Peut-être parce que le tout petit oiseau porte sur la tête une huppe qui semble l’ironie d’une couronne. […] Ce partage de métaphores est assez fréquent ; ainsi la renouée, en latin centinodia (herbe aux cent nœuds), porte le même nom (herbe aux nœuds) en anglais, knot-grass ; en flamand, knoopgras ; tandis que les langues scandinaves la dénomment herbe du chemin (danois : weigraes ; suédois : trampgraes). […] Il est tout simple que l’aubépine (albispina), la blanche épine, porte ce même nom en presque toutes les langues, depuis l’italien biancospino jusqu’au danois hvidtorn. […] Le mot anglais design porte sans peine, avec une légère restriction (drawing lui ayant enlevé quelques-unes de ses nuances), la plupart des significations contenues dans notre double mot ; il en est de même en suédois avec utkast, en italien avec disegno et dans presque toutes les langues.
J’affirme au contraire : 1° que, si les limites du monde fini sont celles de la science humaine, elles ne sont pas celles de la réalité ; 2° que l’homme porte en lui-même non-seulement des désirs et des ambitions, mais des instincts et des notions qui lui révèlent des réalités au-delà du monde fini, et que, si l’homme ne peut pas avoir la science de ces réalités, il en a la perspective ; 3° que, sous l’impulsion et le légitime empire de cette perspective, l’homme poursuit dans sa vie intellectuelle la connaissance de ces réalités, qu’il ne peut que reconnaître, comme il poursuit dans sa vie pratique la perfection morale, qu’il ne peut atteindre. […] Le monde fini seul est à sa portée, et c’est le seul qu’elle puisse sonder… L’homme porte en lui-même des notions et des ambitions qui s’étendent au-delà ; … mais de cet ordre supérieur il n’a que l’instinct et la perspective, il n’en a pas, il n’en peut pas avoir la science… L’esprit sait qu’il y a des espaces au-delà de celui que les yeux parcourent ; mais les yeux n’y pénètrent pas. » Plus je médite ces belles paroles, moins je vois la différence qui les sépare de la pensée de M. […] L’objection d’impuissance dirigée contre la philosophie, porte contre le spiritualisme aussi bien que contre les autres doctrines ; autrement, s’il y a une doctrine qui ne soit pas impuissante, il y a une science de l’infini. […] Guizot porte un défi aux philosophes, c’est d’expliquer l’inégalité et la distribution en apparence capricieuse des maux dans cette vie.
Votre adoration ressemble beaucoup à celle que l’on porte au Grand-Lama. […] Il avait engagé sa muse à gratter à la porte du roi, à montrer de loin son chapeau, à monter sur quelque chose pour être aperçue, à crier : Monsieur l’huissier ! […] Sentence proverbiale que tous les directeurs de théâtre devraient faire inscrire sur la porte de leur cabinet, en lettres de fer. […] Quelques lecteurs croient « néanmoins le payer avec usure s’ils disent magistralement qu’ils ont lu son livre, et qu’il y a de l’esprit ; mais il leur renvoie tous ces éloges qu’il n’a pas cherchés par son travail et par ses veilles ; il porte plus haut ses projets ; il agit pour une fin plus relevée ; il demande aux hommes un plus grand et un plus rare succès que les louanges et même que les récompenses, qui est de les rendre meilleurs. » Ce sont là des pages admirables et tout à fait dignes que le critique honnête homme les ait sans cesse sous les yeux.
Après avoir écouté à la porte de l’alcôve, on écoute à la porte du cœur ! […] L’étude sur la duchesse de Chevreuse porte les marques des troubles profonds de l’esprit et de l’âme du ci-devant philosophe. […] et qui porte à la philosophie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.
S’il entre dans un salon, à peine a-t-il passé la porte, que déjà la couleur des objets, leur harmonie ou leurs contrastes, leur arrangement et la subtile personnalité qui s’en dégage se sont révélés à lui, il peut les redire et n’aura besoin, pour cela, d’aucun effort. […] Sur le velours, à côté des gantelets et de l’armet, sont posées une statuette de Pallas et une grenade dont la tige porte encore sa feuille aiguë et sa fleur ardente. » À la magnificence du style, à ces phrases picturales, pleines, tombantes et retenues comme les plis d’une tenture, vous reconnaissez d’Annunzio. […] Si je puis comparer les sensations de l’oreille à celles de la vue, le silence répandu sur les grands espaces est plutôt une sorte de transparence aérienne, qui rend les perceptions plus claires, nous ouvre le monde inconnu des infiniment petits bruits, et nous révèle une étendue d’inexprimables jouissances. » Fromentin ira dans cette voie jusqu’à noter le souffle aigu du vent dans les canons du fusil qu’il porte à la bretelle. […] Il porte la date de 1875.
Ce fut même ce prince, sujet de la Porte, qui vint rassurer, ou épouvanter Constantinople, et montrer à Sélim, comme un dernier secours, les seuls vaisseaux ottomans échappés à la ruine commune. […] L’empereur d’Allemagne, Maximilien, persistait dans sa neutralité, jusqu’au terme de la trêve, qu’il se promettait bien d’ailleurs de renouveler avec la Porte. […] … « Il a levé la tête, ce puissant qui te porte si grande haine ; il a tenu conseil pour notre ruine, et contre nous ont machiné ceux qui assistaient à ce conseil : Venez, ont-ils dit ; et, sur la mer houleuse, faisons un grand lac de leur sang ; détruisons cette race et le nom du Christ avec elle ; et, partageant leurs dépouilles, rassasions nos yeux de leur mort. […] Pour exprimer, en effet, l’orgueil et l’art du poëte antique, pour trouver dans nos langues modernes un écho de l’harmonie des Hellènes, je ne sais si notre poésie peut donner rien de préférable à ces vers du vieux Malherbe : Apollon, à portes ouvertes, Laisse indifféremment cueillir Ces belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir : Mais l’art d’en faire des couronnes N’est pas su de toutes personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement.