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705. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

On peut placer les Fourchambault au premier rang du répertoire de M.  […] Victor Chauvel, un jeune homme de mérite, sérieux et laborieux premier commis de M.  […] C’est l’esprit qui règne dans ce premier acte. […] Madame Fourchambault, du reste, son premier mouvement de colère passé, l’approuve franchement et lui donne raison : « Voilà le mari qu’il m’aurait fallu !  […] Fourchambault a cru choisir la meilleure part, en préférant une femme classée et posée à la maîtresse de son premier choix ; et cette sagesse est une sottise, cette préférence une bévue.

706. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Une lettre écrite dans l’intervalle nous le montre en proie à une colère furieuse dont la cause première était dans sa défaite électorale, mais qui s’aigrissait encore de circonstances particulières, à nous inconnues. […] La philosophie politique de Saint-Just était déjà tout entière, en effet, dans ce premier discours. […] Il a gardé de son premier métier de poète la faculté des images : seulement les siennes sont sobres, d’une nature sombre et forte ; on dirait qu’il les a trempées dans le Styx : « Pour vous, s’écrira-t-il, détruisez le parti rebelle, bronzez la liberté !  […] Ces organisations, composées d’éléments douteux et sombres, échapperaient du moins à cette première fièvre violente de fanatisme, qui les altère à jamais et les dénature. […] Mon appréciation du caractère de Saint-Just ne dépend point, d’ailleurs, de ces premiers actes de jeunesse, même quand ils se seraient passés comme M. 

707. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Un des signes auxquels il est possible de reconnaître les hommes de premier ordre est, semble-t-il, un certain sceau d’uniformité dont toutes leurs œuvres sont marquées. […] On montrera bientôt qu’elle laisse place à une autre interprétation ; mais on va respecter, tant que l’on se tiendra à considérer le Bovarysme dans l’œuvre de Flaubert, cette première impression qui s’en dégage. […] Et c’est sous son premier aspect le Bovarysme de la connaissance. […] La foi populaire en l’absolu de la science repose donc sur une croyance latente en l’existence d’une cause première d’où l’ordre phénoménal pourrait être déduit dans son entier. Elle s’exprime en un Bovarysme de la cause première.

708. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. […] Or ce que nous affirmons de l’assimilation et de l’invention, nous devons l’affirmer de la pensée tout entière ; car toute pensée, simple concept ou jugement, a été dans l’âme une première fois avant d’y devenir habituelle et familière, et, cette première fois, elle a été assimilée ou inventée ; elle est venue du dehors par le moyen des mots, ou bien nous l’avons trouvée par notre propre réflexion, en nous aidant, pour la chercher et pour chercher son expression, des notions et des mots déjà connus. […] Si, par bonheur, les différences sont nulles, si les deux pensées coïncident exactement, l’expression provisoire est acceptée à titre définitif, la pensée nouvelle a rencontré du premier coup sa vraie formule ; c’est là le cas de l’inspiration ; mais l’inspiration, nous l’avons montré, n’est d’ordinaire que le terme d’une réflexion oubliée249. […] Tous ces secours manquaient aux premiers essais de la pensée ; plus on est jeune, plus l’expression première est incomplète et inexacte ; plus on est jeune, moins on a les moyens d’être inspiré ; plus on est jeune, moins la parole peut aider la pensée, plus on cherche ses mots, moins vite on les trouve, moins appropriés ils sont à bien rendre les découvertes de l’entendement. […] Inversement, il arrive parfois qu’un nom propre dit devant nous ne nous rappelle rien au premier moment ; puis nous reconnaissons de qui l’on a parlé ; nous reconnaissons, c’est-à-dire nous comprenons.

709. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Si elle lisait quelques livres de plus que les moult génies et nobles damoyselles de sa famille à l’époque des premières Croisades, c’est que l’auteur, au capuchon baissé, de l’Imitation, François de Sales et Fénelon sont venus longtemps après Saint Louis. […] Après s’être habillée, elle faisait une prière vocale ou mentale, et lorsqu’elle était dans une ville, elle ne manquait pas d’aller entendre la messe au premier autel. […] Il nous a dit l’influence de Muse qu’eut Eugénie sur ses premières années, leur mutuelle « éducation dans les bois », et ces contemplations infinies, qui ont donné un délicieux parfum de bucolique à tout ce qu’ils ont jamais écrit tous les deux. […] …………………… …………………… Premiers vers de Guérin, flûte de pâtre qui balbutie une note divine, mais où une haleine comme celle de Mozart a déjà passé ! […] Le partage des impressions premières leur avait constitué un sensorium commun indestructible.

710. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

C’est ainsi que les dictionnaires, et non seulement les écrits littéraires, sont pleins de fausses onomatopées269, qui ont trompé les auteurs des premiers traités sur le langage ; « nous entendons les bruits de la nature, dit très justement M.  […] Pendant une première période, leur signe est symbolique ; on les conçoit au moyen d’idées intermédiaires, sortes d’aides-pensée, indispensables aux premiers bégayements de l’intelligence273, mais dont la persistance est nuisible après cette période. […] La comparaison et l’examen, la recherche du probable et du vrai, viendront à leur heure, si les germes déposés dans l’esprit par ses premiers efforts ne sont pas ensuite étouffés par la paresse ou la peur. […] Le premier et principal objet de la psychologie, c’est la succession consciente ; si l’on appelle psychique uniquement ce qui est conscient, connue cela seul qui est psychique est légitimement psychologique, les faits proprement inconscients ne font pas partie de l’objet de la psychologie, du moins de son premier et principal objet. […] Outre son premier et principal objet, qui seul est observable et ne l’est pas tout entier, la psychologie a donc un second objet, qui peut être défini : la condition du premier objet, en tant qu’elle peut être exprimée dans les mêmes termes que lui.

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