Une des principales causes des plaisirs de notre ame lorsqu’elle voit des objets, c’est la facilité qu’elle a à les appercevoir ; & la raison qui fait que la symmétrie plaît à l’ame, c’est qu’elle lui épargne de la peine, qu’elle la soulage, & qu’elle coupe pour ainsi dire l’ouvrage par la moitié. […] Comme il faut que l’objet que l’on doit voir d’un coup-d’oeil soit simple, il faut qu’il soit unique, & que les parties se rapportent toutes à l’objet principal ; c’est pour cela encore qu’on aime la symmétrie, elle fait un tout ensemble. […] Une chose peut nous surprendre comme merveilleuse, mais aussi comme nouvelle, & encore comme inattendue ; & dans ces derniers cas, le sentiment principal se lie à un sentiment accessoire fondé sur ce que la chose est nouvelle ou inattendue.
Nous touchons là à l’un des traits principaux qui caractérisent l’esprit de M. de Broglie, et en général l’esprit doctrinaire, en prenant ce mot dans son vrai sens primitif. […] Dans l’été de 1833, une conférence avait eu lieu à Münchengrätz, en Bohême, entre les souverains de Russie, de Prusse et d’Autriche, et leurs principaux ministres ; il en était résulté un concert assez menaçant pour nous. […] Ayant subi un échec sur la question des indemnités réclamées par les États-Unis d’Amérique, M. de Broglie crut devoir se retirer du cabinet en avril 1834 ; mais il y rentra en mars 1835, y retrouvant ses mêmes principaux collègues, et avec le portefeuille des Affaires étrangères il eut cette fois la présidence du Conseil.
On loua quelques parties de son discours de réception ; mais ce qui parut à tout le monde un néologisme intolérable et une énormité du plus mauvais goût, ce fut d’avoir osé dire, en résumant les principaux écrits et les événements de la vie de son prédécesseur : « Tel est, messieurs, le tableau que présente la vie de l’écrivain justement célèbre qui entre aujourd’hui dans la postérité ! […] En vain l’abbé Maury chercha-t-il à se faire interrompre, s’interrompit-il lui-même, se plaignit-il qu’on ne voulait pas l’entendre ; en vain, abandonnant et reprenant le sujet principal de son discours, se perdit-il dans les digressions les plus étrangères, interpella-t-il personnellement Mirabeau et lui jeta-t-il vingt fois le gant de la parole ; au moindre mouvement d’impatience qui s’élevait dans l’Assemblée : « Attendez, monsieur l’abbé, disait Alexandre Lameth avec un sang-froid désespérant, je vous ai promis la parole, je vous la maintiendrai. » Et, se tournant vers les interrupteurs : « Messieurs, écoutez M. l’abbé Maury : il a la parole ; je ne souffrirai pas qu’on l’interrompe. » Ayant ainsi expliqué au long tout ce jeu de scène et de coulisse, Ferrières termine en disant : « Après deux grandes heures de divagations, tantôt éloquentes, tantôt ennuyeuses, l’abbé Maury descendit de la tribune, furieux de ce qu’on ne l’en avait pas chassé, et si hors de lui, qu’il ne songea pas même à prendre de conclusions. » Or, quand on lit dans les Œuvres de l’abbé Maury, ou même dans l’Histoire parlementaire de MM. […] Ne lui demandez ni grande finesse, ni grande nouveauté, ni curiosité vive ; mais il est large, il est plein, il va au principal ; il s’entend à poser l’architecture et les grandes avenues du discours ; il les démontre en maître chez les maîtres.
Augustin Thierryef l’un des premiers, parti de l’idée confuse que les événements comprennent dans leurs causes d’autres facteurs que leur auteur principal, et exagérant l’effet de ces facteurs secondaires, a attribué une importance excessive à l’influence des masses dans les faits historiques. […] Ici encore, ou constante et marquée pour les coadjuteurs principaux, ou momentanée, vague, imperceptible même, en dehors du moment précis de l’exécution, pour les subordonnés intimes, c’est la similitude des âmes entre le chef et la masse qui fait la possibilité et qui répartit le mérite d’une grande œuvre accomplie. […] Au contraire, les données principales sur lesquelles se base l’esthopsychologie ont ceci de particulier, qu’elles sont nécessairement et pour ainsi dire automatiquement véridiques.
Voici donc le chemin de cette composition, la religion, l’ange, le saint, les femmes qui sont à ses piés, les auditeurs qui sont sur le fond, ceux qui sont à gauche aussi sur le fond, les deux grandes figures de femmes qui sont debout, le vieillard incliné à leurs piés, et les deux figures, l’une d’homme et l’autre de femme vues par le dos et placées tout à fait sur le devant, ce chemin descendant mollement et serpentant largement depuis la religion jusqu’au fond de la composition à gauche où il se replie pour former circulairement et à distance, autour du saint une espèce d’enceinte qui s’interrompt à la femme placée sur le devant, les bras dirigés vers le saint, et découvre toute l’étendue intérieure de la scène, ligne de liaison allant clairement, nettement, facilement chercher les objets principaux de la composition dont elle ne néglige que les fabriques de la droite et du fond, et les vieillards indiscrets interrompant le saint, conversant entre eux et disputant à l’écart. […] Il m’y fait discerner trois plans principaux très marqués, le plan de la religion qu’il renvoye à une grande distance sur le fond, celui qu’il occupe, et celui de la prédication qu’il pousse en devant. […] Je remarquai que dans la composition de Doyen, où il n’y avoit que quatorze figures principales, il y avoit trois grouppes, et que dans celle de Vien où il y en avoit trente-trois et peut-être davantage, toutes étoient distribuées par masse et qu’il n’y avoit proprement pas un grouppe ; que dans le tableau de la manne de Poussin, il y avoit plus de cent figures, et à peine quatre grouppes, et chacun de ces grouppes de deux ou trois figures seulement ; que dans le jugement de Salomon du même artiste, tout étoit par masse et qu’à l’exception du soldat qui tient l’enfant et qui le menace de son glaive, il n’y avoit pas un grouppe.
On saisit en cela la ligne de force principale de l’ouvrage, qui entend ouvrir l’espace clos dans lequel l’esprit fin de siècle avait tenu la poésie. […] Puis, à une seconde reprise, ils y ajoutent pièce à pièce, en pignochant, par un travail de pointillé tout à fait méritoire, les ténèbres qui constituent leur principale originalité. » (Quisait, « Gaulois », 22 Sept. 86.) […] Voici donc le dénombrement des principales publications où se formulent et sont pratiquées les théories de la nouvelle et remuante Ecole dont les prophètes sont : MM. […] Maintenant, il semble, à l’inspection des sommaires, que ce soit le même essaim qui va alvéoler à ces trois ruches principales : MM. […] Rosny il ne la maintenait pas moins en expression de haut éclectisme, ainsi qu’en témoignent les noms des principaux rédacteurs n’appartenant pas en même temps aux « Ecrits pour l’Art » : de J.