/ 3507
644. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Je n’en citerai que deux, que le nom seul de leur auteur suffirait pour rendre célèbres ; l’un est le panégyrique de Louis XV, et l’autre l’éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. […] … Ne rendra-t-on jamais qu’à la dignité ces devoirs si intéressants et si chers quand ils sont rendus à la personne, si vains quand ils ne sont qu’une partie nécessaire d’une pompe funèbre ? […] C’est là qu’on trouve le mot d’un jeune Brienne qui, ayant le bras fracassé au combat d’Exilles, monte encore à l’escalade en disant : Il m’en reste encore un autre pour mon roi et ma patrie  ; celui de M. de Luttaux qui, blessé de deux coups, affaibli et perdant son sang, s’écria : Il ne s’agit pas de conserver sa vie, il faut en rendre les restes utiles  ; celui du marquis de Beauveau, qui, percé d’un coup mortel, et entouré de soldats qui se disputaient l’honneur de le porter, leur disait d’une voix expirante : Mes amis, allez où vous êtes nécessaires ; allez combattre, et laissez-moi mourir.

645. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Un moyen de satisfaire ce besoin est d’imaginer des histoires qui le rendent intéressant. […] Quelques exemples rendront la chose claire aux profanes. […] Il veut rendre visible par les moyens de la peinture cette association d’idées. […] Un exemple va rendre la chose claire. […] C’est lui qui a rendu les symbolistes attentifs à cette école et les a poussés à son imitation.

646. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Je ne connais rien qui rende mieux la Suisse, telle que ses enfants la visitent et l’aiment : M. […] Ce goût d’enfance pour la langue d’Amyot, que Rousseau, si travaillé pourtant, avait aussi, rendit plus tard M. […] « Mais outres ces circonstances qui me le rendent cher, que de moments délicieux nous avons coulés ensemble ! […] Charles rêve, il rêve beaucoup plus depuis quelque temps ; il aime Louise, la fille du chantre, et s’il en croit de chers indices, une main donnée et oubliée dans la sienne à une certaine descente de montagne, Louise tout bas le lui rend. […] Trois jours après, à Genève, Charles, qui s’y est rendu en sortant de sa niche, dès qu’il l’a pu, reçoit du chantre une lettre qu’il faut lire en son idiome natif, et, jointe à la lettre, la montre de famille, gage des fiançailles.

647. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Que la France ne rendît pas responsable le fils irréprochable du duc d’Orléans du vote de son père, je le concevais ; mais que la France fît de ce malheur un titre au trône, c’était trop criant pour mon cœur. […] « Après le premier étourdissement que ne pouvait manquer de lui causer la nouvelle qu’elle recevait, Juliette, rassemblant ses forces et envisageant ses nouveaux devoirs, chercha à rendre un peu de courage à M.  […] Elle compta sur le temps et l’absence pour lui rendre moins cruelle la perte d’une espérance à l’accomplissement de laquelle il allait travailler avec ardeur en retournant à Berlin, car la paix lui avait rendu sa liberté et le roi de Prusse le rappelait auprès de lui. […] Le désespoir du prince s’exprima en sanglots contre ce coup de foudre, c’est son expression ; il voulut au moins revoir celle qu’il avait tant aimée et qu’il se flattait de ramener encore ; un rendez-vous fut concerté entre lui et madame Récamier à Schaffhouse ; Coppet n’était qu’à quelques pas de Schaffhouse sur le territoire libre et neutre de la Suisse ; sous prétexte d’un ordre d’exil de l’Empereur, qui lui interdisait Paris, madame Récamier éluda le rendez-vous de Schaffhouse, qui ne lui était aucunement interdit. […] Au moment de rendre cette transaction publique, Murat, extrêmement ému, vint chez la reine sa femme ; il y trouva madame Récamier ; il s’approcha d’elle, et, espérant sans doute qu’elle lui conseillerait le parti qu’il venait de prendre, il lui demanda ce qu’à son avis il devrait faire.

648. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Mais l’esprit de famille et l’esprit de contradiction, qui créent si vite l’esprit d’opposition contre ce qui gouverne, nous rendaient généralement plus hostiles au régime militaire de l’empereur que nous ne l’aurions été sous d’autres maîtres. […] Ce ne fut qu’après un mois ou deux de leçons et de négligence qu’elle s’avisa de cet expédient pour me rendre plus assidu ; car je n’ai jamais pu prendre sur moi de l’être. […] Dans le même temps on m’en tendit un d’une espèce plus dangereuse, auquel j’échappai, mais qui lui fit sentir que les dangers qui me menaçaient sans cesse rendaient nécessaires tous les préservatifs qu’elle y pouvait apporter. […] Mais du moins je n’étais pas seul alors ; la présence de ma sœur rendait cette retraite vivante. […] Je n’osais pas lui rendre les mêmes services, et je l’avais même priée de ne jamais entrer dans ma chambre ; mais qui peut mettre des bornes à l’affection d’une sœur ?

649. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

De Venise, il se rendit à Rome, où il contracta des liaisons d’amitié avec le cardinal Corsini, depuis pape sous le nom de Clément XII, et avec le cardinal de Polignac, l’auteur de l’Anti-Lucrèce. […] Platon remerciait les dieux de ce qu’il était né du temps de Socrate ; et moi je rends grâces à Dieu de ce qu’il m’a fait naître dans le gouvernement où je vis, et de ce qu’il a voulu que j’obéisse à ceux qu’il m’a fait aimer. […] Fait pour vivre dans la société, il y pouvait oublier les autres ; les législateurs l’ont rendu à ses devoirs par les lois politiques et civiles. […] M. de Montesquieu ne peut ignorer que le gouvernement chinois est un régime où le bâton n’est que le signe du mandarin qui rend la justice et qui frappe dans certains cas spécifiés le coupable avec sa baguette. […] « Dans les climats du Nord, à peine le physique de l’amour a-t-il la force de se rendre bien sensible ; dans les climats tempérés, l’amour, accompagné de mille accessoires, se rend agréable par des choses qui d’abord semblent être lui-même et ne sont pas encore lui : dans les climats plus chauds, on aime l’amour pour lui-même, et il est la cause unique du bonheur, il est la vie.

/ 3507