/ 2043
1858. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Lundi 3 septembre À tous mes retours, je ne sais quel ennui, quel découragement me saisit, jusqu’au jour où je suis rentré dans le travail.

1859. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

. — Et il ne lui est resté que des muscles, les muscles du savant qui saisit les faits puissamment et qui dédaigne tout ce qui n’est pas le fait retrouvé, appréhendé, entassé, accumulé et jeté, comme une écrasante avalanche, sur la tête d’une époque qui se vante, comme d’une très belle chose, de ne plus croire qu’à la souveraineté, des faits.

1860. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Le public du xviie  siècle trouva, comme on sait, le sonnet d’Oronte assez de son goût, et resta tout saisi par la rude leçon d’Alceste. […] Donc la donnée de la comédie nouvelle est inattaquable. » Elle l’est d’autant plus, pourrait-on ajouter, que la théorie en question n’est point formulée par l’auteur lui-même ou par quelque personnage qui serait son porte-voix, mais par une femme jalouse, passionnée, exaltée, que l’auteur saisit en pleine douleur, en pleine maladie, en pleine crise morale. […] Elles ont un charme irritant ; il y a quelque chose de presque douloureux dans l’impossibilité de les saisir, de les fixer, de les tenir.

1861. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Quelquefois sa parole s’émeut et s’échauffe, mais c’est encore, si je puis dire, d’une chaleur tout intellectuelle Ce qui communique alors à son discours une vibration particulière, c’est le plaisir que donne à l’orateur quelque vérité fortement saisie et démontrée qu’il se sait gré d’avoir découverte et de nous rendre subitement évidente. […] ) me saisit, m’entraîne par des passages mystérieux, et me dépose au foyer des artistes. […] Ce serait une solution… « Voltaire ne comprend pas que Joad ne saisisse pas au bond la proposition d’Athalie. […] Francisque Sarcey n’aurait pas eu besoin de cinq cents lignes, — et beaucoup plus longues que les miennes, — pour nous le faire saisir. […] … » Je m’imaginais qu’une enfant nourrie à la campagne et tout à coup enlevée sans y rien comprendre devait être timide et farouche comme une petite bête et ne savoir que mettre les doigts dans son nez et répondre : « Oui, Madame ; non, Madame. » Mais, cette fois, j’ai mieux saisi la pensée de l’auteur ; et dans cette gamine rouée comme une potence, qui, soudainement engagée dans la plus obscure et la plus difficile dès situations, fait des phrases, mais ne fait pas une « gaffe », ne perd pas un instant son sang-froid, et a même des roueries de femme et des raffinements de ruse presque superflus, — j’ai clairement reconnu la fille du subtil et glissant M. 

1862. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

C’est dans quelques-unes de ces dernières pièces qu’on pourrait saisir le point de contact, ténu et fugitif, entre la poésie de Parny et les premiers essais de Lamartine. […] Et son mérite littéraire, c’est d’avoir très heureusement saisi et reproduit, dans ses vers secs, maigres et courts d’haleine, le ton de ce persiflage mondain. […] Il saisit une chaise et en tire des sons de violoncelle. […] Le troisième vous saisira par sa vigueur brutale. […] Et, comme Béatrice ne peut pas lui en donner, et qu’elle lui affirme toutefois qu’elle lui garde son cœur, il la saisit dans ses bras, furieux, désespéré et toujours plus amoureux, en criant : « Pourquoi ?

1863. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

On choisit un sujet, on en saisit les rapports, on les coordonne et on laisse chanter sa phrase sur des airs connus. […] Et nous remarquons le passage de la première à la seconde à l’émotion qui nous saisit et à l’élévation des sentiments que nous éprouvons. […] De là résultait pour Schiller la possibilité d’une foule d’allusions rapides que ses compatriotes comprenaient sans peine, mais qu’en France personne n’aurait saisies. […] On lui jette un empoisonneur, un parricide, un sacrilège, il le saisit, il l’étend, il le lie sur une croix horizontale, il lève le bras ; alors, il se fait un silence horrible, et l’on n’entend plus que le cri des os qui éclatent sous la barre, et les hurlements de la victime. […] Ce n’était pas tout de traduire les poésies étrangères, l’important était d’en saisir le ton, d’en pénétrer la profondeur et le sens mystérieux, en un mot de sentir et d’exprimer en français ce que les Anglais ou les Allemands avaient senti et exprimé dans leur langue.

/ 2043