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651. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

L’insouciance dédaigneuse exerce un grand pouvoir sur l’enthousiasme le plus pur ; la douleur même perd jusqu’à l’éloquence dont la nature l’a douée, lorsqu’elle rencontre un esprit moqueur ; l’expression énergique, l’accent abandonné, l’action même, l’action généreuse est inspirée par une sorte de confiance dans les sentiments de ceux qui nous environnent ; une froide plaisanterie peut la glacer. […] Mais comment retrouverait-on l’image pure et fière d’une femme, dans un pays où les relations de société ne seraient pas surveillées par la plus rigoureuse décence ? […] Une probité sévère inspire une confiance si noble, un calme si pur, qu’il est bien rare qu’elle ne fasse pas deviner, dans quelque état que l’on soit, tout ce qu’une bonne éducation aurait appris.

652. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Mais voici où commence l’artifice pur, l’exercice de rhétorique — insurgée si vous voulez, mais de rhétorique. […] Et voici comment le poète nous peint son amour : C’est un goinfre attablé qui, plus que de raison, Enivré de vin pur, gavé de venaison, Ote le ceinturon qui lui serre la taille, Et, sans peur d’avoir mal au ventre, fait ripaille. […] C’est beaucoup converser avec un pur néant.

653. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mallarmé n’entreprenait rien, pour forcer l’attention, qui ne le fût en pure perte. […] L’excellence de sa leçon consistait en ceci, qu’il engageait les poètes à : 1º S’éblouir de leur foi ; 2º Donner un sens plus pur aux mots de la tribu. […] C’étaient murmure, insinuations, tonnerre pour les yeux, toute une tempête spirituelle menée de page en page jusqu’à l’extrême de la pensée, jusqu’à un point d’ineffable rupture ; là, le prestige se produisait ; là sur le papier même, je ne sais quelle scintillation de derniers astres tremblait infiniment pure dans le même vide interconscient, où comme une matière de nouvelle espèce, distribuée en amas, en traînées, en systèmes, coexistait la Parole !

654. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

En attendant, il est toujours utile de constater certaines coïncidences curieuses où il est bien difficile de voir un pur effet du hasard. […] En effet, de même que le montagnard (j’entends le montagnard pur, non affiné et non gâté) appelle la montagne « le mauvais pays », l’homme redoute et n’admire pas les torrents, les ravins, les escarpements, tant qu’il y voit un danger et un obstacle permanents. […] Bernardin de Saint-Pierre, qui habita l’île de France, qui rêva d’aller établir une colonie en plein cœur de l’Asie, sur les bords de la mer d’Aral, avait à peine huit ans qu’il s’enfuyait de la maison paternelle pour vivre de racines et d’eau pure, comme les Pères du désert, dont il avait lu ou entendu lire les légendes.

655. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

III Deux bons chapitres (xiii et xiv) sur la sympathie, l’imitation et l’émotion idéale, c’est-à-dire celle qui a pour cause de pures idées et non des réalités, précèdent l’exposition esthétique. […] Les devoirs de pur sentiment imposant des prescriptions non essentielles au maintien de la société : devoirs très variables selon les temps et les peuples : boire du vin eu l’honneur de Bacchus, sortir avec un voile comme les musulmanes, s’abstenir de nourriture animale comme les brahmes, etc. […] Les législations de Bouddha, de Solon, de Lycurgue, de Confucius, de Mahomet, ne sont pas de pures créations de leur cerveau.

656. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Il n’en aurait nul besoin, il ne faudrait ni fable, ni fiction, il suffirait d’un style droit, pur et naturel. » Quoiqu’elle n’ait rien dit de trop ici, il faut pourtant remarquer que homme à qui elle écrivait lui avait témoigné l’ambition d’être l’historien du roi. […] Elle appréciait ces hommes illustres, elle les aimait, elle avait quelque chose de leur talent, beaucoup de la sagesse de leur esprit, un goût aussi pur en littérature, seulement plus délicat en tout ce qui touchait à la décence et peut-être à la morale. […] Mais c’est une politesse que madame de Sévigné a cru devoir à son cousin, en reconnaissance de l’intérêt qu’il témoignait pour La Fontaine, par pure courtoisie pour elle.

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