Lorsque d’Alembert fut reçu à l’Académie française en 1754, son élection fut très combattue et traversée de beaucoup d’obstacles, « et même il passe pour constant, rapporte La Harpe, qu’il y avait un nombre de boules noires plus que suffisant pour l’exclure, si Duclos, qui ne perdait pas la tête et qui était en tout hardi et décidé, n’eût pris sur lui de les brouiller dans le scrutin, en disant très haut qu’il y avait autant de boules blanches qu’il en fallait ». […] Dans une audience qu’il a du pape (Clément XIII), audience qu’il n’est pas empressé de rechercher, mais à laquelle il croirait peu séant de se soustraire puisque tous les Français connus se faisaient présenter, à la fin de l’entretien qui dure une demi-heure, il reçoit en cadeau de Sa Sainteté un chapelet et l’en remercie en lui baisant un peu brusquement la main, familiarité qui fait sourire les assistants, car c’est un privilège qui est réservé aux seuls cardinaux. […] Dès qu’un auteur produit une idée nouvelle, elle est aussitôt reçue comme vraie ; la nouveauté seule en est le passeport.
Celui dont elles ont jugé la sensibilité et les connaissances proportionnées à leur tempérament et à leur caractère ; celui auquel elles ont révélé les secrets d’une constitution faible et délicate ; celui qu’elles ont en même temps chargé de la conservation de leurs enfants, et des mains duquel elles les ont reçus, est devenu pour ainsi dire nécessaire à leur existence ; le perdre est un malheur qu’elles ressentent vivement : que l’on juge d’après cette réflexion des regrets que la mort de M. […] Saint-Lambert, directeur de l’Académie, recevait Vicq d’Azyr et lui répondait ; l’abbé Delille couronnait la séance par la lecture de deux morceaux de son poème de L’Imagination. […] Obligé d’assister à la fête de l’Être Suprême et d’accompagner le bataillon de sa section, il y reçut sa dernière atteinte morale et y contracta, sous un soleil ardent, la maladie dont il mourut, le 20 juin 1794, à l’âge de quarante-six ans.
Après la première déclaration d’Adolphe à Ellénore, celle-ci a refusé de le recevoir dans l’absence du comte de P…, et, pour être plus forte contre elle-même, elle est partie brusquement pour la campagne. […] Si vous ne me promettez pas, lui dis-je en la conduisant, de me recevoir demain chez vous à onze heures, je pars à l’instant, j’abandonne mon pays, ma famille et mon père, je romps tous mes liens, j’abjure tous mes devoirs, et je vais, n’importe où, finir au plus tôt une vie que vous vous plaisez à empoisonner. — Adolphe ! […] Je vous recevrai demain, me dit-elle, mais je vous conjure… — Beaucoup de personnes nous suivaient ; elle ne put achever sa phrase ; je pressai sa main de mon bras ; nous nous mîmes à table.
Il réussit cette fois au-delà peut-être de ses vœux : se voyant accueilli avec cette aigreur et presque censuré au nom de la morale et de la religion scientifique, au lieu de recevoir les remerciements auxquels il se croyait des droits, le professeur de Leyde fut découragé et en resta là, ne donnant pas la suite de cette Correspondance si intéressante pour les géomètres. […] Il est d’usage, à l’Académie française, que le directeur ou président en exercice, lorsqu’un membre meurt, préside également la séance et prononce le discours solennel le jour où ce membre est remplacé et où l’on reçoit son successeur : le mort, tout naturellement, y est fort célébré. […] Bour » ce dernier qui était en province reçut, peu après, une caisse contenant six gros volumes, formant un exemplaire unique des œuvres de Lagrange, lesquelles n’ont jamais été recueillies et sont éparses dans les mémoires des diverses Compagnies savantes.
Bignon vit, en passant à Dresde, M. de Senfft, s’entendit avec lui sur l’état des affaires dans le grand-duché, et en reçut des informations utiles. […] Bignon, d’espionner et de surveiller les démarches de la Russie, se rapporte précisément aux ordres qu’il avait reçus, et l’on s’en prenait à l’objet même de ses instructions, qui était d’éclairer son gouvernement sur les intrigues russes en Pologne aux approches d’une campagne. […] Matuchewitz et rempli de pensées solides et de traits d’une véritable éloquence. » Napoléon, en lisant ce discours, en reçut tout à fait la même impression : ce qui avait paru plus éloquent à quelques-uns et surtout à son auteur, il le trouva mauvais.
Trois ou quatre jours auparavant, le maréchal de Belle-Isle, ministre de la guerre, ayant reçu un courrier du comte de Clermont, qui n’apportait que des détails sur la position de l’armée, jugea pourtant devoir en rendre compte immédiatement au roi ; il le trouva dans la cour du château, déjà en carrosse, prêt à partir pour le pavillon de Saint-Hubert, et il n’hésita pas à faire arrêter le carrosse pour donner les lettres à lire : « Cela dura un demi-quart d’heure, nous dit M. de Luynes, et fit un spectacle, car il n’est pas ordinaire de voir un secrétaire d’État, ni qui que ce soit, faire arrêter les carrosses du roi, et c’est peut-être la première fois que cela est arrivé, au moins depuis longtemps. » Une victoire, en effet, eût été un grand soulagement après une aussi triste campagne, et, sans réparer les fautes, elle les eût couvertes ; l’honneur du comte de Clermont eût été sauvé. […] Lorsqu’il fallut opérer la retraite et retirer la grosse artillerie, ce furent des officiers qui durent prendre sur eux de l’escorter et de faire l’arrière-garde : ils n’avaient pas reçu d’ordre. […] Cependant les divertissements de Berny avaient aussi reçu leur échec : sans parler des dettes où tant de spectacles et de violons à payer avaient jeté le prince, il n’y avait plus moyen, comme auparavant, de venir à chaque fête, dans un couplet final, célébrer invariablement le héros de Lawfeld ou de Raucoux.