/ 2008
1824. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

C’est cette manière raccourcie de comprendre l’Histoire religieuse, la même dans Hugo que dans Béranger, qui convient aux bourgeois, les dominateurs de l’opinion, je le crains, encore pour longtemps.

1825. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Une telle langue convenait à des âges religieux (les religions veulent être révérées en silence, et non pas raisonnées).

1826. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

D’abord, je ne concevais même pas une autre vie de poète que la sienne : du génie à dix-sept ans, une entrée claquante et cavalière dans la littérature, puis des amours insensées et d’insondables désespoirs, des angoisses religieuses en pleine débauche, une piété blasphématoire ; le « supplice du doute », qui me semblait alors une chose infiniment distinguée ; tout ce que peut donner la vie, dévoré à trente ans ; et alors le dégoût morne et sans fond, l’abandon de soi, l’oubli demandé à l’ivresse solitaire, et enfin la mort à quarante-six ans, la mort qui n’emporte plus qu’un cadavre ambulant… Je trouvais tout cela merveilleux. […] Nous avons vu, il y a quelques années, des personnages considérables, connus pour la pureté de leur foi religieuse, s’en tenir à cette morale : Que voulez-vous ? […] Et l’impression suprême serait une impression de tristesse, de fatalité et de mystère, avec quelque chose d’une terreur religieuse. […] Cet héroïsme nous traverse peut-être d’un frisson plus religieux que celui de Rysoor ou de Karloo, que celui des privilégiés qui ont le loisir et les moyens de se créer, par le travail de la pensée, un idéal de vie supérieure. […] Catulle Mendès, soit au nom de la morale religieuse (car que pourrait l’autre ici ?)

1827. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Évidemment nous ne leur demandons pas la beauté souveraine, la mesure dans la vigueur, la grâce dans la force, cet apanage exclusif de littératures qui s’épanouissent en pleine possession de l’idéal religieux et de la vérité morale. […] L’objet divin du récit et la majesté des Lieux-Saints peuvent expliquer suffisamment cette émotion convaincue, ce souffle religieux et attendri ; mais chez un sceptique du petit journal et du grand format, ceci atteste évidemment le voisinage des soutanes. […] Je ne crois pas que de tels contes, — en tant que prédication d’une foi politique et religieuse, — parviennent à persuader ou seulement à toucher personne.

1828. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Après cette explication de la théologie, des querelles religieuses et de l’inspiration mystique, que reste-t-il, même de l’Église anglicane ? […] Tel est ce grand et malheureux génie, le plus grand de l’âge classique, le plus malheureux de l’histoire, Anglais dans toutes ses parties, et que l’excès de ses qualités anglaises a inspiré et dévoré, ayant cette profondeur de désirs qui est le fond de la race, cette énormité d’orgueil que l’habitude de la liberté, du commandement et du succès a imprimée dans la nation, cette solidité d’esprit positif que la pratique des affaires a établie dans le pays ; relégué hors du pouvoir et de l’action par ses passions déchaînées et sa superbe intraitable ; exclu de la poésie et de la philosophie par la clairvoyance et l’étroitesse de son bon sens ; privé des consolations qu’offre la vie contemplative et de l’occupation que fournit la vie pratique ; trop supérieur pour embrasser de cœur une secte religieuse ou un parti politique, trop limité pour se reposer dans les hautes doctrines qui concilient toutes les croyances ou dans les larges sympathies qui enveloppent tous les partis ; condamné par sa nature et ses alentours à combattre sans aimer une cause, à écrire sans s’éprendre de l’art, à penser sans atteindre un dogme, condottiere contre les partis, misanthrope contre l’homme, sceptique contre la beauté et la vérité.

1829. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

. —  Liaison de l’esprit positif et de l’esprit religieux. —  Quelle faculté ouvre le monde des causes. […] L’esprit religieux et l’esprit positif y vivent côte à côte et séparés.

/ 2008