Si ces expressions peuvent convenir dans un grand nombre de cas à la forme vive, elles ne sauraient, la plupart du temps, s’appliquer à la parole intérieure calme : celle-ci a dans la vie humaine sa raison d’être, son rôle propre, sa fonction ; sans doute elle n’est pas sans rapports de dépendance à l’égard de la parole extérieure, mais elle en dépend de si loin que ces rapports ne paraissent pas ; si l’on s’abstient de rechercher ses origines et si on la considère au moment même où elle se produit, la parole intérieure calme est bien réellement indépendante de la parole, car, dans notre intention, elle ne la prépare pas, elle ne la remplace pas, elle existe seulement pour la pensée. […] L’habitude corrigée par l’attention, associée à l’attention, produit des phénomènes fréquents, mais toujours vifs et nets à la conscience, d’une intensité comme d’une durée sensiblement fixes ; de tels phénomènes, dont la répétition n’est pas compensée par l’affaiblissement, sont ce que nous appelons des habitudes positives. […] Mais elle est devenue, par son incessante réalisation, si proche de l’acte que, tout en conservant la généralité, c’est-à-dire l’indifférence à la nature particulière de l’acte complexe qui la manifeste, elle ne peut plus se passer de le produire ; elle se réalise encore sans besoin, d’une manière, pour ainsi dire, automatique, dans le silence de la pensée. […] Le son, être distinct de nous et de l’objet qui l’a produit, est une espèce de création hors de nous et étranger à toute la nature », etc., etc.
Mais Michelet, lui, n’y rabâche pas Michelet ; car se rabâcher, c’est encore en quelque degré se produire, et Michelet, le même, malheureusement, d’idées, n’y est plus le même par l’expression et ne reproduit plus la sienne. […] Ce n’est donc point seulement, comme nous l’avons dit, parce que ce livre ne donne qu’une sensation déjà produite par un livre antérieur, qu’il ne suffit pas aux esprits troublés, salis ou corrompus, et qu’il a manqué son succès, mais c’est encore parce que, moralement aussi mauvais que le premier, littérairement, ce livre est pire. […] La physiologie a produit les effets du hatchisch sur le cerveau de Michelet. […] La moelle de lion dont ce Chiron, en 1847, beurrait les tartines qu’il donnait à avaler à la jeunesse, n’a point, que je sache, produit immensément d’Achilles.
Foâ 92, regrettent souvent que la traite n’existe plus. » Montesquieu avait donc raison : « Ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre. » Ainsi, souvent, l’impression que produit sur nous l’aspect physique des hommes gouverne le jugement que nous portons sur leur valeur ; nous classons les gens « sur la mine ». […] Mais les réflexions qui précèdent nous l’ont fait comprendre : qui dit hétérogénéité des occupations, des idées, des facultés mêmes mentales ou physiques, n’a pas dit encore inégalité des droits ; et prétendre que la division du travail impose l’inégalité aux sociétés comme elle produit le polymorphisme dans les organismes, C’est méconnaître le caractère psychologique des unités sociales : le milieu social agit sur elles non pas seulement par les transformations quasi-mécaniques qu’il leur impose, mais encore et surtout par les idées et les sentiments qu’il leur inspire. […] Gardons-nous de retomber à ce propos dans l’erreur cent fois énoncée qui « met la charrue avant les bœufs » : une société ne peut naître de contrats entre individus ; les contrats entre individus supposent au contraire, pour être valables et produire un effet social, l’existence d’une société selon les règles de laquelle ils sont formulés et par la puissance de laquelle, une fois formulés, ils sont garantis. […] « L’habitude chaque jour plus générale de prendre exemple autour de soi, dans le présent, au lieu de prendre exemple exclusivement derrière soi, dans le passé… produit l’uniformité vaste des idées et des goûts, des usages et des besoins qui rend possible, puis nécessaire, non seulement la fusion des peuples assimilés, mais encore l’égalité des droits et des conditions, c’est-à-dire la similitude juridique entre les citoyens de chaque peuple devenus semblables sous tant d’autres rapports140. » Le triomphe de la mode serait donc l’avant-coureur de l’égalitarisme.
On reste confondu en voyant ce qu’il sut faire et produire pendant les cinq années qui suivirent sa sortie de Saint-Sulpice, de la fin de 1845 à 1850. […] En même temps, une évolution se produisait dans ses conceptions politiques. […] Combinées avec le fâcheux état des affaires publiques, elles ont produit la catastrophe de 1789 et la très imparfaite réorganisation de 1800. […] Rome est comme les grandes œuvres de l’esprit humain ; l’impression qu’elle produit est très complexe. […] Une idée ne se produit qu’à la condition d’être dans l’esprit humain et d’aider au développement général de l’humanité.
Dieu n’est plus au bout de la science ou de la métaphysique : il n’est qu’un « produit de la conscience ». […] Aussi, l’impression que le « sage de Francfort », dans ses dernières années, produisait sur ceux qui rapprochaient, était-elle plutôt pénible. […] Voyez avec quelles précautions il introduit ses idées, quand elles lui paraissent hardies, voyez comme il insiste d’avance, comme pour l’atténuer, sur l’impression que, pence-t-il, elles ont produite ou vont produire. […] Desjardins : ils l’ont aidé à se produire. […] Généralement, leur essai de réaction a pour point de départ une impression profonde produite par les spectacles de l’injustice ou de la misère.
La maniere dont il soutient ce paradoxe, est analogue à la tournure d’esprit qui l’avoit produit.