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382. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Je ne l’ai jamais rencontré dans mes recherches ; Dieu est une hypothèse dont je n’ai jamais eu besoin dans mes calculs. » Aucun homme, qui a reçu ce résumé de nos sens qu’on nomme logique, ne peut se contenter de cette négation : quant à moi, dans les effets, c’est la cause seule que je cherche ; une pensée de Socrate, une idée d’Aristote, une conception de Descartes, m’importent plus que ces milliers de faits sans conclusion de vos Cosmos sans âme et sans Dieu. […] « Les comètes, qui laissent quelquefois entrevoir les étoiles à travers leur queue, semblent être un composé de matière gazeuse plus apparente que dangereuse. » Quant aux pierres tombantes ou étoiles filantes qui étonnent souvent nos yeux, Humboldt les considère comme des millions de petites planètes emportées par un mouvement de rotation autour du soleil, et qui frappent aveuglément la terre quand nous les rencontrons, comme des papillons aveugles. […] Du concours de différentes causes, de différentes conditions, tant intérieures qu’extérieures, qui ne sauraient être signalées en détail, sont nées les races présentes des animaux ; et leurs variétés les plus frappantes se rencontrent chez ceux qui ont en partage la faculté d’extension la plus considérable sur la terre. […] La conquête, une longue habitude de vivre ensemble, l’influence d’une religion étrangère, le mélange des races, lors même qu’il aurait eu lieu avec un petit nombre d’immigrants plus forts et plus civilisés, ont produit un phénomène qui se remarque à la fois dans les deux continents, savoir, que deux familles de langues entièrement différentes peuvent se trouver dans une seule et même race ; que, d’un autre côté, chez des peuples très divers d’origine peuvent se rencontrer des idiomes d’une même souche de langues.

383. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Rappelons quelques passages caractéristiques : Anatole était le vivant exemple du singulier contraste qu’il n’est pas rare de rencontrer dans le monde des artistes. […] Je n’ai guère rencontré, pour ma part, des bohèmes et des petits journalistes aussi spirituels que ceux de la rédaction du Scandale. […] Par-delà nous rencontrons MM. de Goncourt. […] Je dois pourtant avertir que l’excentricité de ces locutions choquerait moins si on les rencontrait dans le texte, à leur place, surtout si on lisait tout un livre écrit dans ce goût (à moins qu’au contraire l’exaspération n’aille croissant).

384. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Vaugelas parle de courtisans, hommes et femmes, qui, ayant rencontré la locution à présent, dans un livre d’ailleurs très élégant, en quittèrent soudain la lecture, « comme faisant par là un mauvais jugement de l’auteur66. » Il y a cent anecdotes du même genre. […] A côté des esprits timides ou stériles, qui ne songeaient qu’à échapper à des écueils de grammaire, d’autres, en suivant naïvement leurs pensées, rencontraient, par l’analogie, des beautés nouvelles de langage, et les hasardaient dans quelque écrit, où souvent les lecteurs croyaient les revoir plutôt que les voir pour la première fois. […] Ceux qui par hasard les rencontrent en sont charmés ; mais le plus grand nombre passe outre sans les voir. […] Nous lisons les ouvrages avec une disposition d’esprit particulière, et le mérite de l’auteur est de se rencontrer si bien avec cette disposition que, pour parler comme Nicole, « il ne manque jamais de nous proposer sur chaque sujet les parties dont nous pouvons être touchés72. » Notre disposition en ouvrant un livre de pensées détachées, c’est une certaine curiosité qui, n’ayant aucun objet distinct, n’est contentée que par la rareté et la diversité de ceux qu’on lui offre.

385. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

À peine jetée sur l’eau, la petite chemise s’est soulevée. » Plus tard, chaque fois que je la rencontrais, ses yeux étincelaient : « Oh ! […] -tu l’as vu un jour ; il nous rencontra près du pont ; il te salua ; mais tu étais trop respecté dans le pays ; il n’osa te parler, et je ne voulus pas te le dire. […] Quand elles rencontraient ma sœur Henriette, elles la caressaient : « Ma petite, lui disaient-elles, votre grand’mère était une personne bien recommandable, nous l’aimions beaucoup ; soyez comme elle. » En effet, ma sœur l’aimait extrêmement et la prit pour exemple ; mais ma mère, rieuse et pleine d’esprit, différait beaucoup d’elle ; la mère et la fille faisaient en tout le contraste le plus parfait. […] Beaucoup de personnes pieuses s’y rencontrèrent.

386. (1914) Boulevard et coulisses

Elle est très importante aussi, parce qu’elle est une sorte de carrefour où se sont rencontrés le Paris de l’Empire et celui de la troisième République, où l’un a été définitivement écrasé et où l’autre a surgi dans le tumulte et la bousculade. […] Personnellement, j’ai été saisi de respect la première fois que j’ai rencontré un journaliste. […] Je le rencontrai un jour, dans la salle de rédaction, où il comptait beaucoup de camarades. […] Je venais de rencontrer quelques camarades d’école que j’avais perdus de vue, amenés au journalisme par le goût des lettres ou la nécessité de gagner leur vie.

387. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

À un certain endroit un pont, d’une seule arche se présente, jeté sur le gave, à quatre-vingt-dix pieds environ au-dessus du torrent : « Ce pont lui-même, antique et dégradé, revêtu de lierre qui pend de sa voûte en rustiques festons, a pris en quelque sorte l’uniforme de la nature, et a cessé d’être dans ce sauvage tableau un objet étranger. » L’uniforme de la nature est un de ces traits maniérés ou affectés qui se rencontrent quelquefois chez Ramond, mais qui ne sauraient compromettre le juste effet des ensembles. […] Le voyageur a continué de gravir les étages de la vallée de Gavarnie en s’élevant du côté du Marboré vers l’Espagne : Tout le long de l’étroit passage que je viens, dit-il, de décrire, nous avions rencontré des bergers des monts voisins de l’Espagne, qui en descendaient pour changer de pâturages.

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