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1464. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

C’est une pure merveille et l’on comprend assez qu’une pareille pièce n’ait eu aucun succès dans sa nouveauté. […] Pourquoi donc ce second acte, dont la plus grande partie au moins est un pur remplissage ? […] Il est pur et tendre. […] L’auteur nous fait rire par l’exposition pure et simple de ce vice dans tout son détail et non en le faisant battre par quoi que ce soit. […] C’est une bonne petite tête, on la sent saine, pure, clairvoyante et d’une volonté parfaitement inébranlable.

1465. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Il est aisé de reconnaître ceux des écrits qu’a revus l’académicien bel-esprit : ils sont plus purs, et moins véhéments que tous les autres. […] Mais du moins cette voix est pure, et, comme elle n’a jamais flatté aucune espèce de tyrannie, elle ne s’est pas rendue indigne de célébrer un moment l’héroïsme et la vertu. […] Les mœurs étaient pures. […] Il est donc vrai que le caractère de la veuve d’Hector, en prenant les couleurs sévères du christianisme, devient plus pur et plus touchant que dans l’antiquité même. […] La langue poétique de Racine est plus correcte et plus pure : celle de Voltaire est plus vive et plus passionnée.

1466. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Le besoin que nous avons d’oublier quelquefois notre condition, — d’ouvrir la fenêtre, en quelque manière, pour respirer un air plus pur, pour embrasser un horizon plus vaste, — ils parurent tout à point pour le satisfaire. […] Lorsqu’il y a quelque cent ans, Kant écrivait sa Critique de la raison pure, ce n’était pas, nous le savons, pour fortifier ou pour multiplier les motifs de doute. Bien au contraire, tout ce qu’il enlevait à l’autorité de la raison pure, il se proposait de le restituer à la raison pratique, et ainsi de fonder, sur les ruines de l’ontologie, la certitude et la souveraineté de la loi morale. […] L’homme n’est pas une intelligence pure, il est aussi une volonté, et celle volonté, le cartésianisme l’énerve, ou plutôt il l’anéantit, en lui enlevant, son objet, qui est de vivre. […] On a dit de lui qu’il était une réponse vivante aux Provinciales, et on a eu raison, car il est difficile d’enseigner une morale plus sévère que la sienne, plus pure, plus étrangère à ces compromissions que Pascal avait éloquemment reprochées aux jésuites.

1467. (1887) Essais sur l’école romantique

Comment elle conçoit le beau en littérature : elle se souviendra des formes pures du Télémaque. […] Ôtez lui sa hardiesse ; que de chances de plus d’être pur, correct, tempéré : que de chances de moins d’être sublime ! […] Venez : l’onde est si calme et le flot est si pur ! […] Victor Hugo a commencé par les orages ; il peut, il doit finir par ce noble repos du poète qui retrouve, au sortir des mauvais jours, un ciel pur sur une terre amie. […] N’est-ce pas contre nature, de scandaliser avec une bouche si jeune, et d’être, à la fois, pur de cœur et effronté en paroles ?

1468. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

… Car, ou dans le tronc, ou dans le rameau, l’oiseau vient s’abriter et construire son nid, et la bête féroce choisit sa tanière ; la nature les guide et leur offre les eaux pures, douces, rafraîchissantes, le pré, la colline, la montagne ; respirant l’air salubre et vital, le ciel libre et la lumière qui les enveloppe, les réchauffe, les ravive… « Ah ! […] « Je suis à Mantoue, écrit-il à son ami Licinio, logé auprès de l’illustrissime prince, servi par ses domestiques de tout ce que je puis désirer, fêté par Leurs Altesses sous tous les rapports ; ici je jouis d’une bonne table, d’excellents fruits, d’un pain savoureux, d’un vin doux et sucré, tel que mon père l’aimait tant, d’admirable poisson, d’abondant gibier et surtout d’un air pur ; peut-être cependant, ajoute-t-il, que l’air de Bergame, ma patrie, est encore plus sain… Je veux rester à Mantoue, parce que mon appartement y est magnifique, et que le prince m’y comble de courtoisie ; j’y veux jouir d’abord de tout l’été et même de l’hiver prochain. […] Je ne désire ni les sceptres ni les trésors ; les soucis de l’ambition ou de l’avarice n’habitent point dans mon âme ; une onde pure me désaltère, et je ne crains point qu’une main perfide y mêle des poisons ; mes brebis, mon jardin, fournissent à ma table frugale des mets qui ne me coûtent que des soins. […] « J’ai demandé à être transporté au monastère de Saint-Onufrio, non pas seulement parce que l’air, au jugement des médecins, y est le plus pur de Rome, mais aussi et surtout afin de pouvoir de ce lieu élevé, et grâce aux dévots religieux de ce couvent, y commencer de plus près mon entretien avec le ciel.

1469. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Elle qui passe et Bonaparte qui s’en vient, voilà les deux seuls visages, en marbre pur, qui apparaissent dans tout le cours de cette histoire, où chaque figure a l’ulcère d’un vice ou le front courbé d’une bassesse. […] Nous citerons un chapitre sur Carnot qui déconcertera quelque peu ceux-là qui lui avaient constitué et arrangé un petit domaine de vertu pure. […] Et des miettes de ce temps arraché à la politique et donné à la science pure, il finit par faire, au bout de ces trente ans, un livre qui résume le plus cher et le plus intime de sa pensée. […] Cette grande langue pure du xviie  siècle revenait à travers les formes haletantes du journalisme pour les étendre et les élever, et ce qui n’était, jusque-là, que de la puissance, devenait alors de la beauté !

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