L’aptitude de cette race aux affaires ou aux lettres était proverbiale dans nos contrées.
L’état d’oppression et d’angoisse où Mme de Staël resta durant ces mois funestes ne lui permettait, dans les intervalles de son actif dévouement pour les autres, que de désirer la mort pour elle, d’aspirer à la fin du monde et de cette race humaine si perdue : « Je me serais reproché, dit-elle, jusques à la pensée comme trop indépendante de la douleur. » Le 9 thermidor lui rendit cette faculté de pensée, plus énergique après l’accablement ; et le prompt usage qu’elle en fit fut d’écrire ses Réflexions sur la paix extérieure et intérieure, dont la première partie s’adresse à M. […] Aussi il lui arriva souvent d’étonner, par ses empressements d’expansion et sa mise en avant, des Anglais, des Hollandais, des hommes distingués de ces races réservées et prudentes, lorsqu’ils la rencontraient dans le monde pour la première fois.
» Ainsi donc ce jeune magistrat, si opposé par sa nuance religieuse à notre vieille race parlementaire et gallicane des L’Hôpital et des de Thou, si supérieur par la gravité des mœurs à cette autre postérité plus récente et bien docte encore de nos gentilshommes de robe, de Brosses ou Montesquieu, M. de Maistre était autant versé qu’aucun d’eux dans les hautes études ; il vaquait tout le jour aux fonctions de sa charge, à l’approfondissement du droit, et il lisait Pindare en grec, les soirs. […] Chaque jour les grands emplois faisaient entrer dans la noblesse des hommes, qui obtenaient ainsi une illustration marquée, sans devenir pourtant tout d’un coup les égaux des gentilshommes de race : « La noblesse est une semence précieuse que le souverain peut créer, mais son pouvoir ne s’étend pas plus loin ; c’est au temps et à l’opinion qu’il appartient de la féconder. » Suivent des détails de l’ancienne organisation locale. — Le roi de Sardaigne avait publié un célèbre édit du 19 décembre 1771, pour l’affranchissement des terres en Savoie et l’extinction des droits féodaux.
Par les théories de l’hérédité et de la sélection elles rétablissent comme vérités scientifiques les préjugés de la « race » et de « l’aristocratie ». […] Il n’y a pas une grande distance, non seulement d’allures, mais même de race, entre maîtres et valets. […] Il faut entendre par là, non point le sentiment exalté de la dignité personnelle, ce serait état d’esprit que les anciens ont connu et qui se confond avec l’instinct du devoir ; non point l’orgueil féodal, le respect d’un nom longtemps porté haut par une race fière, ce qui est l’essence plutôt des aristocraties ; mais l’aptitude à se contenter pour sa récompense d’un titre « d’honneur » accordé par un souverain généreux et noble en ses grâces, le désir d’être distingué dans une cour brillante, l’amour-propre se satisfaisant dans un rang, un grade, un titre, une dignité. […] — Mais qu’il poursuive, dira quelqu’un : toute la théorie physiologique appliquée aux races humaines est dans ces principes ! […] Considérez, ainsi qu’il fait, un peuple comme un organisme : voyez en ce peuple sa sève se former, s’accroître, fleurir, produire, s’épuiser ; les sentiments, idées, préjugés, religions, arts, propres à l’essence de cette race, se former lentement, éclore en une civilisation particulière, décliner, s’effacer, disparaître… — Permettez !
Argus (c’est le nom de l’aîné des fils de Chalciope) commence en médiateur ; il essaye de disposer son grand-père en faveur des étrangers ; il raconte les services que lui et ses frères en ont reçus, le but de l’expédition, la qualité et la race divine de cette élite de héros ; que Jason ne vient que pour satisfaire aux ordres d’un tyran jaloux, et que, s’il obtient de plein gré la toison désirée, il est prêt, lui et ses amis, à payer ce bienfait par tous les services. — Éétès s’emporte à cette nouvelle, il met en doute la bonne foi des arrivants, il menace.
Weiss, cet ami d’enfance, bibliographe comme Nodier, et, qui plus est, homme d’imagination comme lui, l’un des derniers de cette franche et docte race provinciale à la façon du xvie siècle, héritier direct des Grosley et des Boisot, l’excellent Weiss est resté dans sa ville natale comme un exemplaire déposé de la vie première et de l’âme de son ami, un exemplaire sans les arabesques et les dorures, mais avec les corrections à la main, avec les marges entières précieuses, et ce qu’on appelle en bibliographie les témoins.