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739. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

Il a (regardez-y et même vous n’avez pas besoin d’y regarder pour en être frappé) la fécondité, la force, la profondeur, la grâce, la variété dans l’inspiration et cette unité dans le sentiment qui fait l’originalité d’un homme et qui lui crée son moi poétique, mais dans quelle proportion a-t-il tout cela, si ce n’est dans celle qui étouffe, en le restreignant, le génie, le génie à qui la place est nécessaire et qui ne peut jamais se passer d’horizons !

740. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

C’est une frivole et une étourdie, et quand on ne la prend pas par le chignon et par la nuque pour lui tourner la tête vers un chef-d’œuvre et lui mettre le nez dedans, elle ne le voit pas et ne songe même pas à le regarder. […] Le poète, c’est vrai, est ici moins que l’homme, moins que l’historien, plus puissant que le poète, qui a forcé le poète à regarder dans son cœur et à nous en faire l’écorché.

741. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Il a mieux à faire à présent qu’à sauter des barrières ou à se regarder dans ses uniformes, comme Georges Brummell, quand il était dans les hussards. […] Georges Lawrence nuance la force, mais une seule fois, exceptionnellement, il a opposé à toutes les riches nuances de la force, à toutes ces exaspérations ou extinctions de l’écarlate sur de l’écarlate, une faiblesse et le contraste d’une pâleur, et c’est quand il a fait raconter toute cette vie de Guy Livingstone à un pauvre camarade de collège, chétif et souffrant, qui la regarde et l’admire du fond de la sienne et de sa faiblesse.

742. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Quand on regarde ces mœurs à travers Hamilton et Saint-Évremond, on les tolère. […] Si vous regardez l’homme ainsi découronné, vous y retrouverez d’abord les instincts sanguinaires de la brute primitive. […] On les regarde, on salue et on approche. […] Écoutons plutôt miss Prue : « Regardez cela, madame, regardez ce que M.  […] Regardez, ma cousine, une tabatière !

743. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

La dame, un peu Yankee, se contentait de regarder leurs diplômes et de leur demander leur prix. […] Une double foule, comme toujours : celle des regardés et celle des regardants. […] Eh bien, il est de toute évidence qu’elles les regardaient comme nous regardons les singes du Jardin des Plantes. […] Pour moi, il en est peu, je l’avoue, que je regarde avec plaisir. […] Et, tout en conversant ainsi de l’air le plus tranquille du monde, elle regarde Astier dans les yeux… Il ne bronche pas.

744. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

On vit dans une époque, à la Cour, si c’est à une époque de cour ; on y passe sa vie à regarder, à écouter, et, quand on est Saint-Simon, à écouter et à regarder avec une curiosité, une avidité sans pareille, à tout boire et dévorer des oreilles et des yeux. […] Rien qu’à les regarder, il leur ôte de leur insipidité, il a surpris leur étincelle. […] C’est ainsi qu’on lit dans une des lettres de Madame, mère du régent : En France et en Angleterre, les ducs et les lords ont un orgueil tellement excessif qu’ils croient être au-dessus de tout ; si on les laissait faire, ils se regarderaient comme supérieure aux princes du sang, et la plupart d’entre eux ne sont pas même véritablement nobles (Gare ! […] L’exactitude dans certains faits particuliers est moins ce qui importe et ce qu’on doit chercher qu’une vérité d’impression dans laquelle il convient de faire une large part à la sensibilité et aux affections de celui qui regarde et qui exprime.

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