On a vu qu’elles tenaient aux plus grands événements ; qu’elles les expliquaient, qu’elles étaient expliquées par eux, que désormais il fallait leur donner une place, et l’une des plus hautes places, dans l’histoire. […] Voilà ce que nous apercevons sous des méditations ou des sonnets modernes. — De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret. Là-dessus, consultez Saint-Simon et les estampes de Pérelle, comme tout à l’heure vous avez consulté Balzac et les aquarelles d’Eugène Lami. — Pareillement, quand nous lisons une tragédie grecque, notre premier soin doit être de nous figurer des Grecs, c’est-à-dire des hommes qui vivent à demi nus, dans des gymnases ou sur des places publiques, sous un ciel éclatant, en face des plus fins et des plus nobles paysages, occupés à se faire un corps agile et fort, à converser, à discuter, à voter, à exécuter des pirateries patriotiques, du reste oisifs et sobres, ayant pour ameublement trois cruches dans leur maison, et pour provisions deux anchois dans une jarre d’huile, servis par des esclaves qui leur laissent le loisir de cultiver leur esprit et d’exercer leurs membres, sans autre souci que le désir d’avoir la plus belle ville, les plus belles processions, les plus belles idées et les plus beaux hommes. […] À cet égard, un voyage dans l’Inde serait le meilleur enseignement ; faute de mieux, les récits des voyageurs, des livres de géographie, de botanique et d’ethnologie tiendront la place.
Ce livre serait incomplet si Eschyle n’y avait point sa place à part. […] Si c’est fête, si nous sommes aux Panathénées, aux Lénéennes ou aux grandes Dionysiaques, les magistrats en sont ; les proèdres, les épistates et les prytanes siègent à leur place d’honneur. […] Cette fois le mot dieu est à sa place. […] Le théâtre de Salmydessus, qui se transportait tantôt sur la place Dorique, tantôt sur la place Épiphane, était un vaste échafaudage roulant sur cylindres, à la façon de ces tours de bois qu’on poussait contre les tours de pierre des villes assiégées.
Sans doute dans l’ancienne Grèce la gloire avait plus d’appareil, et les talens plus d’éclat ; le citoyen qui ne voyait au dessus de lui que les lois, et qui pouvait porter son suffrage à la place publique, était libre de n’accorder d’hommages qu’au mérite qui les arrache, et alors l’admiration était toujours près de l’enthousiasme. […] Cette espèce d’illustration est aussi d’un prix réel quand elle est avouée par les suffrages publics ; et la considération sociale qu’elle répand sur les écrivains et les artistes émane de la même source que les honneurs accordés aux services rendus à l’état dans les places et les professions les plus éminentes. […] Il est vrai que vous n’avez pas pu aveugler long-temps les hommes sur leurs plaisirs ; les deux Phèdres n’ont pu long-temps être en concurrence : toutes deux sont bientôt à leur place. […] Ne les croyez pas ceux qui veulent être poëtes sans faire de vers, et grands hommes sans savoir écrire : ne voyez-vous pas que leur esprit n’est qu’impuissance, et qu’ils voudraient mettre les systèmes à la place des talens ? […] La colonne de ce siècle, celle sur laquelle il s’appuyait en regardant avec assurance le siècle précédent, ne peut pas toujours résister aux années ; celui qui pendant quarante ans rendit à Racine une si éclatante justice, parce qu’il était le seul qui pût ne le pas craindre, ce grand tragique qui à ce titre sera seul mis dans la balance avec Racine, et que tant de titres de gloire, que lui seul a réunis, mettront d’ailleurs hors de toute comparaison ; cet homme à qui l’on refusa si long-temps sa place, parce qu’il mettait les autres à la leur, et qui n’a dû qu’à ses longues années cet avantage que n’eut pas Racine, de se voir enfin à son rang ; Voltaire préside encore au goût et aux beaux arts.
L’expression étincelante y brille à nombre de places sur le fond étoffé de cette phrase pesante comme les plis du velours, mais ce velours qui traîne ne s’enlève jamais sous les souffles irrésistibles qui donnent tant de grâce aux grands écrivains. […] Voltaire, Diderot, Rousseau, tout le xviiie siècle enfin, dans ses personnalités moins éclatantes qu’elles n’ont fait d’éclat, tiennent une large place dans le livre de M. […] N’était-elle vraiment plus, quand la Révolution la prit, pour trouver à sa place Coblentz et la Vendée, qu’une société de maîtres à danser ? […] Taine nous décrit la lâcheté de la Constituante et place face à face, pour qu’ils y restent vilipendés à jamais, les faiseurs d’églogues de cette Assemblée et les Jacques de cette Jacquerie qui éventrait la France et lui déchirait les entrailles ! […] Elle en épouvante, et elle avertit le présent de l’avenir qui le menace… Tout le temps, en effet, que les principes révolutionnaires tiendront dans la tête de la France contemporaine la place qu’ils y tiennent, tout le temps qu’elle se réclamera avec orgueil de ses Origines, il y aura des Jacobins… et ce que M.
Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances. […] Béranger ne perdit cette modique place qu’en 1821. […] Du moins plus haut que les luttes humaines, Fixant tes yeux sur les places sereines, L’âme invisible errait souvent au ciel ! […] Que ce soit une place dans les bureaux de M.
Sa foi, je le pense, fut antérieure à son doute ; lorsque ce doute survint, il ne trouva place que dans l’intervalle de ce qu’on a appelé ses deux conversions, et il fut vite recouvert. […] On peut le dire, le doute et la foi vivante, l’un passager, l’autre immuable, naquirent pour lui le même jour ; comme si Dieu, en laissant l’ennemi pratiquer des brèches dans les ouvrages extérieurs, avait voulu munir le cœur de la place d’un inexpugnable rempart. » Cette belle parole, qui exprime si bien un des mystères de la vie chrétienne intérieure, peut s’appliquer avec beaucoup de vraisemblance au vrai Pascal. […] Quand Pascal arrive à parler de Jésus-Christ dans son livre, il ne tarit plus : il tient du coup le centre et la clef, l’explication de la misère humaine aussi bien que le fondement de toute grâce ; les paroles magnifiques et précises qu’il emploie ne sauraient même se citer hors de place sans se profaner69. […] Si donc il vous convenait de vous trouver au Luxembourg sur les cinq heures, je vous offre place dans ma calèche.