C’est ce que firent nos rois, en ne croyant que conquérir des héritages douteux et reculer les frontières de la France. […] L’habitude des grandes affaires, auxquelles elle ne se mêla d’ailleurs qu’avec la réserve d’une femme soumise à son mari, ou d’une sœur qui aima dans François Ier le roi, le frère, et peut-être l’homme, la préserva des superstitions du savoir et de l’imitation servile de l’antiquité. […] Le poète fut présenté à Marguerite, de la part du roi, par le seigneur du Pothon. […] Au lieu de la gente saulcissiere du coin, ce sont des dames de la cour, sinon la sœur ou la maîtresse du roi, comme l’ont voulu ses admirateurs. […] Préface au Roi.
Il avait contre lui le roi, les magistrats, le lieutenant de police, le garde des Sceaux, toutes les autorités sérieuses. […] Moyennant une tolérance tacite due à la protection du comte d’Artois, et sur une parole vague hardiment interprétée, il était parvenu à faire répéter sa pièce sur le théâtre des Menus-Plaisirs, c’est-à-dire sur le théâtre même du roi. […] À cet ordre du roi, Beaumarchais, déçu et furieux, s’écria devant tous avec impudence : « Eh bien ! […] Le Noir) mandât l’auteur et les comédiens pour leur remémorer la défense formelle du roi. […] Le roi trompé m’a puni d’une faute que je n’ai pas commise ; mais, si mes ennemis sont parvenus à exciter son courroux, ils n’ont pu altérer sa justice… Oui, monsieur, il est très vrai que Sa Majesté a daigné signer pour moi, depuis ma disgrâce, une ordonnance de comptant de 2 150 000 livres sur de longues avances dont je sollicitais le remboursement auprès du roi, tandis qu’on m’accusait du crime odieux de lui manquer de respect.
Le public connaissait l’intrigue de d’Urfé et l’aversion du roi pour lui. […] On voit dans les Mémoires de Bassompierre, que le roi s’en faisait faire la lecture pendant un accès de goutte qui le retenait au lit. […] Les dernières amours de Henri IV, à cinquante-six ans, sa malheureuse passion pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, les jalousies de Marie de Médicis, les intrigues de sa cour contre les maîtresses du roi, le souvenir d’une guerre qu’on avait vue prête à s’allumer contre la maison d’Autriche pour ravoir la princesse de Condé, que son mari avait conduite à Bruxelles, dans la vue de la soustraire aux poursuites du roi, tout cela avait inspiré à toutes les âmes délicates un profond dégoût pour cette scandaleuse dissolution, dont la cour et la capitale offraient le spectacle, et les avait disposées à favorablement accueillir la continuation de L’Astrée.
Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. […] Il est vrai que ce barbare était un grand homme : c’est le célèbre Théodoric, contemporain de notre Clovis, et roi des Goths. […] Souvent les panégyriques valent mieux que les rois : ici c’est le contraire. […] Ainsi, dans l’espace de près de cinq cents ans, les lois, les mœurs, les arts, le gouvernement, la religion, le langage même, tout avait changé ; et dans le pays où César et Caton, Cicéron et Auguste avaient parlé aux maîtres du monde, en attestant souvent les dieux de l’empire et près de l’autel de la victoire, un Gaulois, chrétien et évêque, haranguait en langage barbare, un roi goth venu avec sa nation des bords du Pont-Euxin pour régner au Capitole.
Ils se figurèrent qu’on pouvait se passer du roi ; ils ne comprirent pas que, le roi une fois supprimé, l’édifice dont le roi était la clef de voûte croulait. […] Mais, dès que le roi, vaincu, eut retire les ordonnances, il fallait s’arrêter et maintenir le roi dans son palais. […] La France de même avait été créée par le roi, la noblesse, le clergé, le tiers état. […] Le roi n’est pas une émanation de la nation ; le roi et la nation sont deux choses ; le roi est en dehors de la nation. […] La bannière du roi capétien, c’est la bannière de Saint Denis.
Et, dans un autre endroit, il prétend prouver, par l'exemple des Quakers, que les hommes seroient plus heureux sans Prêtres & sans Maîtres. « La Pensilvanie, ajoute-t-il, dément l'imposture & la flatterie, qui disent impudemment, dans les Cours & dans les Temples, que l'homme a besoin des Dieux & des Rois. Ce sont des Dieux cruels qui ont besoin de Rois qui leur ressemblent ; ce sont des Rois méchans qui ont besoin de Dieux tyrans, pour se faire respecter, &c ».