On attendait ou l’on saisissait l’occasion de marchands français revenant des foires d’Allemagne, ou d’autres voyageurs suivant au moins en partie le même itinéraire, pour faire le chemin en compagnie. […] Mais il a le sens droit et juste : il saisit presque toujours très bien, dans ses auteurs, les indications de caractères et de sentiments ; il les utilise intelligemment. […] Avec les grands, avec ses patrons, il guette, il tâte ; dès qu’un joint se présente pour étendre sa volonté, il le saisit. […] Tendant au vrai, il atteint au réel ; après l’âme, il dessine le corps, et saisit les faits moraux non dans leurs combinaisons et réactions réciproques, mais dans leurs signes et leurs prolongements externes. […] Il ne vit pas que Molière n’a peint les caractères qu’à travers les mœurs, qu’il faut passer par l’écorce pour aller au fond de l’âme humaine et qu’elle ne laisse saisir sa nature intime que dans ses manifestations sensibles.

Quoi d’étonnant, dès lors, qu’il ne puisse saisir ni un caractère, ni un travers, ni un vice, ni un ridicule, ni rien de ce qui intéresse la société ou l’humanité ? […] Ses créanciers allaient le saisir lorsque arriva le message de Démétrius qui lui rappelait sa promesse et lui redemandait la main de la belle Marine. […] Mais, pour mieux saisir l’ensemble de cette physionomie et de ce rôle, remontons aux débuts de M.  […] Cousin se lie si étroitement aux deux époques où l’idée du beau a le plus vivement saisi les intelligences humaines, et s’est le plus énergiquement révélée dans les œuvres d’art. […] Entre ces hommes si différents par le caractère, le génie et la destinée, je saisis pourtant une ressemblance générale.

Pourquoi, découragé par vos divins tableaux, Ai-je, enfant paresseux, jeté là mes pinceaux Et pris pour vous fixer le crayon du poëte, Beaux rêves, obsesseurs de mon âme inquiète, Doux fantômes bercés dans les bras du désir, Formes que la parole en vain cherche à saisir !

Il appartenait à cette génération que la Révolution avait saisie dans sa fleur et décimée, mais qui se releva en 1800 pour restaurer la société par l’autel.

Oreste tue sa mère ; Électre l’y encourage sans un moment d’incertitude ni de regrets ; les remords d’Oreste après la mort de Clytemnestre ne sont point préparés par les combats qu’il devait éprouver avant de la tuer ; l’oracle d’Apollon avait commandé le meurtre ; alors qu’il est commis, les Euménides se saisissent du coupable ; à peine aperçoit-on les sentiments de l’homme à travers ses actions.

L’homme de lettres, alors qu’il vit dans un pays où le patriotisme des citoyens ne peut jamais être qu’un sentiment stérile, est, pour ainsi dire, obligé de se supposer des passions pour les peindre, de s’exciter à l’émotion pour en saisir les effets, de se modifier pour écrire, et de se placer, s’il se peut, en dehors de lui-même pour examiner quel parti littéraire il peut tirer de ses opinions et de ses sentiments.