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531. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Une étude attentive des diverses zones affectives de l’espèce humaine révélerait partout non pas l’identité des éléments, mais la composition analogue, le même plan, la même disposition des parties, en proportions diverses. […] L’individualisme apparaît partout ; le genre et l’espèce se fondent presque sous l’analyse du naturaliste ; chaque fait se montre comme sui generis ; le plus simple phénomène apparaît comme irréductible ; l’ordre des choses réelles n’est plus qu’un vaste balancement de tendances produisant par leurs combinaisons infiniment variées des apparitions sans cesse diverses. […] Pour comprendre le vrai sens de ces beautés exotiques, il faut s’être identifié avec l’esprit humain ; il faut sentir, vivre avec lui, pour le retrouver partout original, vivant, harmonieux jusque dans ses créations les plus excentriques. […] Ici comme partout, la critique est la condition de la grande esthétique.

532. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

La médecine, qui a existé partout et toujours, n’a pu se passer de l’étude du corps vivant. […] Et il en est de même partout. […] Ainsi donc partout et toujours les sciences particulières ayant un objet spécial, ne se constituent qu’en laissant à leur début un ensemble de questions non résolues. […] Mais comment le serait-elle, si tout ce qui est scientifiquement connaissable lui est enlevé ; si partout où il y a des faits à observer, des lois à rechercher, des rapports à calculer, quelque science particulière se constitue un domaine propre, n’abandonnant à la philosophie que ce qu’elle ne peut résoudre ?

533. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

La vertu succombant sous l’audace impunie, L’imposture en honneur, et la vertu bannie ;             L’errante liberté Aux dieux vivants du monde offerte en sacrifice ; Et la force partout fondant de l’injustice             Le règne illimité ! […] Qu’aurait-il dit aujourd’hui où une civilisation plus accélérée, et accélérée presque jusqu’à la suppression du temps et des distances, permet à la pensée de l’homme d’atteindre partout à la fois ? […] partout où manque l’espace manque la vérité. […] ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… ………………………………………………………… II Sur l’océan de sable où navigue la lune, Mon œil partout ailleurs flotte de dune en dune ; Le sol, mal aplani sous ces vastes niveaux, Imite les grands flux et les reflux des eaux.

534. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Montluc, tout faible qu’il était, sut être sur pied et dans l’action partout où il le fallait, et, après le premier moment de surprise, l’ennemi fut repoussé. […] Nous ne le suivrons pas dans cette période sanguinaire, escorté de ses deux bourreaux qu’on appelait ses laquais, ne faisant point de prisonniers, et laissant partout, aux branches des arbres, sur les chemins, les insignes et les trophées de son passage.

535. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Vous manquez d’attelages : prenez-en partout. […] En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.

536. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Ce qui m’y frappe avant tout et partout, c’est combien l’auteur, soit qu’il raisonne, soit qu’il interroge l’histoire littéraire, ne comprend que sa propre manière d’être et sa propre individualité ; par cela même il nous avertit qu’il n’est pas un critique. […] Partout chez lui domine la préoccupation d’une fausse noblesse de l’homme, qui le stérilise, le mutile, le met à la diète, au sein de l’immensité des choses, et l’empêche de se servir de toutes les forces généreuses qu’il possède véritablement. — Mais c’est qu’il est pour l’idéal, M. de Laprade !

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