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1299. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Le peuple cependant ne se lasse point d’exécutions. […] Les premiers disaient que la vertu définie l’habitude de conformer ses actions à l’utilité publique était la vertu du législateur ou du souverain, et non celle du sujet, du citoyen, du peuple ; car qui est-ce qui a des idées exactes de l’utilité publique ? […] Le peuple baloté par ses passions et par ses erreurs, n’aura point de mœurs, car il n’y a de mœurs que là où les lois, bonnes ou mauvaises, sont sacrées ; car c’est là seulement que la conduite générale est uniforme. […] Pourquoi ces mots si souvent prononcés, si peu entendus, si diversement définis, sont-ils employés avec la même précision par le philosophe, par le peuple et par les enfants ? […] Plus de verve chez les peuples barbares que chez les peuples policés ; plus de verve chez les hébreux que chez les grecs, plus de verve chez les grecs que chez les romains, plus de verve chez les romains que chez les italiens et les français, plus de verve chez les anglais que chez ces derniers.

1300. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Le thème en était profondément héroïque, et contenait, à côté de son élément national, un élément chrétien qui pouvait exciter l’enthousiasme de tous les peuples germano-latins. […] En 1391, Andrea da Barberino composait l’étrange roman en prose intitulé Guerino il Meschino, œuvre dont le succès, qui nous étonne, n’a pas cessé, jusqu’à nos jours, d’être immense dans le peuple italien. […] Je voulais surtout savoir s’il restait dans la mémoire du peuple des alentours quelque vestige des anciennes croyances, si la Sibylle exerçait encore sur les âmes sa fascination mêlée de terreur et de désir. […] Mais partout ailleurs, c’est le nouveau type, le vrai Juif Errant, l’éternel marcheur, qui passe sans s’arrêter devant les peuples ébahis. […] Officiellement, on dit la Nera, mais le peuple a conservé le masculin de l’ancien Nar.

1301. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais Stendhal n’avait pas tort, lui non plus, quand il écrivait en 1824 : « Le romanticisme est l’art de présenter aux peuples les œuvres littéraires qui, dans l’état actuel de leurs habitudes ou de leurs croyances, sont susceptibles de leur donner le plus de plaisir possible » [Cf.  […] Le peuple est aux prises avec des questions vitales, il y a là des abîmes à découvert. […] Le peuple a faim ; que les beaux esprits nous permettent de songer au pain du peuple avant de songer à leur édifier des temples » [Cf.  […] Il fait un pas de plus, et, s’avisant qu’en littérature ou en art les distinctions des genres et la hiérarchie des talents ne sont peut-être pas « ce qu’un vain peuple pense », il en discerne la raison permanente et la première origine dans la diversité des « familles d’esprits ». […] Le Vieux Drapeau, Le Cinq mai, Les Souvenirs du peuple]. — Mais, d’une manière générale, il a manqué de force [Cf. 

1302. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Ce ne fut là qu’un moment :mais il n’y a que des moments dans la vie des peuples, comme dans celle des individus. […] Notez bien cette pensée : « Il n’y a que des moments dans la vie des peuples, comme dans celle des individus ; » cela ne rappelle-t-il pas la belle description de la vallée d’Argelez vue de Saint-Savin, par où M. […] En étudiant les cartes stratégiques, sa passion favorite, et à force de considérer la surface de l’Europe et la configuration du sol, il s’était fait un ensemble d’idées, tout un système qui, selon lui, expliquait l’histoire, et il déduisait de la connaissance précise des divers bassins, non-seulement les migrations et le cours, mais aussi les caractères et les mœurs des peuples. […] « Il est donc vrai que les peuples ne se révoltent pas deux fois. » M. […] Dans ce dernier art pris en grand, qui embrasse la sculpture et la peinture, il retrouve l’âme visible des peuples, toute leur histoire et leur civilisation résumée et figurée.

1303. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Aristote n’avait rien de pareil à sa disposition ; et cette vaste expérience lui a été refusée, à la fois par l’époque où il a paru, et par le peuple auquel il s’adressait. Mais il s’est trouvé que ce peuple avait été si admirablement doué par la nature et tenait une telle place dans les desseins de Dieu, qu’à lui seul et tout restreint qu’il était, il en a su, dans ces délicats mystères de l’esprit et du goût, plus que le reste du monde. […] C’est là un immense honneur ; et dans les annales de l’esprit humain, il n’y a qu’un peuple qui ait su le conquérir. […] Dans le mouvement général de l’esprit humain, ces monuments tiendront toujours une place nécessaire, parce qu’ils marquent et assurent les lentes conquêtes de la réflexion à côté et à la suite des élans de l’inspiration et de la spontanéité des peuples. […] C’est l’élan de l’âme du peuple attaqué dans ses droits, qui jouit de les défendre, et qui chante d’avance cette jouissance et cette gloire, par une poésie intime qui lui dicte ses accents.

1304. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

» et en expirant auprès de ces reliques sacrées, s’unit enfin à l’objet de sa dilection : lorsque la longue et funèbre procession conduite par le Landgrave et suivie par une nombreuse foule de clergé, de chevaliers, de hautes dames et ce peuple, remplit toute la scène d’une masse compacte, et la tait retentir du chant des morts rhythmé par le glas des cloches, le soleil se lève sur la vallée en deuil. […] Les simples âmes des premiers peuples étaient satisfaites, dans leur besoin d’une vie artistique, par ces récits très vagues, On leur disait un alignement de faits généraux, les combats, les traversées. […] Ifs furent, sous la douce chaleur de leur ciel, le peuple de la pure dialectique. […] Qu’importent les premières légendes latines, les barbares essais du drame chez ce peuple ? […] Zola ne se résigne point à recréer les seules notions sensibles : il prend pour sujets des événements psychiques, et pour personnages des hommes supérieurs : il peuple ainsi de fantômes des œuvres qui pourraient être fort belles s’il les bornait à la description des couleurs et des gestes ; s’il variait, aussi, la musique trop régulière, et un peu facile, de ses phrases.

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