que William Muir, Sprenger et Caussin de Perceval publiaient les leurs, je suis sûr qu’avec les habitudes de sa pensée, avec sa préoccupation si singulièrement philosophique et religieuse prouvée par la dissertation que je trouve, dans ce volume sur Mahomet, concernant les devoirs mutuels de la religion et de la philosophie, Barthélemy Saint-Hilaire, l’auteur déjà d’un livre sur Bouddha et sa religion, devait aller — de son chef — à cette grande figure de Mahomet, qui nous apparaît, en ce moment, comme une figure neuve en histoire, tant jusqu’ici elle avait été offusquée et enténébrée par l’ignorance, le parti pris et toutes les sottises, volontaires ou involontaires, des passions et du préjugé ! […] Le savant dissertateur, qui invoque des faits, est-il bien sûr de ce qu’ils sont ?
C’est le Fauca mese d’un cœur simple et droit, qui ignore les artifices et les surprises savantes de l’art raffiné, mais qui pleure franchement et simplement et qui fait pleurer avec lui.