/ 2043
2006. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Trois actes, sauf la scène du père cocher, accueillis par un public, charmé, subjugué, conquis : trois actes où tous les mots, les intentions, les plus petits riens sont saisis, compris, soulignés de petits oh, de sourires, d’applaudissements, comme je ne l’ai vu dans aucune pièce.

2007. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

C’est le trait propre de cet âge, qu’ils ne saisissent plus les choses par parcelles, isolément, ou par des classifications scolastiques et mécaniques, mais d’ensemble, par des vues générales et complètes, avec cet embrassement passionné d’un esprit sympathique qui, placé devant un vaste objet, le pénètre dans toutes ses parties, le tâte dans toutes ses attaches, se l’approprie, se l’assimile, s’en imprime l’image vivante et puissante, si vivante et si puissante qu’il est obligé de la traduire au dehors par une œuvre d’art ou une action. […] Aux divinateurs, aux créateurs, aux esprits compréhensifs et passionnés qui saisissaient les objets en blocs et par masses, ont succédé les discoureurs, les méthodiques, es ordonnateurs de raisonnements gradués et clairs qui, disposant les idées par séries continues, conduisent insensiblement l’auditeur de la plus simple à la plus composée par des passages aisés et unis.

2008. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Berryer ou l’orateur-avocat I Tandis que le brillant historien des Césars, M. de Champagny, successeur de Berryer à l’Académie française, prononçait l’éloge de l’orateur-avocat, cherchant honnêtement ce qui est resté de l’homme dans « l’ombre d’un grand nom », il me semblait voir une main se promenant par les airs pour tâcher de saisir le vent. […] Ce ne sont pas des portraits maximes, mais des vivants saisis au moment le plus vif de leurs qualités ou de leurs travers.

2009. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Malheureusement, il arriva qu’un beau jour l’ambition saisit Bobèche, que l’ennui s’empara de Galimafré. […] La libre allure de cette jeune fille élevée au milieu des pédants, l’ironie alerte et de bon goût de cette enfant obligée de se défendre contre les vices du bel-esprit si difficiles à saisir, et si dangereux, par cela même qu’ils ne sont pas tout à fait des vices ; ce petit grain de coquetterie dédaigneuse qui se fait jour à travers les folles prétentions de ces trois ou quatre pédantes sans esprit, sans sagesse et sans cœur ; — enfin les dangers courus par cette enfant, les obstacles apportés à cet amour légitime, le caractère ingénu de son père, cette vraie tendresse mêlée de faiblesse et d’enjouement, ce sont là autant de grands motifs pour que nous portions un vif intérêt à cette aimable héroïne d’un drame véritable. […] Lui, mort, le xviie  siècle tout entier fut saisi d’une profonde indifférence pour cette comédie que le siècle de Louis XIV avait tant aimée.

2010. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Mais après avoir, chemin faisant, saisi l’occasion de venger Posidonius à Rhodes, et Sénèque en Corse, revenons à notre sujet. […] Ce nègre demande à passer un moment dans sa cabane, comme pour se préparer à obéir à l’ordre qu’il a reçu ; là, il saisit une hache, s’abat le poignet, reparaît, et présentant à son maître un bras mutilé, dont le sang ruisselait : « A présent, lui dit-il, fais-moi pendre mes camarades301 !  […] En effet, au milieu des brigues et des cabales de l’ambition, parmi cette foule de calomniateurs qui empoisonnent les meilleures actions ; entouré d’envieux qui font échouer les projets les plus utiles, tantôt pour vous en ravir l’honneur, tantôt pour se ménager de petits avantages ; de ces politiques ombrageux qui épient les progrès que vous faites dans la faveur du souverain et du peuple, pour saisir le moment où il convient de vous desservir et de vous renverser ; de cette nuée de méchants subalternes qui ont intérêt à la durée des maux, et qui pressentent la tendance de vos opérations ; qu’a-t-on de mieux à faire que de renoncer aux fonctions d’État ?

2011. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Voilà certes un talent étrange, composé d’aveuglement et de clairvoyance, et qui ressemble à ces maladies de la rétine dans lesquelles le nerf surexcité devient à la fois obtus et perspicace, incapable d’apercevoir ce que les yeux les plus ordinaires atteignent, capable d’apercevoir ce que les yeux les plus perçants ne saisissent pas.

/ 2043