On s’apperçoit déjà, par exemple, que le Public de la Capitale, plus à portée de profiter des lumieres de quelques bons esprits incapables de céder au torrent, est beaucoup revenu & revient tous les jours sur certaines réputations que le manége avoit établies.
Par exemple, on a pu attacher dans notre langue l’idée du cheval au mot soliveau, et l’idée de la piece de bois qu’il signifie, au mot cheval.
Par exemple, l’étenduë du commerce donne aujourd’hui aux nations hyperborées le moïen qu’elles n’avoient point autrefois de faire une partie de leur nourriture ordinaire, des vins comme des autres alimens qui croissent dans les païs chauds.
Pour cela, ils n’ont qu’à produire un livre nouveau ou à réimprimer un livre ancien… S’ils sont morts, par exemple comme le P.
Un mot, par exemple, qu’on ne dit plus guère jamais, et sur lequel pourtant vivaient autrefois les moralistes, les satiriques et les comiques, est celui de sot : c’est qu’on n’est plus très-sensible à ce défaut-là ; et la sottise, un peu de sottise, si elle se joint à quelque talent, devient plutôt un instrument de succès. […] Mme de Staël, qui y recevait d’ingénieux conseils, tels que celui, par exemple, d’être plus sensible au concert qu’au bruit des louanges, n’en eut pas moins, comme nous voyons, une reconnaissance qui honore son cœur, de même que ces conseils honoraient la raison digne et fine de Mlle de Meulan. […] Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent. […] Dans cet essai trop peu connu, il serait possible de noter quelque trait qui se rapprocherait du genre de Mlle de Meulan, celui-ci, par exemple, que « l’esprit est comme ces instruments qui surchargent et fatiguent la main qui les porte sans en faire usage. » Mais, en général, la méthode est distincte et même opposée.
La Grâce a rétabli ce que le monde ne lui pouvoit rendre. » Autant, dans la Fronde, on voit Mme de Longueville supérieure, comme esprit, à Mme de Montbazon par exemple, ou à Mlle de Chevreuse (ce qui est trop peu dire), ou même à Mademoiselle, autant elle reste inférieure à son amie la princesse Palatine, véritable génie, ferme, ayant le secret de tous les partis, et les dominant, les conseillant avec loyauté et sang-froid ; non pas l’aventurière, elle, mais l’homme d’État de la Fronde. « Je ne crois pas que la reine Elisabeth ait eu plus de capacité pour conduire un État, » dit Retz. […] Nicole quel étoit le caractère d’esprit de Mme de Longueville ; il me dit qu’elle avoit l’esprit très-fin et très-délicat sur la connoissance des caractères des personnes, mais qu’il étoit très-petit, très-foible, et qu’elle étoit très-bornée sur les matières de science et de raisonnement, et sur toutes les choses spéculatives dans lesquelles il ne s’agissoit point de sujets de sentiment. — Par exemple, ajouta-t-il, je lui dis un jour que je pouvois parier et démontrer qu’il y avoit dans Paris au moins deux habitants qui avoient même nombre de cheveux, quoique je ne pusse pas marquer quels sont ces deux hommes. […] Supplément au Nécrologe de Port-Royal, in-4°, pag. 137 et suiv. — On peut remarquer dans cet Examen de la duchesse de Longueville, et en général dans toutes ses lettres manuscrites dont j’ai vu une quantité, un style suranné, et bien moins élégant qu’on ne l’attendrait ; beaucoup moins vif et précis, par exemple, que celui des divines lettres et réflexions de Mme de La Vallière, publiées en un volume par Mme de Genlis. […] Par exemple dans ce passage, qui échappe presque à force de ténuité, à force de dédoublement et de reploiement du cheveu de la pensée.