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495. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Vous vous tuerez avec une pareille sensibilité. » M.  […] Je conçois le sentiment de discrétion et de délicatesse qui fait qu’on hésite à toucher à de vieilles blessures et à remuer les cicatrices d’un cœur ; mais ce mot humilier en pareil cas n’est pas français : tant que la dernière source, la dernière goutte du vieux sang de nos pères n’aura pas tari dans nos veines, tant que notre triste pays n’aura pas été totalement régénéré comme l’entendent les constituants et les sectaires, il ne sera jamais humiliant pour un homme, même vieux, d’avoir aimé, d’avoir été aimé, fût-ce dans un moment d’erreur. […] C’est, je le répète, ce qui m’effraie un peu pour l’avenir de Mme de Krüdner : lorsqu’on s’est livré une fois à de pareilles combinaisons et qu’on y excelle, est-on bien sûr, même en changeant de matière, de se guérir jamais ?

496. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Gautier, quand nous traitons de bagatelles triviales le Repas ridicule, les Embarras de Paris et le Lutrin, ou quand nous nous figurons une poésie abstraite et banale, une élégance monotone et sans expression, des vers nus et décharnés, implacablement alignés et coupés à l’hémistiche, pareils à une rangée de mannequins qui seraient tous pliés par le milieu du corps. […] Il n’y a rien de pareil dans Vert-Vert. […] Puis la littérature n’avait en vérité à présenter rien de pareil aux Épîtres ; quant aux Satires, elles pouvaient passer pour les chefs-d’œuvre du genre, quand on les comparait aux pièces de Courval-Sonnet et de Du Lorens, et des autres dont on ne sait même plus les noms aujourd’hui.

497. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Donc ils écrivaient des pièces83 invitant à desserrer les mailles du filet qui enlace les époux, ou bien même ils revendiquaient fièrement pour chacun d’eux le droit de reprendre son indépendance, dès que l’affection mutuelle, seul lien ayant une valeur morale en pareille occurrence, a disparu par un coup brusque ou une usure lente. […] Comme en pareil cas, les sujets politiques et religieux sont d’ordinaire ceux qu’on lui interdit (on l’a vu sous le premier Empire et sous le second), le livre reprend faveur, parce qu’il est seul admis à traiter certaines questions graves, et le journal pour remplir ses colonnes recourt à cette causerie sur les faits du jour qu’on nomme la chronique, au récit des crimes et des accidents, aux commérages de salon ou de coulisses, aux descriptions de cérémonies, aux feuilletons ; il se fait de la sorte plus littéraire, à condition de se maintenir dans ce que des mécontents ont baptisé dédaigneusement « la littérature facile » ; ou encore il invente, pour toucher aux matières brûlantes, une série d’allusions, de périphrases, de réticences, de malices sournoises qui passent, comme des pointes d’aiguille, à travers les mailles du réseau où la loi s’efforce de l’emprisonner. […] La Fontaine nous présente Grippeminaud, le bon apôtre, croquant ceux qui recourent à lui, et un de ses pareils avalant l’huître dont il leur abandonne les coquilles.

498. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Il ne peut être, en pareil milieu, ni savant, ni populaire. […] Certes, la tragédie obtient de la sorte une pureté de lignes, une harmonie d’ensemble, une beauté calme et imposante pareille à celle qui nous frappe dans certaines statues antiques. […] La science, elle-même, quand elle pénètre dans les salons, cache son austérité sous un voile de dentelle ; elle sourit, s’adoucit, se défait de son parler rude et de sa physionomie sévère ; elle a peur d’être ennuyeuse, ce qui en pareil endroit est le pire des défauts ; elle s’efforce d’être piquante et même amusante autant que savante.

499. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les jansénistes, au début surtout, dans la ferveur de leur austérité puritaine, n’admettent point pareil alliage. […] J’ose dire que l’idée d’une pareille apologie ne fût pas venue à un protestant. […] Fénelon a mérité qu’on dit à propos de lui et de ses pareils : « Épaississez-nous donc un peu la religion qui s’évapore à force d’être subtilisée. » Chateaubriand a « romancé » le christianisme et l’a fleuri de fleurs parfois artificielles.

500. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

— Les femmes ont rendu sur le jeune Beaubourg un arrêt pareil : elles le déclarent « trop commun. » Il a la jeunesse, la gaieté, la fortune ; mais il lui manque la ligne, la race, le contour, le chic le je ne sais quoi. […] Tandis que le père, resté seul, retouche un grand tableau de son Fils, une petite porte s’ouvre furtivement : il se fait une rumeur pareille à celle du feuillage froissé lorsque l’oiseau rentre au nid. […] C’est étrangement surfaire l’industrie de ces paperasses que de leur prêter une pareille influence.

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