/ 2619
485. (1913) Poètes et critiques

Je recommande aux purs lettrés l’Idylle de Théocrite. […] Ainsi procède le sculpteur : il a gardé le souvenir d’un pur camée syracusain et, un matin, il pétrit dans ses doigts la statue imitée et originale. […] Victor Giraud : car quelques éléments, propres à détourner, à pervertir la pure tradition du sentiment chrétien, s’y joignent et s’y mêlent. […] etc. » que ces paraboles pleines de fraîcheur, jaillissant tout à coup comme une source d’eau très pure ! […] je suis à l’Index, et dans les dédicaces Me voici Paul V… pur et simple.

486. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

C’est que le monde où nous vivons, et que nous dénommons réel, est une pure création de notre âme. […] Ils furent, sous la douce chaleur de leur ciel, le peuple de la pure dialectique. […] Les poètes antérieurs avaient fait une pure musique ; séduisant par elle seule : M.  […] Un charme délicat nous pénètre, un subtil parfum, une légère coulée de sons doux et purs. […] À ses concitoyens, servants, hier, d’un culte cruel, il a offert le culte nouveau d’une pure charité.

487. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Dans cette amitié entre deux âmes déjà si faites et si égales, il y a ceci pourtant à remarquer que si quelque supériorité semble, d’un côté, c’est plutôt de celui de La Boétie, en ce sens que c’est lui qui exhorte son ami et qui, l’aîné des deux, paraît aussi le plus ferme dans la voie de la vertu et de la pure morale. […] La Bruyère, qui a dit ce beau mot : « Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres », ne paraît pas admettre cette formation prompte et soudaine du même sentiment : L’amour, dit-il, naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine. […] Cette liaison n’est ni passion ni amitié pure : elle fait une classe à part. […] Mais je ne sais personne qui en ait mieux parlé dans la pure nuance et la juste mesure qu’un auteur du commencement de ce siècle, que je cite quelquefois, et à qui la France doit un souvenir, puisqu’il est du petit nombre des étrangers aimables qui ont le mieux écrit en Français : Malgré les treize lustres qui pèsent sur ma tête, écrivait M. 

488. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il concourut comme rédacteur aux Archives philosophiques, politiques et littéraires en 1817-1818133 et en 1819 au Lycée français, recueil distingué et délicat de pure littérature134. […] J’ai noté les mérites, le sens précoce, les vers élevés ou touchants de Loyson : j’omets ce qui chez lui est pure bagatelle, bouts-rimés et madrigaux ; car il en a, et la mode le voulait ou du moins le souffrait encore. […] Ses premières poésies attirèrent l’attention dans le moment ; un peu antérieures, par la date de leur publication, à l’éclat de la seconde école romantique de 1828, on les trouva pures, sensibles, élégantes ; on ne les jugea pas d’abord trop pâles de style et de couleur. […] La langue poétique intermédiaire dans laquelle Jean Polonius se produisit a cela d’avantageux qu’elle est noble, saine, pure, dégagée des pompons de la vieille mythologie, et encore exempte de l’attirail d’images qui a succédé : ses inconvénients, quand le génie de l’inventeur ne la relève pas fréquemment, sont une certaine monotonie et langueur, une lumière peu variée, quelque chose d’assez pareil à ces blancs soleils du Nord, sitôt que l’été rapide a disparu.

489. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

non pas ; tout cela est de la fausse rhétorique et de la pure phrase. […] Et ce n’est pas un pur accident et chez un seul personnage ; toute la forme de mauvais goût autour de lui reproduit, comme dans un pendant, les bizarreries courantes d’Ausone à Sidoine. […] Or, plusieurs théologiens prétendirent que le Père Sirmond s’était fort mépris sur la valeur du manuscrit, et qu’il avait lu au sérieux un pur libelle, forgé, il y avait plus de douze cents ans, par quelque semi-pélagien qui s’était donné à plaisir un adversaire absurde et odieux pour le mieux réfuter, comme il arrive quelquefois173. […] j’aimais voir l’eau couler Et briller ces flots purs, et mes pleurs les troubler.

490. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

M. de Saint-Priest croit qu’on l’a fait trop barbare, trop sauvage, voire même Osage, un pur chef de clan, qu’on l’a trop destitué des traditions monarchiques qu’il puisait, lui aussi, de haute source dans la mythologie d’une race sacrée. […] Autrefois (selon la théorie que j’expose) il n’y avait pas d’élection de la part des leudes, il n’y avait qu’acclamation, reconnaissance, adhésion, une pure cérémonie : ici le choix formel se déclare et crée le droit qui ne découle plus du sang. […] Ni le glaive ni les édits n’avaient pu dissiper le prestige charmant de ce panthéisme rural, immortalisé par Hésiode et par Virgile : l’Ager romanus, les vallons de l’Arcadie ou de la Sabine, conservèrent longtemps ces fêtes gracieuses où Pan et Palès, à l’ombre des platanes, au bruit des fontaines murmurantes, recevaient la brebis marquée de cinabre et la fleur de pur froment. […] L’histoire en a profité cette fois, mais elle les admet peu en général ; son front, d’ordinaire impassible, ne laisse guère monter jusqu’à lui les mille éclairs sous-entendus et les sourires ; — et voilà pourquoi, en pur critique littéraire que je suis, j’ai toujours crainte de m’approcher, comme aussi j’ai peine à juger du masque de cette muse sévère.

/ 2619