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211. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

On eut l’indignité de substituer aux vers les plus heureux des vers plats & ridicules ; jalousie horrible, partage des ames noires & lâches ; mais jalousie renouvellée depuis en différentes occasions par des écrivains obscurs & forcenés ; jalousie semblable à celle de ces peintres scélérats, dont les mains odieuses défigurèrent les plus beaux morceaux de le Sueur. […] Le ridicule rival de ce grand homme mourut à Paris d’apoplexie, l’an 1698.

212. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Le paysan n’est nullement ridicule et le chasseur l’est beaucoup. […] Louez une jolie pièce de vers, il est bien rare que l’auteur n’ajoute, je n’ai mis qu’une heure, un jour, plus ou moins ; et s’il s’abstient de dire cette sottise, c’est qu’il y réfléchit, c’est qu’il remporte une victoire sur lui-même, c’est qu’il craint le ridicule.

213. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus. […] Il n’est pas nécessaire d’ajouter que les éloges sont aussi ridicules que les titres.

214. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Samson, — au contraire il était impossible d’être plus naïf, plus ridicule, plus bon enfant. […] Ainsi, d’une part, le ridicule, et d’autre part, l’exécration. […] Qu’ont-ils fait de leurs vices, de leurs ridicules, de tous les travers que Molière a poursuivis ? […] Ces ridicules sont remplacés par d’autres ridicules, comme les modes d’hier sont remplacées par les modes du lendemain. […] Du temps de Boissy, être un homme du monde, était une affaire, c’est presque un ridicule aujourd’hui.

215. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

On a toujours dit que le ridicule tuait en France : oui, le ridicule sérieux et intelligent tue les œuvres qui n’ont que l’apparence de la vie ; mais jamais ce ridicule des petits journaux, des petits auteurs, n’a tué une œuvre solide ; il a pu grâce à ses qualités nauséabondes, éloigner les lecteurs vulgaires des œuvres qu’il avait touchées, mais au bout d’un certain temps, quelqu’un se hasarde, ouvre le livre, regarde le tableau, les comprend, et l’esprit de critique reçoit une nouvelle défaite. […] La révolution romantique a donné le jour à une nouvelle école, la plus ridicule, la plus malsaine et la plus dangereuse parce qu’elle s’adresse à des gens timides, au grand nombre. […] On a voulu voir ce que renfermaient ces livres et on a trouvé des contes bleus incompréhensibles, des excentricités cherchées, des exagérations ridicules. […] Ceci démontré, par des exemples, le ridicule et la critique que vous faites du réalisme, se montrent, et l’habileté de la tactique disparaît ; il ne reste plus qu’un article inutile, et que M.  […] René est une œuvre ridicule qu’Adolphe dépasse énormément.

216. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Ce siècle est ridicule, ou bien vieillot, de tant coucher avec les poupons. […] Dans la comédie, il n’est pas de vraies passions puisqu’elles sont ridicules. […] Ici, le ridicule tue. […]Ridicule ! […] Cela ne me gêne aucunement, c’est simplement un peu ridicule.

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