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405. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Quand on lui parla plus tard de revenir, il n’y était plus disposé. […] Il est bien vrai que, lorsque, plus tard, on présenta à Saint-Évremond, retiré en Angleterre, cet ancien opuscule sur l’Amitié, imprimé avec d’autres, il refusa d’y reconnaître ce qu’il avait pu écrire primitivement, et il crut y voir des altérations de sa pensée ; mais il n’en avait pas moins pour cela écrit quelque chose de très-approchant, et M.  […] Cousin, que La Rochefoucauld, quinze ans plus tard, n’a fait que copier Saint-Évremond.

406. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Souvent, après avoir chassé le matin dans quelque belle terre, il venait en poste, de douze ou quinze lieues, prêcher en Sorbonne à l’heure dite, comme si de rien n’était : « Sa parole, dit M. de Chateaubriand, avait du torrent, comme plus tard celle de Bourdaloue ; mais il touchait davantage et parlait moins vite. » Sa violence de passion, en tout temps, se recouvrait d’une parfaite politesse.  […] L’imagination émue des conteurs ne s’arrêta pas en si beau chemin, et il ne coûta rien d’ajouter que cette tête si chère, emportée par lui, devint plus tard l’objet de ses méditations à la Trappe, le signe transformé, et présent à toute heure, de son culte pénitent.  […] Un des grands oracles d’alors, et que consulta avec le plus de fruit l’abbé de Rancé, fut l’évêque d’Aleth, Nicolas Pavillon ; comme ce digne prélat devint plus tard une des autorités et des colonnes extérieures de Port-Royal, on chercha à en tirer parti contre Rancé et à insinuer qu’il y avait du venin janséniste dans sa conversion.

407. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ce sont des matériaux scrupuleux dont il fait choix, et qui serviront plus tard à en contrôler d’autres, aux mains de l’historien définitif. […] Il n’eût pas tenu à lui par moments, et à ses lueurs de vanité, que le jeune Béranger ne vît dans le de qui précédait son nom un reste de lustre et la trace d’une distinction ancienne, au lieu de nous chanter comme plus tard : Je suis vilain et très-vilain. […] Outre ces deux principales affaires, Béranger en eut encore deux autres dans l’intervalle : l’une en mars 1822, à propos de la publication des pièces du premier procès, il fut acquitté ; et plus tard une légère chicane pour contrefaçon, qui n’eut pas de suite.

408. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Il n’était pas de ces talents qui doivent réussir, dans leur première poussée, par des essais de création et d’art : il n’a rien fait en art (que je connaisse), hormis plus tard une toute petite nouvelle (la Laitière d’Auteuil), qu’il a donnée comme échantillon d’histoire simple, et qui est la faiblesse même157. […] Nisard une partie de son système français, et une partie très-justifiable, cette prédilection qu’il couronnera plus tard avec solennité dans la personne de Buffon, se marque nettement au premier pas. […] Nisard, au reste, s’est enfoncé de plus en plus fort dans la même illusion de goût, lorsque, plus tard, il n’a écrit si au long et parlé si haut sur Carrel que pour faire aboutir immédiatement l’éloge à M. le duc d’Orléans.

409. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Un bon nombre des idées des Dialogues se retrouvent dans la Lettre à l’Académie, qui fut composée près de trente ans plus tard. […] Tout en élevant le duc de Bourgogne, il songeait que cet enfant régnerait : et dans sa pensée il se réservait le rôle que le médiocre Fleury se donna plus tard auprès de Louis XV. […] Cet indomptable, cet orgueilleux, ce féroce, il l’avait maté à force de douceur impérieuse et flegmatique : il avait brisé en lui tous les ressorts de la volonté ; il l’avait jeté dans la piété austère, étroite, formaliste, dans des pratiques de moine imbécile ; il l’avait fait incapable d’activité et de décision, à tel point que lui-même s’appliqua plus tard à lui refaire un peu d’énergie et de spontanéité.

410. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Par lui, plus tard, le fils de Me Arouet devint page d’un ambassadeur : c’était le marquis de Chàteauneuf, frère du parrain, qui représentait la France à la Haye. […] Le bonasse Régent, qui l’avait embastillé, s’était laissé tirer une pension par une dédicace ; et plus tard, au moment où le ministère venait de le contraindre à imprimer clandestinement à Rouen sa Henriade, dont les exemplaires entraient la nuit à Paris dans les fourgons de la marquise de Bernière, Voltaire poussait sa première pointe à la cour, il recevait une pension sur la cassette de Marie Leczinska ; cette petite dévote se laissait ensorceler par l’esprit du poète, à qui la tête tournait en s’entendant appeler familièrement par la reine : « mon pauvre Voltaire ». […] Voltaire à Cirey et à la Cour A Cirey, assez près de Paris pour participer à la vie du siècle, de la frontière pour être en sûreté à la moindre alerte, sous la garde despotique et prudente de la belle Émilie, Voltaire va résider pendant dix pleines années, et faire l’apprentissage de la vie qu’il mènera plus tard à Ferney : il va apprendre à se passer du monde, et à agir sur lui de loin.

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