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1399. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Le besoin qu’elles ont d’être toujours en vue, sous peine d’oubli du public, leur fait traiter la maladie, la mort avec des dédains et des mépris sublimes de légèreté et de hauteur. […] En raison du pittoresque prévu, que l’Europe peut vous offrir, ça n’en vaut vraiment pas la peine. […] Aujourd’hui, je sens qu’il n’y plus rien au monde, que je me donnerais la peine de désirer, d’ambitionner, d’espérer, de rêver.

1400. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Il voulut s’assurer de n’avoir commis, par erreur, même en pensée, de péché socialiste ; il fit son examen de conscience dans son autobiographie et il se convainquit que lui qui avait écrit sur les pauvres gens, la misère, et autres sujets de compositions rhétoriciennes, des tirades à paver le Palais-Bourbon, il n’avait demandé qu’une seule réforme sociale, l’abolition de la peine de mort « la première de toutes, — peut-être21 ». Et encore il pouvait se dire qu’il n’avait fait que suivre l’exemple de tous les apôtres de l’humanitairie, depuis Guizot jusqu’à Louis-Philippe ; et que tout d’abord il n’avait envisagé la peine de mort qu’à un point de vue littéraire et fantaisiste, comme un excellent thème à déclamation verbeuse, à ajouter aux « croix de ma mère » — « la voix du sang » et autres trucs du romantisme qui commençaient à s’user et à perdre leur action sur le gros public. Un socialisme qui se limite à cette réforme sociale pratique : l’abolition de la peine de mort, n’est de nature qu’à inquiéter les bourreaux, dont il menace les droits acquis.

1401. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Le cadavre est à nous ; payons-nous notre peine,         Nos coups de dents et nos abois. […] Il ne devait jamais égaler dans ce genre ni la grâce à peine maligne du doux, et voluptueux Horace, ni l’âpre énergie de Juvénal. […] La seconde satire est adressée à Molière : Rare et fameux esprit, dont la fertile veine Ignore en écrivant le travail et la peine, Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts, Et qui sait à quel coin se frappent les bons vers !

1402. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Mais sa douleur et son effroi contrastent si bizarement avec la tranquillité des vieillards que si le sujet n’étoit pas connu on auroit peine à le deviner. […] C’étoit une incorrection, mais une si cruelle incorrection de dessein, que j’éprouvai une peine mortelle de voir une des meilleures compositions du sallon gâtée par un défaut énorme. […] Peine perdue.

1403. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Le visage humain ne nous paraît guère valoir la peine que personne tremble devant lui, et surtout un chrétien qui sait bien que tout ce limon s’en va retourner en poussière. […] La civilisation chrétienne périssant sous la civilisation païenne, ressortie de ses ruines depuis le xve  siècle, le mort revenant tuer le vif, la tradition coupée comme une corde de harpe, les ancêtres niés, les langues retardées dans leur développement par ce latin qui n’était plus le robuste latin des moines dans lequel palpitaient l’âme et le génie du Moyen Âge, mais un latin qui singeait l’antique et qui puait la tombe sous ses élégances comme les momies sous leur rouge ; l’imitation substituée à l’originalité et l’empêchant même de naître, tel fut, en quelques mots, le crime intellectuel de la Renaissance, et ce crime, dont nous portions la peine, s’était épuisé dans des littératures qui n’avaient plus une goutte de sang dans les veines. […] Aberration et peine inutiles !

1404. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Ce seroit ici une peine superflue d’entasser des citations, dans lesquelles le mot d’esprit se trouve. […] Il est très-vrai qu’il en coûte souvent pour s’exprimer avec clarté : il est vrai qu’on peut arriver au naturel par des efforts ; mais il est vrai aussi qu’un heureux génie produit souvent des beautés faciles sans aucune peine, & que l’enthousiasme va plus loin que l’art. […] A peine restoit-il quelques vestiges de la langue greque qu’on avoit si long-tems parlée à Marseille. […] On dit habile historien, c’est-à-dire historien qui a puisé dans de bonnes sources, qui a comparé les relations, qui en juge sainement, en un mot qui s’est donné beaucoup de peine. […] Le même auteur ajoûte que les François ayant perdu quarante mille hommes à cette bataille, le parlement de Paris rendit un arrêt par lequel il étoit défendu d’en parler sous des peines corporelles.

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