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114. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

C’est à ce besoin de changement que répondent mille choses dans la vie de tous les jours : l’institution des récréations et des vacances dans les écoles ; l’habitude d’entremêler dans l’enseignement divers sujets d’études, histoire, langues, mathématiques ; les brusques volte-face de la mode ; le goût des voyages et des jeux ; les règles de rhétorique qui recommandent à l’écrivain de réveiller l’attention par la diversité des tournures, etc. […] On ne voit pas pourquoi l’évolution sociale et en particulier l’évolution littéraire feraient exception à la règle. […] C’est un siècle calme, ordonné, conservateur, où la pensée et la société se reposent sous le joug multiple de l’Etat, de l’Eglise, des Académies, des traditions, des convenances et des règles de toute espèce. […] Mais d’après quelles règles, quels motifs conscients ou inconscients une époque opère-t-elle ce triage parmi les éléments que lui fournit l’époque précédente ?

115. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

La société marche dans des voies insolites, et n’accepte pour règle que des doctrines non éprouvées par l’expérience. […] Nous devons renoncer désormais à cette critique verbale qui n’entre point dans le fond des choses, qui s’attache surtout aux formes du style, à l’économie d’une composition, à l’observance de certaines règles, à la comparaison superstitieuse avec les modèles, sorte de critique secondaire dont M. de La Harpe est souvent un modèle si parfait. […] Le goût, qui n’est autre chose que le tact des convenances, suffit pour achever de détruire les derniers vestiges de cette idolâtrie de l’imagination ; et la langue française, docile surtout aux règles du goût, commence à refuser son appui à de telles divinités. […] Les règles que je prescris ici devraient être longuement développées : ce serait la matière d’un livre tout entier.

116. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] Mais que signifient tous ces principes, si le goût est une chose de caprice, et s’il n’y a aucune règle éternelle, immuable, du beau ? Si le goût est une chose de caprice, s’il n’y a aucune règle du beau, d’où viennent donc ces émotions délicieuses qui s’élèvent si subitement, si involontairement, si tumultueusement, au fond de nos âmes, qui les dilatent ou qui les serrent, et qui forcent de nos yeux les pleurs de la joie, de la douleur, de l’admiration, soit à l’aspect de quelque grand phénomène physique, soit au récit de quelque grand trait moral ?

117. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Malheureusement, il est plus aisé d’admettre cette règle en principe et théoriquement que de l’appliquer avec persévérance. […] Notre principal objectif, en effet, est d’étendre à la condition humaine le rationalisme scientifique, en faisant voir que, considérée dans le passé, elle est réductible à des rapports de cause à effet qu’une opération non moins rationnelle peut transformer ensuite en règles d’action pour l’avenir.

118. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

Échappant aux règles du goût par l’excentricité même de sa nature intellectuelle, — car c’est un excentrique que Mercier, et il a je ne sais quoi dans l’esprit qui rappelle la bizarrerie de certaines imaginations anglaises, — méconnaissant l’autre règle de la vie, plus importante que le goût, c’est-à-dire la religion, qui, en nous éclairant le cœur, fait monter la lumière jusqu’à la pensée, Mercier s’adapte exactement à l’époque qu’il a plutôt inventoriée que peinte.

119. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

En France, tout ce qui n’est pas une connaissance intéressant le plus grand nombre, ou, une règle de conduite pour quiconque a la bonne volonté, risque fort de n’être qu’une superfluité et un défaut. […] Les aspirations qui renforcent les sons ne figurent, dans le corps de ses règles, qu’à titre d’exceptions ; les atténuations ou les élisions de certaines parties de mots, qui semblent des moyens d’éluder certaines difficultés de prononciation, y sont inconnues. […] Le soin de la propriété n’est d’obligation que là où la langue a des règles fixes, et où les mots étant comme des touches qui rendent des sons distincts, l’impropriété dans le langage blesse comme une note fausse dans la musique. Mais que serait-ce, sinon une gêne odieuse pour l’écrivain, là où la langue n’a d’autre règle que le goût des auteurs, et où le goût des auteurs est l’unique règle des jugements du public ? […] Je me borne à les comparer avec nos règles, auxquelles il est tout simple que j’accorde la préférence.

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