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234. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Il est aisé de relever certaines peintures exactes et frappantes : mais combien d’erreurs de fait, combien de fausses couleurs néglige-t-on ? […] Il y a dans Othon d’étonnantes peintures des mœurs de cour sous l’Empire. […] Même la tragédie de Corneille est une peinture saisissante de la vie politique de son temps : s’il ne fait en général ni portraits ni allusions, la réalité contemporaine l’enveloppe, le domine, et transparaît sans cesse dans son œuvre. […] Saint-Genest (1646) et Venceslas (1647) sont deux belles choses : Saint-Genest 328, avec son mélange de scènes familières et de scènes pathétiques, peinture du monde du théâtre et de l’héroïsme chrétien, a des parties qui continuent dignement Polyeucte.

235. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Mieux placé que la Rochefoucauld, qui, durant l’âge où se formait le trésor de ses pensées, n’avait vu que la cour et les grands seigneurs, ou cette espèce d’hommes avides ou crédules qu’on appelle les hommes de parti, La Bruyère, par son emploi, avait vue sur la cour, et, par sa condition, sur la ville, et il mêlait dans ses peintures les grands et les petits. […] La Bruyère distribuait ses additions avec beaucoup d’art, aux endroits où l’effet en devait être certain, soit que la nouvelle pensée dût éclaircir ou compléter l’ancienne, soit que le portrait nouvellement fait dût rendre plus sensible, en la personnifiant, une vérité morale que la forme abstraite eût dérobée au lecteur, soit simplement pour rompre une suite de réflexions par une peinture. […] C’est par là que je trouve des enseignements pour ma condition obscure, dans la peinture des conditions les plus élevées, et qu’enfant du peuple, je profite de la leçon faite aux grands. […] L’art ne consiste pas à contenter tous les goûts, en flattant les uns par ce qui choque les autres, mais à faire que les goûts les plus différents soient d’accord de la justesse d’une pensée, de la beauté d’une expression, de la vérité d’une peinture.

236. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

En peinture, en sculpture, en littérature, la pureté du stile, la correction et l’harmonie sont les dernières choses qu’on obtient. […] Mais comme presque tout le monde se connoit en poésie et que très peu de personnes se connoissent en peinture, il m’a semblé que Doyen avoit eu plus d’admirateurs que Vien. […] D’où je conclus que le véritable imitateur de nature, l’artiste sage étoit oeconome de groupes, et que celui qui, sans égard au moment et au sujet, sans égard à son module et à sa nature, cherchoit à les multiplier dans sa composition ressembloit à un écolier de rhétorique qui met tout son discours en apostrophes et en figures ; que l’art de groupper étoit de la peinture perfectionnée ; que la fureur de groupper étoit de la peinture en décadence, des tems non de la véritable éloquence, mais des tems de la déclamation qui succèdent toujours ; qu’à l’origine de l’art le grouppe devoit être rare dans les compositions ; et que je n’étois pas éloigné de croire que les sculpteurs qui grouppent presque nécessairement, en avaient peut-être donné la première idée aux peintres.

237. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

… Comment lui, dont les premiers chants furent des cris étouffés si poignants, et les peintures d’une réalité qui saisissait le cœur comme la vie même, comment ce Rembrandt du clair-obscur poétique qui s’annonçait alors, est-il devenu, la vie aidant, avec les expériences, ses blessures et les ombres sinistres qu’elle finit par jeter sur toutes choses, moins pénétrant, moins mordant, moins noir et or (la pointe d’or dans un fond noir), qu’en ces jeunes années où l’on est épris des roses lumières ? […] Peinture enlevée avec une vigueur un peu cynique, je ne le nie pas, brutal débridement de plaie qui montre le fond, et fait honneur au carabin. […] C’est l’idiosyncrasie d’un siècle répercutée dans celle d’un homme qui a les dons de peinture d’un poète. Le monde extérieur qu’il décrit passe à travers son âme malade, avant d’éclore sous son pinceau, y charrie des couleurs prises à cette âme envenimée, et sa peinture n’en est que plus vraie, car, au lieu d’une, elle exprime deux vérités.

238. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « TABLE » pp. 340-348

. — Peinture religieuse et galante     91 XXIII. — De la librairie catholique     94 XXIV. — Reprise et fin de la querelle de Janin et de Dumas. — Eugène Sue. — Théodore Burette     95 XXV. — Les Mystères de Paris. […]  — Le salon de peinture. — Un portrait de la princesse Belgiojoso par Lehman. — Un tableau d’Ary Scheffer.

239. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

C’est l’Italie tout entière, sa tristesse de servitude et de tombeau, l’imagnificence de ses peintures aux murailles des palais et des temples que rien autre de grand ne remplit, sa foi en ruine, ses mains aux fers, sa noble mamelle que l’oisiveté flétrit ou que souille l’étranger, — c’est tout ce spectacle, amèrement beau, qui a inspiré le poëte ; de la blessure qu’une telle vue lui a causée sont nés à l’instant et, pour ainsi dire, ont ruisselé ses vers. […] Jules Lefèvre, le même qui a combattu naguère sous Varsovie, dans un poëme intitulé le Clocher de Saint-Marc, publié il y a environ sept ans, avait essayé une peinture sincère, expressive, mais que trop de labeur avait trahie et que les souvenirs récents de Byron avaient surchargée ; les personnes, enfin, qui épient attentivement le progrès de la chose poétique, savaient que M.

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