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641. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Il prétendait avoir perdu sa voix naturelle par un coup de vent. […] Tout avoir et tout perdre. […] Un frémissement courait, se perdait en chuchotements au bout des allées confuses. […] Elle les réclama avec l’avarice d’un cœur qui ne veut rien perdre de celui qu’il a perdu. […] À force d’étudier les commentateurs, si nombreux en son pays, il avait perdu le sens vrai des textes.

642. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Bonneau perd son parapluie. […] il n’y perd rien. […] Sophocle perd, dit-on, par les vers de M.  […] Il s’obstine, et tellement, qu’il perd à ce jeu, — un véritable jeu de patience, — ses facultés amoureuses. […] Je ne perdis cependant pas tout à fait leur conclusion.

643. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Car, depuis, nos pauvres noms français font bien piteuse mine et sont en quelque sorte perdus au milieu de ces noms étrangers, à désinences barbares. […] Et n’est-ce pas, ici, plutôt un cri perdu, une inutile acclamation, qui disparaissent dans la pieuse et immense rumeur des foules ? […] Et voilà un homme perdu dans l’esprit des boulevardiers. […] À la regarder si sereine, si volontairement perdue dans ce coin de campagne où n’arrivent plus les rumeurs de Paris, cela m’attriste. […] Trois ou quatre vous demeurent sympathiques ; elles n’ont rien perdu à ce déballage familier.

644. (1925) Comment on devient écrivain

Ses prétentions philosophiques ne lui font jamais perdre de vue l’intérêt et le récit. […] Le récit se perd dans des matériaux en fusion. […] On perd tout crédit à vouloir éblouir le lecteur. […] La religion wagnérienne elle-même a perdu ses premiers adorateurs mystiques. […] Le lendemain, ils ont perdu leur saveur ; un an après, ils sont illisibles.

645. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

S’il n’était question que d’éloquence et d’éclat de talent, que d’âme et de cœur, il serait facile de tomber d’accord sur les mérites du brillant dominicain qu’on a perdu ; mais avec lui il s’agit de bien plus désormais. […] À peine eus-je ouvert le livre et laissé mon cœur à sa merci, que les larmes me vinrent aux yeux avec une abondance qui ne m’était pas ordinaire, et, rappelant mes souvenirs sous le charme de cette émotion, je compris que je n’étais plus le même homme et que, loin d’avoir perdu de ma tendresse littéraire, elle avait gagné en profondeur et en vivacité. […] qu’ils sont, essentiels, — aussi essentiels même que le commerce des femmes, — pour nous faire hommes tout à fait, pour nous rompre et nous désapprêter l’esprit et nous le déniaiser, pour nous guérir de la gourme originelle, pour nous ramener de temps en temps à la terre quand nous sommes tentés de perdre pied, pour nous avertir avec un léger croc-en-jambe et nous empêcher de faire l’ange quand l’envie par hasard nous en prend.

646. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

L’essentiel, le seul point que nous tenions à constater, et que le public peut-être voudra bien reconnaître avec nous, est celui-ci : Somme toute, et à travers les nombreux incidents d’une course déjà longue, la Revue a fait de constants et d’heureux efforts pour se fortifier, pour s’améliorer, et, depuis bien des années déjà, pour réparer par l’importance des travaux en haute politique, en critique philosophique et littéraire, en relations de voyages, en études et informations sérieuses de toutes sortes, ce qu’elle perdait peu à peu en caprice et en fantaisie, ce qu’elle ne perdait pas seule et ce que les premiers talents eux-mêmes, le plus souvent fatigués en même temps que renchéris, ne produisaient plus qu’assez imparfaitement. […] Lorsque encore on aurait raison sur quelques points, on se perd soi-même par un premier excès, si l’excès sort de certaines bornes.

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