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571. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

À peine revenu auprès de Ney, la demande se réitéra avec rappel de tous les services rendus33, et un décret daté de Schœnbrunn, 27 décembre 1805, nomma Jomini adjudant-commandant, et l’attacha à l’état-major du 6e corps. […] Jomini revint bientôt en disant : « Sire, ce sont les Russes. » — « Bah ! […] Celui-ci part, quoique ayant son cheval blessé par un biscaïen devant Napoléon pendant qu’il recevait l’ordre, et revient au bout de quelques minutes dire que c’étaient en effet des Russes. […] Je revins à Landsberg, et je pris un de mes chevaux de selle.

572. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Un de ses premiers soins avec ceux qu’il voyait pour la première fois était de revenir sur le passé, de raconter les événements principaux de sa carrière active, et surtout la crise qui avait décidé de son changement de drapeau. […] Vous connaissez assez la disposition actuelle de mon esprit pour présumer que je ne suis pas bien éloigné de partager votre avis ; cependant lire une ode d’Horace, une élégie de Parny64, quelque morceau d’un éloquent historien tel que Tacite ou Tite-Live, c’est bien s’occuper du passé, et c’est ce que Denys le Tyran ne manquerait pas de faire avec quelque plaisir s’il revenait dans ce bas monde. […] Si vous lisez tout cela à monsieur de Motschanoff, je vous souhaite bien du plaisir. » Revenons aux études sévères. — Son Histoire des Guerres de la Révolution terminée, Jomini, malgré ses plaintes et cet ennui d’écrire qu’il ne faudrait cependant pas s’exagérer, devait n’avoir qu’une pensée et qu’un désir : continuer son récit et donner l’histoire des guerres de l’Empire. […] Mais aujourd’hui, sous le règne plus éclairé et libéral (au point de vue russe) de l’empereur Alexandre II, on est revenu à l’idée première qui présida à cette institution destinée à créer une pépinière d’officiers instruits et capables.

573. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Il me fit surtout l’effet, quand je le connus, de l’homme sensible (the man of feeling), égaré dans les voies romanesques, pratiquant l’élégie et en ayant tous les accents : Du besoin du passé notre âme est poursuivie, Et sur les pas du temps l’homme aime à revenir. […] Puis je m’en revenais, solitaire et superbe, Recevant le soleil et l’air par tous mes sens, Cueillant le frais bouton, ramassant le brin d herbe, Et le cœur inondé d’harmonieux accents. […] Ainsi, dans la seconde partie, lorsque Arthur, après un court éloignement, après cette rencontre si mémorable et si simple du vieillard sous les oliviers près d’Avignon, revient à sa terre, l’embellit, s’ouvre de toutes parts à travers sa forêt, comme à travers ses souvenirs, des perspectives vers le ciel, et remercie à genoux l’Auteur de ces biens ; lorsqu’il nous donne le journal de ses promenades, l’extrait de ses lectures, comme un bouquet champêtre assorti pour la parure de l’autel le jour de la fête de la patronne ; lorsqu’il nous raconte un des derniers jours d’octobre, ou sa belle cathédrale de Rouen, ou le salut de la Sainte-Catherine, ou le gazon frais des calvaires, l’effusion abonde, la charité coule par ses lèvres, se répand sur tous, et l’éternel christianisme des âmes tendres rajeunit et multiplie ses plus chers accents. […] Il ne pouvait s’empêcher presque chaque fois, dans ses articles très-peu critiques, de revenir à la poésie et aux souvenirs émus de ses jeunes années, aux principaux noms romantiques qui lui étaient restés chers : mon nom, à moi-même, y trouvait souvent son compte, et son amitié pour moi, à travers l’éloignement et l’absence, n’a jamais varié.

574. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Le comte Xavier de Maistre n’était jamais venu à Paris avant cet hiver ; il n’avait qu’à peine traversé autrefois un petit angle de la France, lorsque, vers 1825, il revenait de Russie dans sa patrie, en Savoie, et se rendait de Strasbourg à Genève, par Besançon. […] Hamilton, tout Irlandais qu’il était, avait du moins passé sa jeunesse à la cour de France, ou, ce qui revient presque au même, à celle de Charles II. […] Revenons au Voyage : les divorces, querelles et raccommodements de l’âme et de l’autre fournissent à l’aimable humoriste une quantité de réflexions philosophiques aussi fines et aussi profondes34 que le fauteuil psychologique en a jamais pu inspirer dans tout son méthodique appareil aux analyseurs de profession. […] M. de Lamartine, dans l’une de ses Harmonies, a célébré avec attendrissement ce retour de M. de Maistre, à qui, durant l’absence, une alliance de famille l’avait uni : Salut au nom des cieux, des monts et des rivages Où s’écoulèrent tes beaux jours, Voyageur fatigué qui reviens sur nos plages Demander à les champs leurs antiques ombrages, A ton cœur ses premiers amours !

575. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Non pas que je prétende, en faisant fi de la dignité des genres, que tous reviennent au même pour l’homme d’esprit, et que le cadre, le cercle qu’on se donne à remplir soient indifférents. […] Il excelle à décomposer le ressort principal, la situation qui, plus ou moins déguisée, revient presque toujours dans chaque talent. Chez tel auteur comique (notez-bien), c’est dans chaque pièce un personnage inconnu, mystérieux, qui revient et qui donne lieu à toute une variété d’incidents ; chez tel autre, c’est une épreuve, un semblant auquel on soumet un personnage ; pour le guérir d’un défaut, par exemple, on feindra de l’avoir71. […] Mélesville, il revint à la charge vers le Théâtre-Français, et s’attaqua hardiment au vice politique, ce nouveau ridicule tout récemment démasqué.

576. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Mais on est heureux lorsqu’à travers cette variété d’emplois et de talents on arrive de tous les côtés, on revient par tous les chemins au moraliste et à l’homme, à une physionomie distincte et vivante qu’on reconnaît d’abord et qui sourit. […] Au sortir d’un duel où l’on avait blessé un ami, on arrivait au déjeuner de l’abbé Raynal pour y guerroyer contre les préjugés ; on était le soir du quadrille de la Reine après avoir joui d’une matinée patriarcale de Franklin ; on courait se battre en Amérique, et l’on en revenait colonel, pour assister au triomphe des montgolfières ou aux baquets de Mesmer, et mettre le tout en vaudeville et en chanson. […] Chaque après-midi, à une certaine heure, dans les jardins, l’impératrice faisait sa promenade régulière : deux allées parallèles étaient séparées par une charmille ; elle arrivait d’ordinaire par l’une et revenait par l’autre. […] M. de Ségur, le lendemain du merveilleux retour de l’île d’Elbe, s’était rendu aux Tuileries pour y porter ses hommages et comptant bien y faire agréer ses excuses : il en revint ce qu’il avait été auparavant, c’est-à-dire grand-maître des cérémonies.

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