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1804. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

Le critique a besoin de n’être pas isolé, de n’être pas seul à sa table, plume en main, au premier carrefour venu ; il a besoin d’être dans un ordre de doctrines, au sein d’un groupe uni et sympathique qui le couvre, dans lequel il puise à tout instant la confirmation ou la rectification de ses jugements ; car souvent il ne fait autre chose pour les sentences qu’il rend qu’aller autour de lui au scrutin secret, en dépouillant toutefois les votes avec épuration et intelligence. […] Depuis dix ans, la main-d’œuvre poétique s’est divulguée ; les procédés que la nouvelle école avait cru rendre plus rares et plus difficiles ont été saisis du second coup par une foule de survenants qui, à chaque saison, pullulent.

1805. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Théocrite, dans le très grand nombre de ses vers, fait sentir le mouvement de légèreté et d’allégresse que rend, par exemple, ce vers de Virgile : Huc ades, o Melibœe ! […] C’est une des causes, entre tant d’autres, qui rend la traduction des Bucoliques impossible et presque nécessairement insipide ; car ce charme de la forme s’évanouissant, il ne reste rien de nettement dessiné et qui marque du moins les lignes du tableau.

1806. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

La royauté s’est perdue dans les esprits par son isolement, et c’est par un enfant qu’on espère lui rendre de l’ascendant ! […] Après le massacre des citoyens, pendant que nos pieds glissaient encore sur le sang répandu, nous aurions abandonné le soin des blessés, oublié les souscriptions pour les parents des morts ; les pouvoirs de la société auraient négligé de régler le présent qui seul nous appartient, pour discuter où on placerait le berceau d’un enfant, les thèmes qu’on lui ferait faire, et les petits honneurs à lui rendre.

1807. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Son article, pour nous autres Français, est tout simplement… (le mot d’inintelligent rendrait faiblement ma pensée), et il offre une confusion en tout point, qui doit nous rendre très humbles et un peu sceptiques dans les jugements que nous portons des littératures auxquelles nous n’avons pas assisté, même quand nous avons les pièces en main et que nous les avons compulsées soigneusement.

1808. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Nous remontons sans doute au moyen âge aussi ; mais c’est là, surtout au théâtre, une fièvre chaude, un peu factice, et qu’il est difficile de faire partager au grand nombre : au lieu qu’avec le xviiie  siècle, nous ne nous sentons pas tellement éloignés que cela ne rentre aisément dans nos goûts au fond et dans nos mœurs, sauf un certain ton, un certain vernis convenu qu’on jette sur les personnages, un peu de poudre et de mouches qui dépayse et rend le tout plus piquant. […] La marquise de Prie occupée à brûler les billets galants dont on l’assiège, et plaignant ce bon duc de Richelieu qui arrive sur le fait et lui rend à son tour la moitié de sa pièce : tout cela est engagé à merveille.

1809. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Socrate, Platon, aimaient mieux parler qu’écrire, parce qu’ils sentaient, sans se rendre précisément compte de leur talent, que leurs idées appartenaient plus à l’inspiration qu’à l’analyse. […] Alcibiade et Thémistocle ont voulu se venger de leur patrie en lui suscitant des ennemis étrangers ; jamais un Romain ne se fût rendu coupable d’un tel crime.

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