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532. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Ainsi, dans les chansons de geste contemporaines des croisades, la première qualité des personnages offerts à notre admiration, c’est la force. […] Puis Philippe de Comynes raconte avec une sérénité parfaite, sans un mot de blâme, sans un cri d’indignation, les trahisons, les perfidies, dont abonde l’histoire contemporaine, les trafics de conscience dont il a été le témoin et le complice en qualité de conseiller du roi Louis XI. […] La littérature a créé, comme toujours, un type en qui s’incarnent les qualités et les vices du moment. […] Si au contraire elle se donne pour tâche d’élever et de redresser les âmes, si elle entend, non pas seulement faire naître des fleurs et des herbes folles, mais semer le bon grain, elle aura d’autres qualités et d’autres défauts.

533. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Le nouveau prince que l’homme de lettres doit servir est un singulier mélange de qualités et de travers. […] Si vous dites que l’abondance des produits nuira à leur qualité, on vous répondra que s’il faut vendre beaucoup pour s’enrichir, il faut produire du bon pour vendre beaucoup ; ainsi l’intérêt des auteurs est le garant de leur travail, le public en reste le juge. […] C’est une erreur de croire que l’intérêt même de l’écrivain lui défendra toujours de sacrifier la qualité à l’abondance. Sans doute au début de la carrière, quand il s’agit de se faire un nom, la qualité est indispensable : une grande célébrité ne s’établit jamais sans un certain talent.

534. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Ne contribue-t-elle pas à modifier, soit la quantité, soit la qualité des unités sociales dans un sens favorable à l’égalitarisme ? […] Dans les relations économiques, on tient compte non de « la qualité » des hommes, mais, à quelque classe qu’ils appartiennent, de la quantité d’argent qu’ils peuvent offrir en échange de telle marchandise. […] Normalement, par l’acte de l’échange, les qualités sont effaces. […] De nos jours, l’administration anglaise, dans l’Inde, ébranlera l’esprit de caste, non pas seulement en mêlant dans ces cadres les gens de toutes castes, mais encore et surtout en permettant aux membres des castes réputées inférieures de s’élever, dans la hiérarchie des grades, au-dessus des autres, s’ils l’on mérité par leurs qualités propres de fonctionnaires185..

535. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

C’est une famille pour qui je me suis toujours senti un profond respect, en qualité de poète et de malade. […] Le reproche qu’on peut faire à M. de Meilhan, c’est de n’observer l’homme que dans ce cercle-là et de ne pas voir qu’il s’élevait déjà des classes nouvelles, dépositaires de meilleures mœurs et de qualités plus naturelles. […] Ceux qui possèdent ces avantages et ces qualités y seraient impatiemment soufferts et s’y trouveraient déplacés.

536. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Son père, entré en qualité de doyen des conseillers au parlement de Metz, qui était de création nouvelle, laissa ses enfants aux soins d’un frère qui était conseiller au parlement de Dijon. […] Il montre ce Sauveur qui cherche avant tout la misère et la compassion, évitant de prendre la nature angélique qui l’en eût dispensé, sautant par-dessus en quelque sorte, et s’attachant à poursuivre, à appréhender la misérable nature humaine, précisément parce qu’elle est misérable, s’y attachant et courant après quoiqu’elle s’enfuît de lui, quoiqu’elle répugnât à être revêtue par lui ; voulant pour lui-même une vraie chair, un vrai sang humain, avec les qualités et les faiblesses du nôtre, et cela par quelle raison ? […] … Ici encore il me semble que Bossuet jeune excède un peu ; et de même que, dans la première partie, il avait été jusqu’à parler, à propos du Dieu fait homme, des qualités du sang et de la température du corps, il va insister dans cette seconde partie sur les horreurs de la famine et les détails infects de la contagion.

537. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Le caractère des dessins que je n’ai pas qualité pour juger est pur, simple, linéaire ; l’artiste, évidemment, s’est attaché à interpréter le plus possible son auteur dans le sens délicat et chaste, dans l’intention du beau pur ; il ne faut chercher ici rien de ce que les gravures du Régent faisaient saillir, l’ingénuité traduite spirituellement, galamment, et même avec une pointe de libertinage. […] Marmontel, dans son Essai sur les Romans, en sa qualité d’homme qui lisait et connaissait assez peu à fond les Anciens, est encore plus tranchant sur Daphnis et Chloé. […] Il fait très-bien voir le mérite de composition, de la peinture des caractères, la grâce, la finesse, enfin toutes les qualités du poème, mais sans l’enthousiasme poétique de Goethe.

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