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1249. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Ces deux jeunes filles toutes blondes, au bleu sourire des yeux, et dont l’une a le type angélique d’une vierge de Memling, se font apporter deux côtelettes de veau… « Elles ont leurs mères », disent-elles, et nous voici dans un gasthaus d’un faubourg de Berlin, ténébreux comme la caverne de Gil Blas, et verrouillé de serrureries et de ferronneries comme un vieux burg, et servis par un garçon considérant ces femmes avec l’air à la fois niais, cocasse et sensuel de Pierrot, regardant, par une fente, l’intérieur d’une école de natation de femmes… Chez la jeune fille au type de Memling, les yeux dans le plaisir, au lieu de se voiler et de mourir, vous regardent comme des yeux de rêve. […] Le plaisir d’une maison vieillit avant ses hôtes. […] 29 novembre À propos d’un croquis de Mme Hercule, le modèle de femme, célèbre par ses histoires extravagantes, Gavarni revient sur sa jeunesse, sur cette vie de noctambule qu’il affectionnait, sur ces nuits où il se trouvait avec Mlle Aimée et toute une bande de jeunes et honnêtes femmes au bois de Boulogne, dans le faubourg du Roule, à la campagne, sur ces parties qui n’avaient que le plaisir apporté par le rire fou de Mlle Aimée et les cocasseries de Chandellier. […] J’ai lu quelque part que les personnes qui soignaient les malades étaient plus portées vers les plaisirs des sens que les autres.

1250. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Monsieur Robert, vous ne savez pas encore pourquoi les ruines font tant de plaisir, indépendamment de la variété des accidens qu’elles montrent ; et je vais vous en dire ce qui m’en viendra sur-le-champ. […] Tu y seras jusqu’à ce que la douce langueur, la douce lassitude du plaisir soit passée. […] Je lui dirais en deux mots sur la poésie de son genre : Monsieur Robert, souvent on reste en admiration à l’entrée de vos ruines ; faites ou qu’on s’en éloigne avec effroi, ou qu’on s’y promène avec plaisir. […] Un soir donc qu’ils étaient chez des filles et dans le déshabillé d’un lieu de plaisir, le petit président, qui n’est guère plus grand qu’un liliputien, dévoila à leurs yeux un mérite si étonnant, si prodigieux, si inattendu que toutes en jettèrent un cri d’admiration ; mais quand on a beaucoup admiré on réfléchit.

1251. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Son père vit avec plaisir se développer chez son fils une disposition qui semblait devoir le diriger vers l’étude de l’architecture. […] Langlois, dit-il à l’élève qui (p. 62) suivait, votre figure est bonne, il faut peindre ; c’est dit. » Et l’élève devint rouge de plaisir. […] David ne lui dit que des paroles insignifiantes et lui conseilla de peindre si cela lui faisait plaisir. […] Je viens de montrer ta figure ; David a insisté sur le plaisir que fait la nature naïvement rendue telle qu’elle se trouvait là. […] Je ne m’en irais pas de ce pays-ci avec plaisir, sans y avoir fait ce que je me suis proposé d’y faire.

1252. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Peu s’en faut, dans sa légèreté et son inattention, qu’il n’y voie un présage de la décadence du goût, et il se fait un plaisir de mêler et brouiller tout cela avec les mauvais vers de ce libertin d’abbé Pellegrin : Voilà une Pélopée de l’abbé Pellegrin qui réussit, écrivait-il à son ami Formont (26 juillet) ; o tempora ! […] Les rois et les comtes sont gens de loisir et de plaisir ; dans les grandes cours l’accident arrive, c’est l’habitude aujourd’hui : Jamais de si petit dommage Ne vis-je faire si grand rage ; Telle est cette œuvre à bon escient Que d’en trop parler ne vaut rien.

1253. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Combien de fois ne s’est-il pas dit dans sa jeunesse comme son chevalier Des Grieux, en rêvant aux moyens de fixer son âme et d’apaiser ses inquiétudes : « Je mènerai une vie sainte et chrétienne ; je m’occuperai de l’étude et de la religion, qui ne me permettront point de penser aux dangereux plaisirs… !  […] Il y a aussi l’homme de tendresse, de roman ou de passiond, qui, après quelques semaines ou quelques mois de retraite, vient déranger l’homme d’étude et le demi-solitaire, et lui représenter un bonheur plus vif dans l’amour ou dans le plaisir.

1254. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Marianne, un moment délaissée, raisonne là-dessus ; elle se dit en se donnant l’explication du volage : Homme, Français et contemporain des amants de notre temps, voilà ce qu’il était ; il n’avait, pour être constant, que ces trois petites difficultés à vaincre… Son cœur n’est pas usé pour moi, ajoutait-elle, il n’est seulement qu’un peu rassasié du plaisir de m’aimer, pour en avoir trop pris d’abord. […] Étienne à l’Institut, en 1811 ; lui, il n’était pas évêque ni archevêque, mais il était grand maître de l’Université, et c’est par égard, — par un égard un peu exagéré, — pour la gravité de l’hermine dont il était revêtu, qu’il se crut obligé de dire au récipiendaire : « Je n’ai point vu la représentation de vos Deux Gendres, je ne puis donc juger de tout leur effet, mais j’ai eu le plaisir de les lire, etc. » 82.

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