Les Mémoires de Franklin sont d’une lecture pleine d’intérêt pour tous ceux qui ont eu les débuts laborieux, qui ont éprouvé de bonne heure les difficultés des choses et le peu de générosité des hommes, qui ne se sont pourtant ni aigris ni posés en misanthropes et en vertueux méconnus, ni gâtés non plus et laissés aller à la corruption intéressée et à l’intrigue, qui se sont également préservés du mal de Jean-Jacques et du vice de Figaro, mais qui, sages, prudents, avisés, partant d’un gain pénible et loyal, mettant avec précaution, et avec hardiesse quand il le faut, un pied devant l’autre, sont devenus, à divers degrés, des membres utiles, honorables, ou même considérables, de la grande association humaine ; pour ceux-là et pour ceux que les mêmes circonstances attendent, ces Mémoires sont d’une observation toujours applicable et d’une vérité qui sera toujours sentie. […] Comment cette toute petite île, qui, si on la compare à l’Amérique, ne fait l’effet que d’une pierre posée en travers pour passer un ruisseau, n’ayant à peine au-dessus de l’eau que ce qu’il faut pour empêcher qu’on ne se mouille le soulier ; comment, dis-je, cette petite île fait-elle pour réunir à souhait, dans presque chaque voisinage, plus d’esprits sensés, ingénieux et élégants que nous n’en pouvons recueillir en franchissant des centaines de lieues dans nos vastes forêts ?
À parler rigoureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, la question ainsi posée ne saurait recevoir de solution catégorique. […] On voit que, pour admettre cette proposition, il n’est pas nécessaire de soutenir que la vie sociale est faite d’autre chose que de représentations ; il suffit de poser que les représentations, individuelles ou collectives, ne peuvent être étudiées scientifiquement qu’à condition d’être étudiées objectivement.
Le second (3 + 5 + 4) ayant une deuxième césure enjambante, voit sa mesure quelque peu rompue, à cause de la pose, après l’atone, qui fait tomber l’e muet sur Naïades. […] Cette coutume dura jusqu’à Malherbe, qui, sans se préoccuper de la non-prononciation des consonnes finales, posa le principe de la rime aux yeux.
On garde fidèlement l’ordre naturel des pensées, on s’attache aux transitions, on marche pas à pas sans poser jamais un pied plus vite ni plus loin que l’autre, et avec la régularité d’une procession. […] Dans l’histoire et dans la biographie, il restera orateur en dépit de lui-même : ses grandes qualités employées à faux choqueront ; il paraîtra pesant et pédant ; il sera sec ou emphatique ; et à force de recherches, de travail, d’efforts de style, il ne parviendra qu’à bâtir un piédestal fragile de dissertations et de syllogismes, où il posera religieusement et contemplera amoureusement la tête moutonne et frisée de Mme de Longueville.
Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine.
Elle montre au forgeron les rougeurs féeriques de l’incendie qui l’environne, elle chante à l’oreille du soldat pour rythmer l’étape, elle siffle avec le maçon sur son échelle, elle montre au bûcheron les nids qui s’envolent à chaque coup de la cognée, elle berce le pêcheur sur la mer, et, pour égayer le laboureur, elle pose sur les cornes noires de ses bêtes la gentillesse de l’oiseau.