La Décade, qui allait tout à l’heure devenir impossible, représentait cette philosophie dans ce qui lui restait d’ardeur non découragée et de prosélytisme, dans son ensemble systématique et ses doctrines générales, et embrassait à la fois la politique, la religion, l’idéologie, la littérature. […] Elle reprit en 1821 cette suite de travaux, naturellement suspendue durant les premières années politiques de son mari ; elle les reprit par zèle du bien et par honorable nécessité domestique, et l’on eut successivement Raoul et Victor, ou l’Écolier (1821), les Nouveaux Contes (1823), les Lettres de Famille sur l’Éducation, son véritable monument (1826) ; une Famille ne parut qu’en 1828, après sa mort. […] Pour bien juger un tel livre, surtout d’utilité et d’application, il faudrait avoir autorité, expérience, et s’être formé ses propres idées sur le sujet. « Le moment des réformes politiques est celui des plans d’éducation, » a dit une femme spirituelle et généreuse, Mme de Rémusat, qui elle-même a payé sa dette utile avec charme. […] Le livre de Mme Guizot restera après l’Émile, marquant en cette voie le progrès de la raison saine, modérée et rectifiée de nos temps, sur le génie hasardeux, comme en politique la Démocratie de M. de Tocqueville est un progrès sur le Contrat social.
D’autres auraient leur excuse dans le tour d’esprit de son temps, dans ce changement de mœurs qui fit succéder aux intrigues politiques, mêlées de galanteries, la galanterie sans intrigues politiques. […] Le tour d’esprit de son temps lui imposa le mélange de la politique et de la galanterie. Il fit des politiques galants : Sertorius, Pompée et plusieurs autres.
Jamais, si ce n’est dans les trop rapides esquisses de Cicéron et de Quintilien, elle ne retraçait la marche et les progrès de l’art ; jamais elle ne demandait à l’histoire politique et à la biographie le secret de la grandeur et de la décadence du génie littéraire. […] L’histoire politique avait pris sous la Restauration un magnifique essor ; l’histoire littéraire profita de ses travaux. […] Par une érudition puissante elle m’environne pour un instant des croyances, des mœurs, des circonstances sociales et politiques où vivaient les admirateurs du poète qu’elle rend à la lumière. […] En religion, en politique, l’œuvre était accomplie ; la littérature était en retard : le médecin trop généreux ne s’était pas guéri lui-même.
Pourquoi la politique tourne-t-elle à l’empirisme ? Pourquoi l’économie politique risque-t-elle de se perdre dans les détails de la statistique ? […] Il serait facile de montrer comment la politique, réduite à ses données propres, n’est plus que l’art de Machiavel plus ou moins accommodé aux nécessités des temps et des lieux. Il ne serait pas plus difficile de faire voir comment l’économie politique, si cette lumière lui manque, perd de vue l’homme et sa haute destinée, c’est-à-dire le but final où tend tout ce mouvement de la production et la distribution de la richesse.
Fort sévère pour la Rome pontificale, mais toujours candide et incapable de haine, s’il s’affligeait peu de l’abaissement politique du Vatican, l’état de la campagne de Rome lui inspira quelques-unes de ses recherches les plus approfondies, quelques-unes de ses pages les plus éloquentes : elles se trouvent dans son principal ouvrage, le Voyage dans le Latium. […] À Paris, il était surtout occupé, non de la politique, mais de la société ; il faisait part à Mme de Staël de ses observations ; elles sont piquantes, et trouveraient encore leur à-propos aujourd’hui. […] Il publia en 1815 un volume de Pensées sur divers objets de bien public, et une brochure toute politique, du Pacte fédéral ; c’était poser sa candidature pour le nouvel ordre de choses.
J’excepte la politique, mais, pour la littérature, Paris ne s’inquiète que de ce qui s’imprime à Paris. […] On n’en permit point la réimpression chez nous, et on en interdit même l’entrée, ce dont Bayle ne fut point trop fâché tant pour Battrait qu’a toujours le fruit défendu que pour des raisons moitié commerciales, moitié politiques : il évitait du même coup la contrefaçon et aussi de paraître en Hollande trop peu protestant et trop favorable à la France. […] Aux pages 387 et 388 du premier volume, Gabrielle d’Estrées est non seulement nommée, mais présentée comme agissant sur les intérêts politiques par la passion qu’elle a inspirée au roi, et laissant par sa mort le champ libre au divorce et au second mariage de ce prince.