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884. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Nous sommes en plein Freud, si j’ose dire, et jusqu’ici la ressemblance entre nos deux auteurs, sous les réserves posées au début de cette causerie, est parfaite. […] Telle femme élégante que j’ai connue était loin d’être parfaite, mais enfin il y avait tout de même chez elle un fond de délicatesse, une loyauté dans les procédés qui l’auraient rendue, quoi qu’il arrivât, incapable d’une félonie et qui suffisent à mettre des abîmes entre elle et une mégère comme la Verdurin. […] Et c’est la grande différence de notre auteur avec Freud, c’est sa grande, sa terrible originalité, c’est peut-être en quoi il est le plus dangereusement initiateur, que cette conception qu’il a d’une parfaite articulation — ou d’une parfaite étanchéité — réciproque des différents systèmes psychiques. […] Sans cesse à travers toute l’œuvre le thème revient de la parfaite subjectivité de tout ce que l’amour nous fait éprouver. […] Chaque page est, si j’ose dire, au psychologique, ce qu’elle est au typographique : une myriade de perceptions et d’émotions diverses et simultanées y sont tassées, en étroit contact, en étroite liaison mutuelle et pourtant dans un état de distinction parfaite.

885. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Cette parfaite aisance à trouver le mot nécessaire est signe de maîtrise. […] C’était parfaitement ridicule, et cela a été un parfait succès. […] Mais je laisse la parole aux vers parfaits du poète. […] Dans une nouvelle d’une beauté parfaite, Louise Leclercq, Verlaine nous a peint, à sa façon, la société bourgeoise de Paris. […] Et ce serait une œuvre parfaite si la forme en eût été complètement individualisée, et si elle ne trahissait parfois, par des rappels aux autres romans du maître, le savoir-faire du métier.

886. (1881) Le naturalisme au théatre

Voilà le bonheur parfait. […] Je suis persuadé, pour mon compte, de la fausseté parfaite de ces légendes. […] Il plaît à madame Sarah Bernhardt de faire des tableaux et des statues, c’est parfait. […] Il semblait qu’on eût signé un pacte pour la trouver parfaite. […] Voilà qui est parfait.

887. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Un souffle de jeunesse circule sous la précoce maturité d’une science précise et d’une forme souvent parfaite. […] Ainsi le monde nous semble mauvais, et nous ne saurions en concevoir un autre supérieur (encore moins un monde actuellement parfait). […] La religion des Grecs leur paraît la plus belle ; leur vie, la plus naturelle et la plus noble ; leur art, le plus parfait. […] parfait, le Deutéronome ! […] Son goût de la régularité parfaite nous joue ou peut-être lui joue de ces tours.

888. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

— Ce ne sont pas des monstres ; ils sont comme cela ; il n’y a pas d’êtres parfaits, pas plus à la ville que dans les champs, à moins qu’on ne les fabrique, ce que je ne pourrais pas faire. […] Je soufflai une minute ; j’attachai les cordons de mes souliers ; puis, tandis que me considérait le chien, assis sur son derrière, d’un air bonasse, brusquement je demeurais très bête ; car je me tenais là, les mains ballantes, — parfait ! car j’avais bravé les foudres de ma famille, l’obscurité, beaucoup d’autres choses, — parfait encore ! […] ………………………………… Gais tueurs aux âmes sensibles, Le dilemme est clair et parfait : Dressez des échafauds terribles, Ou supprimez-les tout à fait. […] Le grand-duc Léopold reçoit à la table de « sa parfaite amie », comme il appelle la duchesse, quelques membres triés des différentes sections de l’Institut, et rend ainsi aux cinq Académies la politesse de leur accueil, les coups d’encensoir de leur directeur.

889. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Remarquons cependant que la vie de Paul Déroulède présente le phénomène d’une parfaite unité. […] Le bohémien de jadis est devenu propriétaire foncier, ni plus ni moins qu’un parfait notaire. […] Et s’ils ne jouissent pas sur terre d’une parfaite félicité, ils ressemblent en cela à un certain nombre de capitalistes. […] Il apportait dans le monde une parfaite tenue, une désinvolture un peu hautaine. […] Son accueil était d’une courtoisie parfaite, quoiqu’un peu froide : on se trouvait devant un gentleman accompli.

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