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1951. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Il prend un jour un exemplaire des Orientales ouvert à la page où se trouve La Captive, il lit les vers de Hugo, et immédiatement, se tournant vers un ami : « Si j’avais là du papier réglé, j’écrirais la musique de ce morceau, car je l’entends 10. » Une autre fois, voulant composer une cantate avec chœurs sur le Cinq mai de Béranger il se trouve arrêté court au refrain : Pauvre soldat, je reverrai la France, La main d’un fils me fermera les yeux. […] Quoique je ne sois guère sensible aux malheurs d’autrui, je le suis à celui-là… Comme il faut du resteprofiter de tout, je suis sûr que ce sera demain d’un dramatique très sombre et que ce pauvre savant sera lamentable. […] Pendant que je portais Numa, on m’avait envoyé aux eaux d’Allevard ; et là, dans les salles d’inhalations, je voyais de jeunes visages, tirés, creusés, travaillés au couteau, j’entendais de pauvres voix sans timbre, rongées, des toux rauques, suivies du même geste furtif du mouchoir ou du gant, guettant la tache rose au coin des lèvres ; de ces pâles apparitions impersonnelles, une s’est formée dans mon livre comme malgré moi, avec le train mélancolique de la ville d’eaux, son admirable cadre pastoral, et tout cela y est resté61. » Souvent ainsi une impression un peu vive venant faire entrer dans l’œuvre en évolution les éléments qui l’ont provoquée, l’éveil par un élément de l’œuvre d’un sentiment déjà puissant, une occasion quelconque parfois, peuvent déterminer une déviation. […] Autre fait : les idées fausses des esprits féconds et forts sont plus nombreuses et poussées plus loin que celle des esprits pauvres et sans vigueur, elles attirent parfois l’attention plus que leurs idées justes, et plus que les idées fausses des médiocres, et par suite apparaissent à tort comme des indices de désordre.

1952. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Irus étoit un pauvre de l’ile d’Itaque qui étoit à la suite des amans de Pénélope, il a doné lieu au proverbe des anciens, plus pauvre qu’Irus . Au contraire Crésus roi de Lydie fut un prince extrèmement riche ; delà on trouve dans les poètes Irus pour un pauvre et Crésus pour un riche : (…). […] C’est par la même raison qu’on done à certaines étofes grossières le nom d’étofes plus fines ; par exemple : on apèle velours de mauriène une sorte de gros drap qu’on fait en Mauriène, province de Savoie, et dont les pauvres savoyards sont habillés.

1953. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

C’était un devoir de s’opposer à l’arbitraire, même quand il ne s’attaquait qu’aux choses. » Pauvre roi !

1954. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Dubois, voilà les données primitives ; des jeunes gens pauvres, des talents encore obscurs, des proscrits de l’Université, ce furent les vrais fondateurs ; la génération des salons qui s’y joignit ensuite n’étouffa jamais l’autre.

1955. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

La morale a tout à y recueillir, l’imagination n’a rien à y colorier ; les passions humaines, cette âme de l’épopée, en sont exclues ; les prédications d’un homme né dans la cabane d’un artisan et suivi de village en village par douze pauvres pêcheurs de Galilée ne sont un poème que pour les philosophes qui étudient à loisir la semence et la germination des vérités divines.

1956. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Formée d’hommes obscurs, pauvres et inconnus, elle aspirait à conquérir tout ce qui lui manquait.

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