Si l’œuvre d’art ne sort pas de l’esprit pour prendre une forme sensible, elle demeure aux yeux de tous une simple velléité. […] Un public fouetté par les mots et qui prend les mots pour des choses, ébloui par les images et qui les prend pour des êtres. […] En principe, le public n’a pas de préférences ; il se laisse prendre par où l’on veut le prendre, à condition qu’on le prépare à être pris. […] Ses moyens sont directs et, ma foi, traditionnels : ils ne vous prennent pas de biais. […] D’un art qui n’appartient qu’à son auteur, nous pourrons prendre des leçons, non des exemples.
L’artiste souffre ; il arrive dès l’abord, sous le poids des siècles qui ont précédé, mais aussi sous leur aiguillon, dans un monde où les premiers rôles de la poésie et de l’art sont pris et, en quelque sorte, usurpés par les ancêtres. […] Le directeur de la Revue et moi, nous profitâmes donc d’un moment où il était absent de Paris pour brusquer en apparence et faire passer l’article, dont il n’aurait ensuite qu’à prendre son parti. […] — Je veux que vous ayez des remords comme j’en ai lorsque me prend cette mauvaise pensée. […] Prenez et lisez. […] « Vous voyez que je m’y prends de loin.
Il prit ses personnages en province, parce que ce fut là qu’il les trouva ; il les prit dans une condition médiocre, parce qu’elle faisait mieux ressortir la vanité de leurs prétentions. […] Voici, au reste, d’autres exemples de ce mot pris, en bonne part. […] Une précieuse fait l’éloge de Corneille, une autre qui préfère Benserade, poète plus galant et homme de cour, une troisième prend le parti de Chapelain. […] Leclerc) prit une plume, et Rosalie (madame Leroi) et Silénie (madame de Saint-Loup) se préparèrent à décider ce qu’il fallait ajouter ou diminuer dans les mots. […] Il y avait peut-être lieu pour Molière à prendre quelques précautions d’après les avanies faites à l’abbé de Pure, cinq ans auparavant.
Nous allons voir qu’on s’y prend tout différemment pour retenir, selon la manière dont on devra se rappeler. […] Il prenait, en quelque sorte, une photographie mentale du tout, qui permettait ensuite le rappel immédiat des parties. […] Je me disais qu’en essayant, avec elles, des diverses voyelles tour à tour, je réussirais à prononcer la première syllabe et à prendre ainsi un élan qui me transporterait jusqu’au bout du mot. […] A ce moment précis l’invention a pris corps : la représentation schématique est devenue une représentation imagée. […] Tout se passe comme si l’on tendait une rondelle de caoutchouc dans divers sens en même temps pour l’amener à prendre la forme géométrique de tel ou tel polygone.
Les défauts de Beyle n’en sont plus quand on le prend de la sorte à l’état de voyageur et qu’on use de lui pour compagnon. […] La part de vérité de détail, qui peut y être mêlée, ne me fera jamais prendre ce monde-là pour autre chose que pour un monde de fantaisie, fabriqué tout autant qu’observé par un homme de beaucoup d’esprit qui fait, à sa manière, du marivaudage italien. […] Depuis que Beyle taquine la France et les sentiments que nous portons dans notre littérature et dans notre société, il m’a pris plus d’une fois envie de la défendre. […] Il faut écrire pour se faire plaisir à soi-même, écrire comme je vous écris cette lettre ; l’idée m’en est venue, et j’ai pris un morceau de papier. […] Toutes les fois que Beyle a eu une idée, il a donc pris un morceau de papier, et il a écrit, sans s’inquiéter du qu’en dira-t-on, et sans jamais mendier d’éloges : un vrai galant homme en cela.
Il parle très haut, et quand nos deux pauvres petits rouges-gorges entendirent ce grand bruit, ils furent pris aussitôt d’une émulation de le surpasser. […] Newton une escapade et une fuite de son lièvre favori qui, un soir, pendant le souper, rompt son treillage, prend sa course à travers la ville, et qu’on ne parvient à rattraper qu’après toute une odyssée aventureuse, on lira une lettre très grave, très élevée, à une de ses nobles cousines qu’il n’avait pas vue depuis des années, qui avait été très belle, et à qui les hautes et sérieuses pensées étaient devenues familières. […] Prenons tout simplement le poème par le premier chant et au début. […] Et je te prends à témoin, — ô compagne chérie de mes promenades (Mme Unwin) ! toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps !