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789. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Demogeot enfin, le dernier et non le moins bien préparé, profitant des travaux des autres et des siens propres (car il est auteur d’un fort bon Précis sur notre histoire littéraire), vient aujourd’hui étendre, diversifier ses vues et renouveler avec esprit, avec vivacité et savoir, une matière qui n’est pas encore épuisée. […] de nos propres luttes civiles et de nos acharnements pour ce qui nous semblait si absolument la bonne cause. […] quelle juste couronne il se tresse de ses propres mains ! […] Là aussi, toutefois, il a rencontré quelques accents, et des accents dans le ton qui lui est propre. […] Le Cardinal avait eu à triompher, entre autres difficultés, dans la conduite de cette affaire, de la légèreté ou du peu d’habileté du propre ambassadeur du roi, M. du Fargis.

790. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il l’avait étudiée dans son propre cœur, où ses maîtres de Port-Royal lui avaient appris à lire sans complaisance ; il l’avait reconnue dans la fatalité du théâtre antique. […] S’il paraît sur la scène, soyez sûr que le poète n’en a pas pris les traits à un type à la mode ; il est allé les chercher, sur les indications de son propre cœur, dans les entrailles maternelles, où l’imagination n’a pas d’empire. […] Et tel est le charme de la vérité pour les mortels, qu’ils applaudissent à la peinture de leur propre misère, et qu’ils se consolent presque de souffrir quand ils savent pourquoi ils souffrent. […] Il verra que le propre d’un événement de ce genre est d’agiter à la fois tous les personnages ; que tous sont dès l’abord sous l’empire de la catastrophe qui se prépare : voilà l’unité d’action. […] Mais tel est le propre de la perfection, que les uns ne la voient pas, et que les autres ne la supportent pas.

791. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Zola avait remarqué de lui-même plusieurs faits curieux dans son propre entourage. […] Qu’on nous permette une comparaison peu propre, mais juste : un fumier empeste un jardin, quand bien même le jardin est tout parsemé de fleurs. […] Sa plume court sur le papier, et ce n’est pas sa personnalité propre qui la conduit, ce sont les personnalités des autres, les souvenirs que malgré lui, par sa propre nature d’imitation, il emprunte à droite et à gauche. […] Ce procédé est propre à M.  […] Non, elle le trouvait seulement plus propre, elle se reposait mieux dans sa chambre, où elle croyait prendre un bain.

792. (1887) George Sand

De son propre mouvement, dans cette période de sa vie commençante, elle ne lisait pas, elle était paresseuse par nature et avec délices ; elle avouait qu’elle n’avait pu se vaincre plus tard qu’avec de grands efforts. […] L’inévitable déclamation arrive, comme toujours, quand le style n’est plus le son même de l’âme, directement frappée par son émotion propre. […] C’est l’œuvre propre de George Sand dans ses adorables paysanneries. […] Il essayait de tout ; il cherchait et tâtonnait pour son propre compte. […] Sa grand’mère était la propre fille du maréchal Maurice de Saxe et d’une des demoiselles Verrière, bien connues au xviiie  siècle.

793. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il y a plus : poëte, romancier, préfacier, commentateur, biographe, le littérateur est volontiers à la fois amateur et nécessiteux, libre et commandé ; il obéira maintes fois au libraire, sans cesser d’être aux ordres de sa propre fantaisie. […] … » Idylle et catastrophe, une vive et brillante promesse interceptée, son imagination avait pris de bonne heure ce tour dans le sentiment de sa propre destinée et dans l’expérience des malheurs particuliers, réels, auxquels il est temps de venir. […] Deux questions, qui dominent l’étendue de son talent, nous semblent à poser : 1° la nature et surtout le degré d’influence des grands modèles étrangers sur Nodier, qui, au premier aspect, les réfléchit ; 2° sa propre influence sur l’école moderne qu’il devança, qu’il présageait dès 1802, qu’il vit surgir et qu’il applaudit le premier en 1820. […] Le petit volume de Poésies qu’il publia en 1827 vint montrer tout ce qu’il aurait pu, s’il avait concentré ses facultés de grâce et d’harmonie en un seul genre, et combien cette admiration fraternelle qu’il prodiguait autour de lui était négligente d’elle-même et de ses propres trésors par trop dissipés. […] Un an avant la publication de ses propres Poésies, Nodier donnait, de concert avec son ami M. de Roujoux, un second volume de Clotilde de Surville186, qui est en grande partie de sa façon.

794. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Cette année les moines leur ont distribué leur propre provision de grain à 16 livres au-dessous du cours ». […] Institué pour que la souveraineté et le patronage ne soient pas divisés, il ruine les nobles, depuis que la souveraineté et le patronage n’ont plus de matière propre. « En Bretagne65, dit Chateaubriand, les aînés nobles emportaient les deux tiers des biens, et les cadets se partageaient entre eux tous un tiers de l’héritage paternel. » Par suite, « les cadets des cadets arrivaient promptement au partage d’un pigeon, d’un lapin, d’une canardière et d’un chien de chasse. […] De fait, il n’y eut jamais de salon si bien tenu, ni si propre à retenir ses hôtes par les plaisirs de toute sorte, par la beauté, la dignité et l’agrément du décor, par le choix de la compagnie, par l’intérêt du spectacle. […] Il ne peut avoir chez lui aucun furet, aucune arme à feu, aucun engin propre à la chasse, ni se faire suivre d’un chien même impropre à la chasse, à moins que ce chien ne soit tenu en laisse ou n’ait un billot au cou. Bien mieux, on lui défend de faucher son pré ou sa luzerne avant la Saint-Jean, d’entrer dans son propre champ du 1er mai au 24 juin, d’aller dans les îles de la Seine, d’y couper de l’herbe ou de l’osier, même si l’herbe et l’osier sont à lui ; c’est qu’à ce moment les perdrix couvent, et que le législateur les protège ; il aurait moins d’égards pour une femme en couches ; les vieux chroniqueurs diraient de lui comme de Guillaume Rufus que ses entrailles sont paternelles seulement pour les bêtes.

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