Le règne d’après, si Richelieu, moins sentimental que Henri II, et qui n’avait pas perdu de favoris parmi les sept mille tués sous Henri IV, frappa plus cruellement le duel que personne, ce fut moins sagesse et moralité du législateur que politique à la Tarquin, qui abat les têtes de pavot aristocratiques, non plus avec une baguette, mais avec la hache du bourreau. […] Or, ce n’est pas à présent, quand les pouvoirs publics perdent de leur autorité et en sacrifient chaque jour davantage, ce n’est pas quand le droit criminel, si sévère autrefois, est presque devenu, à force de s’adoucir, le droit au crime, quand des législateurs collectifs ont remplacé par l’irresponsabilité du nombre la responsabilité du législateur unitaire, qu’on peut espérer contre le duel la loi efficace qui, en France, a toujours manqué. […] Mais à une époque où le point d’honneur, qui s’obstine, a perdu néanmoins du rayonnement qu’il avait autrefois, et où l’argent, par exemple, cet instrument de toutes les jouissances et de toutes les corruptions, est plus fort que lui et règne en maître, l’amende peut-être, mais l’amende dans des proportions énormes et ruineuses, — car si elles n’étaient pas énormes l’amende ajouterait la vanité du luxe à la vanité du duel, — pourrait avoir l’efficacité si difficile à trouver et que la confiscation n’eut pas, dans un temps où l’exaltation du point d’honneur dominait toutes les autres considérations de la vie Seulement, qu’on y prenne garde !
En lisant cette histoire des Pyrénées, d’un vrai luxe perdu de renseignements, nous avons contracté pour l’auteur une estime profonde et une sympathie animée. Quoiqu’il n’aborde presque jamais les choses comme nous voudrions les lui voir aborder, quoiqu’il se perde, lui et ses aptitudes, dans les feux de file de ces faits multiples et semblables qu’il fallait étreindre, résumer et généraliser dans de vigoureuses conclusions, on sent cependant au milieu de tout cela l’historien à la grande tendance, et on démêle, sous l’entassement un peu confus des documents, l’esprit recteur qui, plus tard, saura les organiser. […] Pour donner une idée des choses excellentes et souvent fort belles que nous perdons dans cette espèce d’étouffement de l’esprit de l’auteur par les détails de son récit, nous transcrirons tout entier un passage que nous trouvons dans son quatrième volume, et qui nous a paru avoir la profondeur et la mâle mélancolie de Bossuet lui-même, quand Bossuet est seulement historien.
Ni les efforts de Mœhler, le théologien catholique qui s’est occupé, dans un autre but, de la métaphysique de l’illustre archevêque, ni les petites chicanes d’une revue estimable (la Revue de Louvain), qui prétendait et montrait plaisamment un jour que M. de Rémusat n’entendait pas même le latin du texte qu’il traduisait, ne nous feront perdre de vue la vérité dans cette question de la métaphysique de saint Anselme. […] Mais s’il l’a eue jamais, il l’a bien perdue dans les études microscopiques d’une philosophie qui analyse l’homme dans les moindres nuances de son ondoyante personnalité ; et il est permis, on en conviendra, de s’étonner qu’un homme, qui fut ministre autrefois, s’imagine probablement, sinon de reprendre le gouvernement qu’il a perdu, au moins l’influence dans les esprits, qui est du gouvernement aussi, en traitant de la résurrection des systèmes philosophiques au onzième siècle.
S’il avait vécu davantage, il aurait perdu cette illusion ; mais il mourut, heureusement pour lui et pour elle. […] Mais les professeurs Hégel et Schleiermacher y tapageaient, et ils le frappèrent de la foudre insolente de leur succès avec une telle violence, qu’il en conçut une horreur qu’il ne perdit jamais pour tout enseignement officiel et tout professeur de philosophie. […] Ils étaient parfaitement incapables de cet effort de respiration prodigieux sous la machine pneumatique de la métaphysique, où les plus forts esprits perdent, à certains moments, connaissance.
Et non seulement la chasteté de Julie perd ainsi toute valeur morale, mais la résignation même de Raphaël est sans mérite. […] S’il persiste à vouloir nous entretenir de lui-même, loin de grandir, comme il le croit peut-être, il s’amoindrit, il se perd. […] Et si la curiosité y perd quelque chose, le bon sens y gagnera. […] Hugo ; essayer de démontrer cette vérité serait perdre son temps et faire injure au bon sens du lecteur. […] Les ligaments finissent par se prêter aux mouvements les plus contraires ; le corps, en s’assouplissant, perd sa forme et sa beauté.
Autrement il tourne vite au chaos et perd toute vigueur. […] Souvent le psychologue perd la tête. […] Peine et surtout joie perdue. […] Ne craignez point de vous perdre. […] Il apprend non à perdre mais à gagner.