Jamais, je l’espère bien, une telle négation du passé n’eût pu prendre et réussir absolument en France, dans cette France où le génie littéraire a sa patrie, où la tradition du talent a ses autels, où le sentiment de la beauté latine et de la grandeur romaine a passé si profondément dans notre veine nationale et dans nos propres origines. […] À l’époque où le christianisme s’élevait avec les barbares au-dessus de l’empire romain, l’Église était le flambeau de la science, l’espoir de la civilisation.
Oui, César lui-même, le plus attique des Romains, César avait fait un livre De l’analogie des mots. […] Coëffeteau, qui conserve toujours le rang glorieux qu’il s’est acquis par sa traduction de Florus et par son Histoire romaine, quoiqu’il y ait quelques mots et quelques façons de parler qui florissaient alors et qui depuis sont tombées comme les feuilles des arbres.
Je ne savais auquel courir, du général ou de mon père ; la nature en décida : je me jetai dans les bras de mon père et je lui cherchais un reste de vie, que je craignais ne plus lui trouver, lorsqu’il m’adressa ces paroles que toute la France trouva si belles, qu’elle compara le cœur qui les avait dictées à ceux des anciens et véritables Romains ; et je crois que la mémoire s’en conservera longtemps. […] Saint-Hilaire a raconté fort en détail la cérémonie de la dédicace, qui se fit le 28 mars 1686 : « Je ne crois pas, dit-il, qu’il se soit jamais rien fait de pareil chez les anciens Romains, même dans le temps de la plus grande adulation.
Nous saisissons encore l’évolution du romantisme chez Louis Bouilhet888 : vestiges de passion orageuse, exotisme effréné dans l’orientalisme et la chinoiserie, fantaisie capricieuse des rythmes, voilà le romantisme ; mais essai de restitution érudite de la vie romaine, effort pour saisir la vie contemporaine en sa réalité pittoresque, et surtout sérieuse tentative pour traduire en poésie les hypothèses de la science, voilà les directions nouvelles vers l’art objectif et impersonnel. […] Mélænis, conte romain, parut en 1851 ; Festons et Astragales (1859).
Il disait encore : Ces fiers Romains avaient une oreille dure, et qu’il fallait caresser longtemps pour la disposer à écouter les belles choses. […] Ces portions que j’appelle vraiment belles et inexpugnables, ce sera René, quelques scènes d’Atala, le récit d’Eudore, la peinture de la campagne romaine, de beaux tableaux dans l’Itinéraire ; des pages politiques et surtout polémiques s’y joindront.
Annibal, les légions romaines, Alexandre, il les cite au moment qu’il faut, et n’en abuse pas ; ce sont choses à lui familières. Arrivant à Toulon, en mai 98, pour prendre le commandement de l’armée d’Orient, il disait dans son ordre du jour : « Soldats, vous êtes une des ailes de l’armée d’Angleterre… Les légions romaines, que vous avez imitées, mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour à tour sur cette même mer et aux plaines de Zama. » Mais, en s’embarquant pour l’Égypte, c’était moins encore l’étoile de Scipion qui le guidait que celle d’Alexandre.