De l’unité de la vérité, il conclut à l’unité de l’être ; il confond l’idée et la réalité, la science et l’existence, et abolit tous les êtres en les concentrant dans un seul, lequel n’est plus qu’une notion impersonnelle, un nom stérile qui tombe à son tour dans le néant. […] Il reste encore un grand système : c’est le scepticisme, qui s’attaque à la puissance même de l’esprit humain et le déclare incapable de connaître le fond des choses, la réalité en soi. […] Guizot adhère à cette parole, qui semble n’être sous une autre forme que sa propre doctrine, lorsqu’il nous dit que l’infini est objet de croyance, non de science ; mais il ne consent point à nommer instinct cette intuition de la réalité intérieure et extérieure qui est le fait primitif de la connaissance.
En d’autres termes, la figure rigide n’est pas la réalité même : ce n’est qu’une construction de l’esprit ; et de cette construction c’est la figure de lumière, seule donnée, qui doit fournir les règles. […] Mais cette égalité et cette inégalité ont-elles le même degré de réalité, si elles prétendent s’appliquer au temps ? […] Elles lui équivalent, justement parce que la réalité vraie est l’égalité primitive, c’est-à-dire la simultanéité des moments indiqués par les deux horloges, et non pas la succession, purement fictive et conventionnelle, qu’engendreraient le mouvement simplement pensé du système et la dislocation des lignes de lumière qui s’ensuivrait.
Et sans doute il préféra le flatus vocis à la réalité, le dictionnaire à la nature. […] La réalité lui fournit des motifs d’émotion et, comme eux, il s’émerveilla dans les truandailles, les jacqueries et les kermesses. […] Il ne pourra donc pas ordonner son âme troublée, dans l’eurythmie de l’univers ; cette paix qu’il n’a jamais pu trouver dans le Rêve, la Réalité la lui refuse à son tour. […] Il y a, entre les lignes, une continuelle évocation, un mirage qui lève devant le lecteur la réalité des images… Les moindres détails s’animent comme d’un tremblement intérieur. […] Il devient, à la fois, emblème, allégorie, symbole et réalité.
Les mathématiques elles-mêmes, bien que n’apprenant rien sur la réalité, fournissent des moules précieux pour la pensée et nous présentent, dans la raison pure en action, le modèle de la plus parfaite logique. […] Le rêve pris pour une réalité et affirmé comme tel. […] La réalité est autrement variée. […] C’est que la première raconte le fait dans sa réalité toute nue, et que la seconde mêle à ce récit un élément subjectif, une appréciation, un jugement, une manière de voir du narrateur. […] Mais il faut prendre garde de transformer les analogies en emprunts réciproques, quand l’histoire ne dit rien sur la réalité de ces emprunts.
Plus encore, Ghil entend dégager, à partir de ces propositions, une loi métaphysique, la « loi d’amour et d’harmonie » qui, « pressant le devenir », s’offre comme un ordonnancement immanent de la réalité. […] Et cette notion, de contrôler la vieille pensée ataviquement littéraire par une neuve sincérité de sensation, délivrait la poésie de la stérilisante mémoire livresque… Saisie consciemment, elle eût pu, d’ailleurs, mener la génération vers le sens des réalités de la Vie — tandis que, nous venons de dire sous quelle action, toute réalité et toute connaissance de valeur expérimentale devaient être répudiées au principe par la généralité « Symboliste ». […] Lorsque tout le Parnasse tend au soin noble et précieux du mot et de l’image, en quoi d’ailleurs il perd contact avec la réalité et la vie, Baudelaire, lui, entre avec passion dans la vie qu’il veut étrange et pantelante. […] Dès cette époque, et le souci en est surtout sensible en l’Après-midi, sa poésie « se contente d’allusion à la réalité des choses ou de distraire leur qualité pour incorporer quelque idée. […] Jeux d’allusion aux plus minimes réalités, « l’idée » si l’on peut dire, apparaissant le contentement d’arriver à évoquer cette réalité (commode, rideau, vase ou guitare) sans la nommer !
En effet, la première cause c’est l’être ou les êtres d’où vient toute la réalité. […] Pour lui, il y a sous le moi une autre réalité qui sert de substratum à la réalité consciente. […] Mais la réalité, multiple et complexe, lui échapperait. […] Quelle est la réalité de l’idée générale ? […] Il veut nous montrer la réalité telle qu’elle est.