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636. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

La question se résolut pour lui d’elle-même et par la meilleure des démonstrations. […] Ces idées qu’il jetait à l’état de questions, à la fin de son premier ouvrage, montraient que le second était déjà en germe dans son esprit. Il avait passé de l’étude des métaux à celle des hommes ; il passait maintenant de celle-ci au traitement des sociétés : il se préparait à aborder résolument les questions de réforme.

637. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Le fait essentiel d’une religion d’après lui, est de résoudre la question du passé et de l’avenir de l’homme, mais de son passé et de son avenir en une autre vie, de son passé et de son avenir métaphysiques en quelque sorte. […] Voilà le sage des psychologistes, aussi incomplet vraiment, aussi mutilé que celui des stoïciens ; et c’est par rapport à ce sage idéal pourtant que la société de l’avenir devrait achever de s’organiser ; car si l’humanité, c’est-à-dire tout ce qui a valeur en elle, est éternellement tourmenté du problème de la destinée, si la révélation n’y peut rien, et s’il n’y a que la raison individuelle de qui chacun puisse attendre un oui ou un non qui l’apaise ; il convient évidemment que la société de l’avenir soit constituée de manière que le plus grand nombre d’hommes puisse vaquer à la solution de ce problème et de toutes les questions qu’il comprend. […] Pour nous, l’acte se rapporte toujours au rapport que le moi établit, entre lui et l’extérieur ; par conséquent, lorsque nous parlons d’activité, c’est de l’action matérielle de l’homme sur l’univers et de sa puissance motrice qu’il est question.

638. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Cette question spirituellement posée en contient deux qu’il nous faut distinguer. […] Mais cette première question se subdivise en deux autres : car pour déterminer la valeur d’un exercice, il faut en définir : 1° le but, 2° la méthode. […] Je crois que ceux même qui mettent le plus en question la valeur de l’explication de textes ne le nient pas2.

639. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Arrivés au terme de notre analyse des antinomies, nous devons, pour fixer nos conclusions, examiner quelques questions d’ordre général. […] Une première question est celle de savoir si le mot antinomie est bien celui qui convient pour désigner les conflits qui peuvent s’élever cuire l’individu et la société. […] Il ne peut être question d’antinomies au sens absolu qu’à propos de thèses et d’antithèses métaphysiques, telles que celles que Kant a mises aux prises, vainement d’ailleurs, dans sa Critique de la raison pure et qui ne sont que des couples de notions contradictoires érigées en absolus, chacune de son côté, par la vertu d’un artifice dialectique. — Pris au sens relatif, le mot antinomie signifie que deux choses sont dans un rapport tel que le développement de l’une se fait aux dépens du développement de l’autre, que la pleine affirmation de l’une contrarie la pleine affirmation de l’autre, que l’une tend à détruire ou du moins à amoindrir et à affaiblir l’autre.

640. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Dumas, c’est la forme incomplète et presque frivole qu’il a donnée à une question scabreuse et dramatique entre toutes, encore pleine de catastrophes et de larmes : celle du fils naturel, et de sa position, offensive et défensive à la fois, vis-à-vis de la loi qui le déshérite et du père qui l’a délaissé. […] Alexandre Dumas est le roman, la légende, la féerie du fils naturel ; ce n’en est ni l’histoire réelle, ni la question vraie et vivante. […] Et le comte accepte, et il signe, de bonne grâce, l’acte notarié de sa déchéance ; et ce débat, qui remue tant de questions blessantes, se maintient dans un ton parfait d’enjouement et de confiance affectueuse.

641. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

  Dans l’impossibilité de vider la question de moralité entre Furetière et ses accusateurs, que nous reste-t-il à juger, à nous postérité ? D’un côté un ouvrage considérable, un ouvrage gigantesque, et qu’en raison de l’étendue et de la nouveauté du plan on peut appeler original ; un livre qui, rajeuni de siècle en siècle par les révisions de grammairiens tels que Huet, Basnage et les Pères de Trévoux, est encore resté aujourd’hui, pour l’homme de lettres, l’autorité décisive et l’encyclopédie grammaticale la plus complète ; de l’autre une obscure Batrachomyomachie de tracasseries misérables, de questions personnelles, sans profit pour le public et sans intérêt pour l’histoire. Tels sont, en dernière analyse, les véritables termes de la question ; et c’est ainsi que nous aurions voulu la voir présenter dans le discours préliminaire du secrétaire perpétuel de l’Académie française Et maintenant, comment l’auteur d’un travail aussi important, comment cet homme assez érudit, et en même temps assez intelligent, pour concevoir et conduire à fin, seul, une entreprise de cette taille, le premier répertoire complet du langage français ; ce savant qui à la qualité d’érudit intelligent et laborieux réunissait à un haut degré la verve originale du romancier, le goût dans la critique, la vivacité d’esprit du pamphlétaire ; comment cet homme a-t-il pu descendre dans un aussi complet oubli ?

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